Des membres d'un groupe d'action spéciale créé pour enquêter sur le « narcoterrorisme » mené par le Hezbollah, soutenu par l'Iran, sont arrivés à Beyrouth samedi 13 janvier pour commencer leur travail, selon plusieurs médias.
Mise en place la semaine dernière par le Département de la Justice des États-Unis, cette équipe a pour objectif de rassembler des informations sur les réseaux internationaux de stupéfiants que le Hezbollah utilise pour financer ses opérations, au Liban et ailleurs.
L'Équipe baptisée Financement et narcoterrorisme du Hezbollah (EFNH) compte dresser une carte de ces réseaux, qui s'étendent sur toute l'Afrique et vont jusqu'à l'Amérique centrale et du sud.
Cette équipe, composée de spécialistes en blanchiment d'argent, trafic de drogue, terrorisme et crime organisé, transmettra un rapport contenant ses conclusions au Département de la Justice des États-Unis, afin que les mesures appropriées puissent être prises.
L'activité financière du Hezbollah
Le Hezbollah fait depuis longtemps l'objet de sanctions américaines, et son activité financière continue à être scrutée.
Un décret présidentiel américain, publié en 2017, a pris pour cible les agents de la milice, autorisant la saisie des biens « de personnes portant atteinte à la souveraineté du Liban ».
En 2011, les États-Unis ont mené une répression contre des partenaires du Hezbollah, et ont désigné la Lebanese Canadian Bank, basée à Beyrouth, comme la « principale source de blanchiment d'argent ».
« Certains disent que le Hezbollah obtient une partie de ses revenus au Liban grâce à l'économie souterraine », a déclaré Charles Jabbour, agent médiatique des forces libanaises. « Bien que cela reste encore à prouver, des informations circulent à plusieurs niveaux. »
En poursuivant son enquête, la justice américaine des États-Unis agira « sur la base d'informations et de preuves, et non par rancune, par représailles ou par règlement de comptes », a affirmé Jabbour à Al-Mashareq.
« En ce moment, il n'est plus possible d'ignorer ce que fait le Hezbollah », a-t-il expliqué. « Au contraire, des actions en justice existent par rapport au rôle que joue le Hezbollah dans le trafic de drogue et le financement que cela engendre. »
« Un message pour l'Iran »
La répression contre le réseau international de financement du Hezbollah envoie également un message clair à l'Iran, a déclaré Jabbour.
« Cela montre clairement la volonté de Washington d'assiéger toutes les branches de l'Iran dans la région, en particulier le Hezbollah, à plusieurs niveaux – sécuritaire, militaire et financier – ainsi que les actions du groupe à l'étranger », a-t-il indiqué.
« Dans ce contexte, il y a une décision majeure d'assiéger le Hezbollah, au niveau international et au niveau arabe, en raison de ses agissements », a-t-il ajouté.
« Entre-temps, un message est envoyé à l'Iran : renoncer à son rôle dans la région, car il ne lui est plus permis de continuer à saper la stabilité de la région et de mettre en danger la paix régionale », a-t-il fait expliqué.
« Ainsi, l'Iran doit contribuer à la stabilité ou assumer les conséquences de sa politique dans la région et sa création de petits États et de milices », a-t-il ajouté.
Poursuite des individus et des réseaux
« L'EFNH est chargée d'enquêter sur des individus et des réseaux qui apportent un soutien au Hezbollah et de les poursuivre en justice », a fait savoir le Département de la Justice des États-Unis dans un communiqué.
Le Département américain du Trésor et la Drug Enforcement Administration (DEA) ont déjà mené d'importantes opérations ciblant des trafiquants de drogue en Colombie et au Panama qui envoient des tonnes de cocaïne vers le monde entier.
Ils ont découvert que le réseau avait blanchi des milliards de dollars de son propre argent et celui d'autres trafiquants par le biais d'entreprises au Panama et de banques au Liban et ailleurs, et en exportant des voitures d'occasion des États-Unis, afin qu'elles soient vendues en Afrique de l'Ouest.
Selon Derek Maltz, ancien agent de la DEA, le Hezbollah a récemment utilisé ces fonds pour acheter des armes pour ses opérations en Syrie, a rapporté l'AFP.
Certains des fonds sont également arrivés au Yémen, a-t-il fait savoir, où ils sont utilisés pour aider les Houthis (Ansarallah).