L'Arabie saoudite lance une purge des prédicateurs extrémistes

Le récent limogeage par l'Arabie Saoudite de milliers de prédicateurs accusés de propager l'idéologie extrémiste est une étape majeure vers l'élimination de la source de l'idéologie radicale dans le royaume, ont déclaré des experts à Al-Mashareq.

Le ministre des Affaires étrangères Adel al-Jubeir a annoncé le mois dernier le limogeage de plusieurs milliers d'imams de mosquées pour propagation d'extrémisme, a rapporté Arab News.

“Nous ne laisserons personne répandre l'idéologie de la haine, financer ce genre d'idéologie ou de terrorisme", a déclaré al-Jubeir.

"Notre approche dans la resolution de ce problème a été très stricte", a-t-il ajouté, "nous ... modernisons notre système éducatif afin d'exclure la possibilité d'une mauvaise interprétation des textes [religieux]".

Une décision soigneusement réfléchie

"La question du licenciement des imams du travail n'a pas été une décision facile à prendre pour la direction religieuse et politique", a déclaré Abdoullah al-Muqrin, professeur de jurisprudence comparée à l'Université Oumm al-Qora de La Mecque.

Les ecclésiastiques jouissent d'un statut social élevé dans le royaume, a-t-il expliqué à Al-Mashareq, de sorte que toute décision de ce genre exigeait un examen minutieux avant de pouvoir la prendre.

"La décision est intervenue après plusieurs mois de surveillance de la plupart des imams et prédicateurs du royaume", a-t-il dit, notant que les autorités saoudiennes surveillent les sermons dans les mosquées, les séminaires religieux et les activités des médias sociaux.

Les prédicateurs ont été licenciés pour différentes raisons, a-t-il dit, qui comprennent la mauvaise interprétation des écritures religieuses, la question des fatwas déviantes, la promotion des groupes terroristes et l'incitation à la haine contre les forces de sécurité saoudiennes.

"Certains imams sont actuellement détenus par les autorités de sécurité en raison de la gravité des infractions qu'ils ont commises", a déclaré al-Muqrin.

Ils font l'objet d'une enquête pour déterminer l'étendue de leur association avec des groupes terroristes en dehors du royaume, a-t-il ajouté.

D'autres prédicateurs ont été exclus de leurs fonctions et interdits de prêcher dans les mosquées ou de mener des séminaires religieux, a-t-il dit.

Revue des programmes religieux

Certains prédicateurs et enseignants font la promotion de programmes religieux qui incitent à la haine ou à la violence, a déclaré Fadel al-Hindi, un superviseur du Centre de recherches sociales et humaines de l'Université roi Abdulaziz.

Les écoles et les universités devraient être soumises à la même surveillance que les mosquées, comme un nombre important d'imams détenus enseignent également, a déclaré al-Hindi.

"Un comité spécial du Ministère de l'Education a commencé à faire un examen général des programmes scolaires et universitaires il y a un mois pour les nettoyer du discours takfiri", a-t-il indiqué à Al-Mashareq.

Un comité spécial du ministère des Wakfs a été formé pour procéder à un examen idéologique des imams licenciés, en particulier ceux qui n'ont pas incité à la violence et au terrorisme dans leurs sermons, a-t-il dit.

"La décision concernant leur retour au travail sera prise par ce comité", a-t-il dit, notant que la recommandation sera soumise aux autorités judiciaires ayant juridiction sur l'enquête pour prendre la décision finale dans leurs cas.

Le limogeage de ces prédicateurs du travail fait partie intégrante du plan visant à éliminer le terrorisme, a-t-il déclaré, car "cela n'a aucun sens de combattre militairement le terrorisme tout en laissant ses sources [idéologiques] opérer par des institutions religieuses et éducatives".

Ces mesures s'accompagnent d'une surveillance étroite et continue des médias sociaux afin de détecter toute tentative de diffusion d'idéologie extrémiste et de s'attaquer à de telles tentatives par le biais des institutions de sécurité spécialisées, a-t-il souligné.

Protéger la société saoudienne

"De part mon expérience personnelle en tant qu'imam d'une mosquée, je vois que la question de la purification des mosquées des imams de la violence et de la haine est extrême nécessaire pour la société saoudienne", a déclaré Adel al-Usaimi, imam de la mosquée al-Khair à Riyad.

Les jeunes saoudiens sont fortement influencés par l'instruction religieuse qu'ils reçoivent dans les mosquées, a-t-il dit à Al-Mashareq, car la plupart des jeunes qui fréquentent régulièrement les mosquées pour y prier considèrent les imams comme des modèles à suivre.

En raison de la positions des imams dans la société, " Ils peuvent facilement planter des idées terroristes dans leurs têtes", a-t-il dit, notant que l'extirpation des clercs déviants aura un impact direct sur le bien-être des jeunes saoudiens.

"Beaucoup d'imams et de prédicateurs ont exploité la jeunesse saoudienne pour acquérir de la notoriété et réaliser des gains financiers, ou pour réaliser des gains en termes de diffusion de l'extrémisme et des idées de groupes malavisés", a-t-il dit.

De tels groupes ont déformé l'Islam en déformant les interprétations coraniques, a-t-il dit, ajoutant que ces prédicateurs sont "la plus grande menace pour la société saoudienne, et doivent être tenus responsables de leurs actions".