Le Patriarcat catholique arménien, qui est basé au Liban, a récemment accueilli un rassemblement de jeunes chrétiens dans la région de Qamishli, dans le nord-est de la Syrie.
Ce rassemblement, organisé du 4 au 6 juillet pour fêter la détermination chrétienne face à la guerre et à la violence de « l'État islamique » (Daech), a regroupé des jeunes de Qamishli, al-Hasakeh et al-Malikiya.
Des responsables religieux de plusieurs confessions ont rencontré plus de deux cents jeunes pour tenter d'améliorer leur moral et d'apprendre de leurs vécus.
Après son retour de Syrie, l'archevêque et vicaire patriarcal George Assadourian s'est entretenu avec Al-Mashareq sur ce rassemblement.
Al-Mashareq : Qu'est-ce qui a poussé l'Église catholique arménienne à organiser une journée interconfessionnelle des jeunes dans le nord-est de la Syrie ?
Archevêque George Assadourian : Vu la présence d'un grand nombre de jeunes arméno-syriens qui refusent de quitter la Syrie à cause de la guerre, nous nous devions d'organiser une assemblée pour eux, afin d'être à leur côté pendant les moments difficiles qu'ils traversent, et pour qu'ils sachent que nous sommes avec eux et que nous soutenons leur détermination.
L'objectif du rassemblement de « La journée de la jeunesse », organisée du 4 au 6 juillet dans la ville de Qamishli, était de rendre hommage à ces jeunes pour leur détermination sur leurs terres malgré tous les dangers qui les entourent.
Il avait également pour but de les encourager à continuer leur vie de tous les jours dans la foi, et de leur inculquer l'espoir, l'amour, la tolérance et l'acceptation d'autrui face à l'extrémisme et à l'idéologie terroriste.
Al-Mashareq : Quelle a été la nature du rassemblement, et qui y a participé ?
Assadourian : Bien que le Patriarcat catholique arménien basé au Liban ait organisé le rassemblement, il n'était pas de nature sectaire ou confessionnelle.
Il a rassemblé des jeunes de toutes les obédiences chrétiennes et de toute la Syrie, en particulier des villes de Qamishli et d'al-Malikiya dans le nord-est.
Plus de deux cents jeunes ont participé pour proclamer leur attachement à la Syrie, à la présence chrétienne dans la région et à l'importance de leur rôle constructif pour le futur proche, une fois que la guerre en Syrie aura pris fin.
La plupart de ces jeunes sont des étudiants travaillant dans l'humanitaire et aidant les nécessiteux à rester sur leurs terres et dans leurs foyers en Syrie.
Al-Mashareq : Quels ont été les principaux sujets de discussion ?
Assadourian : Tous les sujets que nous avons présentés pour la discussion portaient sur le besoin des chrétiens de rester où ils sont et d'accomplir leur travail humanitaire au bénéfice de tous. Nous leur avons donné une dose d'espoir pour qu'ils restent résolument au cœur d'une région assaillie par des conflits et entourée par des guerres.
Nous avons aussi insisté sur les différentes manières de lutter contre l'extrémisme et le terrorisme avec un esprit ouvert et tolérant.
Al-Mashareq : Quelles inquiétudes les jeunes ont-ils exprimées ?
Assadourian : Il est évident qu'ils ont de nombreuses inquiétudes. Ces jeunes suivent leur éducation secondaire et universitaire parmi le tumulte qui fait rage autour d'eux. Ils sont confrontés à des conditions de vie difficiles et à un grave manque d'eau, d'électricité et même de nourriture.
Il faut garder à l'esprit que ces jeunes ont payé un lourd tribut lors des attaques terroristes sur leurs régions, trente-quatre d'entre eux ayant été tués dans des attentats à la bombe à Qamishli et dans ses environs. Mais malgré tout cela, ils sont solidaires dans la défense de leur sécurité et de leurs régions contre toute menace terroriste.
Al-Mashareq : Comment l'Église aide-t-elle concrètement ces jeunes ?
Assadourian : Nous sommes à leurs côtés et nous les soutenons spirituellement et moralement, et nous les aidons financièrement autant que possible lorsqu'ils créent des entreprises or qu'ils poursuivent leur éducation.
Al-Mashareq : Qu'en est-il de la présence arménienne dans ces régions ?
Assadourian : Un millier de familles arméniennes sur trois mille cinq cents vivent toujours à Qamishli, et sept cents familles sur deux mille vivent encore à al-Hasakeh.
Il y a sans doute des milliers de familles arméno-syriennes qui vivent partout en Syrie et qui ont été contraintes de partir à cause de la guerre, et les rares restantes, surtout celles qui sont restées à al-Raqqa, sont confrontées à des conditions de vie difficiles et tragiques.
Al-Mashareq : Que sont devenues les familles arméniennes qui sont restées à al-Raqqa sous le règne de Daech ?
Assadourian : Il y avait une présence arménienne importante à al-Raqqa. Cependant, de nombreuses familles sont parties lorsque la ville a été occupée par Daech, sauf celles qui ne pouvaient pas partir à cause de leur manque de moyens.
Daech les a forcées à se convertir à l'islam et a exécuté ceux qui ont refusé. L'assassinat le plus récent d'un Arménien par le groupe s'est produit [il y a plus] d'un mois.
Al-Mashareq : Quel sera le sort de l'église arménienne d'al-Raqqa que Daech a occupée ?
Assadourian : Tout le monde sait que lorsque Daech a occupé al-Raqqa, il a saisi notre église, appelée l'église al-Shuhadaa, et y a hissé son drapeau noir.
Nous attendons de voir ce qu'il se passe, en espérant récupérer l'église, après qu'elle eut été témoin du meurtre d'innocents.
Elle sera ensuite remise au Patriarcat catholique arménien, dans l'espoir qu'elle soit reconstruite.