Des représentants de pays combattant « l'État islamique » (Daech) se sont réunis lundi 13 novembre à Amman, la capitale jordanienne, pour discuter des moyens de favoriser la stabilité dans l'ère post-Daech.
Cette réunion du Groupe de soutien pour la stabilité a eu lieu en amont d'une rencontre du Petit groupe de la coalition mercredi à Amman, qui rassemble des membres majeurs de la coalition afin de coordonner et d'améliorer les actions combinées de lutte contre Daech.
La réunion de lundi, coprésidée par les Émirats arabes unis et l'Allemagne, a rassemblé une centaine de représentants venus de trente-deux pays et organisations.
C'est la seconde réunion du Groupe de soutien pour la stabilité, qui est affilié à la coalition internationale, organisée par la Jordanie cette année.
La Jordanie est un acteur régional essentiel en raison de la frontière qu'elle partage avec l'Irak et la Syrie.
« La Jordanie a été et continuera d'être à l'avant-garde des actions pour combattre le terrorisme, qui menace la sécurité et les valeurs de tous », a déclaré l'ambassadeur Nawaf al-Tal, conseiller du ministre jordanien des Affaires étrangères et des Expatriés.
Il a souligné que des succès politiques doivent être accompagnés par des actions humanitaires, politiques et de développement.
Discussions sur de nombreux sujets
Les participants à la réunion ont discuté des opérations militaires contre Daech en Irak et des mesures pour renforcer la stabilité, en particulier dans la ville syrienne d'al-Raqqa, a rapporté l'agence de presse jordanienne Petra.
Ils ont également abordé les actions de la coalition dans la lutte contre la propagande de Daech, les questions humanitaires liées aux opérations de libération et l'approvisionnement en services de base aux déplacés internes (DI) qui reviennent chez eux.
« L'Irak espère que la communauté internationale soutiendra les mesures du gouvernement irakien visant à mettre en œuvre des projets pour rétablir la stabilité », a déclaré Mahdi al-Allak, secrétaire général du Conseil des ministres irakien.
L'Irak attache une grande importance au retour des DI, à l'éradication des fractures sociales, à l'accélération du processus de déminage et à la création d'opportunités d'emploi pour les jeunes dans les régions libérées, a-t-il précisé.
La Jordanie et les Émirats arabes unis travaillent pour combattre le terrorisme et promouvoir des projets de stabilité, a rapporté Sultan al-Shamsi, ministre adjoint aux Affaires étrangères et à la Coopération internationale pour les affaires de développement international des Émirats.
Les Émirats ont fourni 60 millions de dollars au Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) pour mettre en place des projets de stabilisation dans les zones libérées en Irak, a-t-il rappelé, soulignant que l'aide des Émirats aux DI irakiens au cours des trois dernières années s'est élevée à 250 millions de dollars.
« Alors que la présence géographique du gang terroriste Daech en Irak est sur le point d'être complètement éliminée, des mesures civiles, humanitaires et de sécurité doivent être mises en œuvre », a affirmé l'ambassadeur d'Allemagne au Liban, Eckhard Broz.
Coordination post-Daech
La réunion se déroule à un moment important, car la coalition anti-Daech est parfaitement consciente de la nécessité d'une coordination pour la phase de l'après-Daech, a indiqué Saud al-Sharafat, directeur du Centre d'études sur la mondialisation et le terrorisme d'Amman.
« La réunion a été organisée par l'une des principales entités qui poursuit le travail ayant pour but d'arriver à une solution politique en Syrie », a déclaré Omar al-Raddad, chercheur et expert en sécurité stratégique.
Elle coïncide avec la défaite de Daech en Irak et en Syrie, et elle précède une réunion de l'opposition syrienne qui se tiendra à Riyad la semaine prochaine, a-t-il indiqué à Al-Mashareq.
Cette réunion de Riyad, prévue du 22 au 24 novembre, a été organisée à la demande de factions d'opposition et aura pour but la création d'une délégation de négociation commune pour reprendre les pourparlers à Genève sous les auspices des Nations unies.
Bien que la coalition ait réussi à battre Daech du point de vue militaire en Irak et en Syrie, battre son idéologie est loin d'être fait, a ajouté al-Sharafat.
« Il serait exagéré de prétendre que le terrorisme ou le groupe ont été éradiqués », a-t-il déclaré, soulignant que l'idéologie de Daech transcende les frontières nationales et géographiques.
Les politiques antiterroristes ont très nettement échoué à répondre à l'aspect idéologique, en se concentrant principalement sur l'aspect militaire, a-t-il expliqué.
« Graves inquiétudes » quant à la stabilité
Al-Raddad a déclaré que la Jordanie est gravement préoccupée par la stabilité en Syrie et en Irak.
Le royaume lui-même connaît une grave crise économique, exacerbée par la fermeture des frontières avec la Syrie et l'Irak, ainsi que par l'arrivée de plus de 1,5 million de réfugiés syriens, a-t-il poursuivi.
Seuls 40 % des besoins des réfugiés syriens ont été satisfaits par la communauté internationale, a-t-il ajouté.
« Tous les attentats terroristes qui ont pris pour cible la Jordanie depuis le début de la crise syrienne, et la crise irakienne avant cela, étaient directement liés à ces crises », a-t-il déclaré.
Lors de la réunion de lundi, l'ambassadeur al-Tal a fait valoir la volonté de la Jordanie de servir de « porte d'entrée pour les projets de stabilité et de reconstruction en Irak, surtout depuis que le poste frontalier d'al-Karama [Trebil] a rouvert ».
« La Jordanie participe activement à la coalition, et est l'acteur politique le plus vulnérable géopolitiquement au conflit politique, à la violence et au chaos à ses frontières avec l'Irak et la Syrie », a expliqué al-Sharafat.
Pour cette raison, « elle se préoccupe de tout développement se produisant sur le terrain, que ce soit en Syrie ou en Irak », a-t-il conclu.