Religion

L'Al-Azhar ouvre un kiosque à fatwas dans une station de métro du Caire

Par Ahmed al-Sharqawi au Caire

Des responsables de l'Al-Azhar répondent aux questions du public sur un grand nombre de sujets dans un kiosque de fatwas de la station de métro d'al-Shuhadaa au Caire. [Photo fournie par le Comité des fatwas de l'Al-Azhar]

Des responsables de l'Al-Azhar répondent aux questions du public sur un grand nombre de sujets dans un kiosque de fatwas de la station de métro d'al-Shuhadaa au Caire. [Photo fournie par le Comité des fatwas de l'Al-Azhar]

L'Al-Azhar égyptien a ouvert un kiosque à fatwas dans une station de métro très fréquentée du Caire, nouvelle tentative pour contrer le discours radical en répondant directement à un grand nombre de questions portant sur des sujets religieux.

« L'Al-Azhar a eu cette idée il y a environ un an, avec pour but de disséminer les vrais concepts de l'Islam et de contrer l'extrémisme et l'intolérance », a expliqué Mohammad al-Shahat al-Jundi, membre de l'Académie de recherche islamique.

Il a mis en place des centres de fatwas il y a à peu près un an au sein des institutions pédagogiques de l'Al-Azhar dans toutes les provinces égyptiennes, a-t-il indiqué à Al-Mashareq, ajoutant qu'il en existe 80 rien qu'au Caire.

Pour tenter de rendre ces centres de fatwas plus accessibles au public, l'Al-Azhar a ouvert un kiosque à fatwas dans la station de métro très fréquentée d'al-Shuhadaa.

Le kiosque à fatwas d'al-Shuhadaa

Al-Mashareq s'est rendu au kiosque à fatwas de la station al-Shuhadaa, qui fonctionne onze heures par jour, de neuf heures à 20 heures, et est tenu par trois responsables, parmi lesquels Ahmed Mahmoud.

« Le nombre de visites au kiosque augmente petit à petit, preuve du succès de l'expérience et de la faisabilité de sa mise en place dans d'autres lieux », a affirmé Mahmoud.

Pendant cette visite d'une heure, le kiosque à fatwas a accueilli douze personnes cherchant des fatwas sur des sujets liés aux transactions bancaires, à la légitimité du divorce et aux bases de la jurisprudence islamique.

Les responsables du kiosque ont également distribué des livres gratuits sur la pensée religieuse modérée.

« Les kiosques sont tenus par des religieux et des érudits compétents, qui disposent des qualifications nécessaires pour émettre des fatwas sur des sujets personnels comme le mariage, le divorce, la pureté, le culte, les transactions et les relations entre musulmans et les croyants d'autres religions », a expliqué Mahmoud.

Certaines demandes sont renvoyées au centre principal des fatwas de la mosquée de l'Al-Azhar, afin qu'elles y soient soigneusement examinées avant qu'une réponse ne leur soit apportée, a-t-il précisé.

Ces derniers temps, a-t-il ajouté, la plupart des demandes de fatwas reçues au kiosque sont liées au hadj annuel, car la saison du pèlerinage à La Mecque approche.

Répondre aux questions des gens

Al-Mashareq s'est entretenu avec l'une des personnes recherchant une fatwa, l'ingénieur Mahmoud Shaaban.

Shaaban, qui a exprimé son appréciation pour les efforts de l'Al-Azhar afin d'empêcher les jeunes musulmans de devenir les proies de l'idéologie extrémiste, a indiqué qu'il trouvait difficile d'aller au centre principal des fatwas à l'Al-Azhar et à ceux des instituts pédagogiques.

« La présence de kiosques à fatwas dans les stations de métro m'ont beaucoup facilité les choses, car je prends le métro tous les jours pour aller au travail », a-t-il expliqué.

« Le kiosque reçoit près de 122 demandes de fatwas par jour, portant principalement sur des problèmes de famille et sur la question de l'athéisme », a fait savoir Cheikh Ali Mustafa, un autre responsable du kiosque à fatwas de la station de métro d'al-Shuhadaa.

Le responsable des fatwas de la mosquée de l'Al-Azhar passe au kiosque de temps en temps pour donner un coup de main et répondre personnellement aux questions du nombre de plus en plus important de personnes à la recherche de fatwas, a-t-il indiqué à Al-Mashareq.

En plus de répondre aux questions posées par les demandeurs de fatwas, les responsables du kiosque de la station de métro distribuent également des centaines de livres aux passants, a-t-il ajouté.

Ces livres expliquent les préceptes de l'Islam et fournissent une réponse aux extrémistes qui utilisent la religion comme couverture pour justifier leurs crimes terroristes.

« L'Al-Azhar est une plateforme pour enseigner l'Islam modéré aux musulmans du monde entier, afin de les empêcher d'être recrutés par des extrémistes », a déclaré Mustafa.

Le comité des fatwas souhaite ouvrir de nouveaux kiosques dans des lieux publics et former davantage de personnes pour les tenir et répondre aux interrogations religieuses et morales qu'ont les gens, ainsi que d'autres questions liées à leurs vies, a-t-il rapporté.

Contrer l'extrémisme par le dialogue

L'Al-Azhar cherche à contrer l'idéologie extrémiste par le dialogue et en aidant les gens à comprendre que la piété religieuse modérée ne doit pas empiéter sur la liberté d'autrui, a expliqué Cheikh Mohammed Zaki Baddar, secrétaire général du Haut comité pour la daawa et l'iftaa de l'Al-Azhar.

« Les extrémistes trompent les jeunes musulmans et prétendent que combattre d'autres religions fera plaisir à leur créateur et leur garantira le paradis après la mort », a-t-il indiqué à Al-Mashareq.

L'Al-Azhar s'efforce de corriger cette fausse idée, a-t-il poursuivi, et pour enseigner aux jeunes que « l'Islam appelle à la cohabitation tolérante avec les autres religions et tous les êtres humains ».

L'Al-Azhar a été capital dans les efforts égyptiens visant à contrer l'idéologie extrémiste, a déclaré Abou al-Fadl Mohammed, chercheur au centre Al-Ahram d'études stratégiques et politiques.

Cette autorité sunnite majeure a réussi à promouvoir un Islam modéré et centriste, et cherche à parler aux jeunes musulmans pour les empêcher de devenir les proies des tentatives de recrutement extrémistes, a-t-il indiqué à Al-Mashareq.

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