Lorsque Shirin Hreidin a fui à la Jordanie pour échapper à la violence en Syrie en 2012, elle s'est sentie isolée et seule, a-t-elle déclaré à Al-Mashareq.
Mais dès qu'elle a commencé à transmettre ses connaissances de couturière à des Jordaniennes, elle s'est sentie plus à l'aise et a pu nouer de nombreuses amitiés, a-t-elle fait savoir.
Hreidin, mère de trois enfants, est arrivée dans la province jordanienne d'Irbid en tant que réfugiée avec ses parents. Elle a travaillé comme couturière professionnelle en Syrie et a une grande expérience dans ce domaine, mais elle n'a pas pu tirer parti de son expérience en Jordanie à cause de son sentiment d'isolation et sa peur de l'intégration.
Ces sentiments ont cependant changé lorsqu'elle a intégré une initiative du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), qui rassemble les Jordaniens et les réfugiés syriens pour qu'ils échangent leurs compétences et leur expertise professionnelle et technique.
Les réfugiés syriens experts dans certains domaines ou professions sont payés pour enseigner aux jeunes jordaniens,entre autres, l'artisanat, la cuisine maison et la couture.
Encourager la cohésion sociale
Hreidin fait partie de plusieurs Syriens choisis pour former de jeunes jordaniens dans le cadre du projet, a indiqué à Al-Mashareq Maha al-Khatib, agent du Programme de subsistance et d'emploi du PNUD.
« Le programme vise à réduire l'impact de la crise des réfugiés syriens sur les communautés jordaniennes qui les accueillent, et encourager la cohésion sociale entre les Jordaniens et les réfugiés syriens », a-t-elle fait savoir.
Al-Khatib a déclaré que le but du programme est « d'intégrer les réfugiés syriens dans la société et d'aider les jeunes jordaniens à développer des compétences qui pourront les aider à trouver du travail ou à créer de nouvelles entreprises génératrices de revenus ».
« Beaucoup de personnes ont bénéficié du programme, et nous travaillons pour obtenir des fonds afin de l'étendre et de le poursuivre dans les années à venir », a-t-elle précisé.
Grâce au programme, les réfugiés syriens transmettent des compétences et une expertise professionnelle recherchées sur le marché du travail jordanien aux jeunes du pays lors de sessions de formation de trois mois supervisées par des spécialistes.
Les réfugiés syriens sélectionnés pour participer au programme sont rémunérés pendant la formation, et certains Jordaniens reçoivent également un financement pour lancer de petites entreprises créatrices d'emplois.
« Un programme qui change la vie »
« Le programme m'a aidé à briser la barrière de la peur », a rapporté Hreidin à Al-Mashareq.
« J'ai noué de nombreuses amitiés et j'ai fait la connaissance de plusieurs familles jordaniennes et syriennes », a-t-elle rapporté à Al-Mashareq.
« Après une longue période sans travailler comme couturière, un métier que j'aime beaucoup, j'ai pu contribuer à la société jordanienne », a-t-elle déclaré. « J'en suis fière, et j'espère que le programme va se poursuivre et s'élargir pour profiter au plus grand nombre possible.»
« J'étais une étrangère dans la communauté, mais maintenant je suis en contact permanent avec les filles que j'ai formées, et je leur fournis constamment des suggestions et des conseils », a indiqué Hreidin.
Haya Abada, une Jordanienne mère de quatre enfants qui habite dans la province d'Irbid a déclaré que le programme avait changé sa vie de façon considérable.
Abada a reçu une formation dans la cuisine maison, et a ensuite ouvert une petite boutique où elle vend du labné (lait fermenté), du fromage, des produits marinés et d'autres mets artisanaux qu'elle prépare.
« J'ai beaucoup appris de mes instructrices syriennes, et j'ai maintenant un excellent revenu mensuel, grâce aux compétences que j'ai acquises, et mon entreprise grandit chaque jour », a-t-elle indiqué à Al-Mashareq.
« Je suis très reconnaissante pour cela, et j'ai surtout pu créer des amitiés avec nos sœurs syriennes et profiter de leur expérience », a-t-elle fait savoir.
« Nous sommes maintenant amies, et le programme est plus qu'incroyable et profite aux deux parties », a-t-elle ajouté.