"L'Etat islamique en Irak et en Syrie" (EIIS) a fait sauter la mosquée de Grand-Al-Nouri de Mossoul et son minaret penché distinctif du 12ème siècle, le mercredi 21 juin, avant de s'en retirer lorsque les forces irakiennes s'approchaient.
Le minaret Al-Hadba (bossu) de la mosquée, où le leader de l'EIIS Abou Bakr al-Baghdadi a annoncé en 2014 la création de son soi-disant «califat», est représenté sur le billet de 10 000 dinars de l'Irak et était le principal symbole de la ville.
Dans un communiqué publié après la publication de l'information, le premier ministre Haider al-Abbadi a décrit la destruction par le groupe de la mosquée comme «une déclaration officielle de défaite», a indiqué l'AFP.
La mosquée historique se trouve à l'intérieur de la vieille ville de Mossoul, la dernière zone de la ville qui reste sous le contrôle de l'EIIS , qui a été assiégée par les forces irakiennes depuis mars.
Mercredi soir, les forces irakiennes ont avancées dans la vieille ville et se préparaient à prendre d'assaut la mosquée et en expulser L'EIIS, après avoir sécurisé les allées et les rues environnantes.
L'explosion s'est déclenchée lorsque les troupes du Service de lutte contre le terrorisme ont atteint une position à environ 50 mètres de la mosquée, a déclaré le commandant des opérations de Ninive, le lieutenant-général Abdoulamir Yarallah, selon un communiqué de l'unité d'information militaire.
Yarallah a décrit la destruction de la mosquée et du minaret comme «un autre crime historique» commis par l'EIIS
Une défaite symbolique
L'EIIS avait rempli la mosquée avec des explosifs plus tôt, a déclaré le député irakien Majid al-Gharawi, qui siège au comité parlementaire de sécurité et de défense.
Le groupe était prêt à faire exploser la mosquée dès que les forces libératrices se rapprochent "et il est devenu certain que la fin était proche et il était inévitable que nos forces obtiendraient le contrôle de la mosquée", a-t-il déclaré à Diyaruna.
Il n'avait pas l'intention de se retirer de la mosquée et de la laisser debout "afin que les forces libératrices ne puissent l'utiliser pour annoncer la fin de la bataille de Mossoul", a-t-il dit, car "la mosquée avait une valeur symbolique parmi les éléments de l'EIIS".
"Ils ne voulait pas que cet édifice religieux, qui a connu l'annonce de la création de leur califat , témoigne également l'annonce de leur défaite", a-t-il précisé.
Al-Baghdadi a fait sa première apparition publique à la chaire de la mosquée le 4 juillet 2014, annonçant la création d'un «califat» dans un sermon du vendredi et se déclarant «calife de tous les musulmans».
La destruction de la mosquée al-Nouri "est encore un autre cachet de la honte" sur le front d'EIIS, a indiqué Al-Gharawi.
"Ce crime reflète non seulement la déception des terroristes, mais aussi l'amertume de la défaite écrasante [quils ont souffert] et la confusion qu'ils ressentent", a-t-il déclaré.
«Dernier point de repère à Mossoul»
Depuis qu' il a occupé Mossoul et ses environs, L'EIIS a détruit d'importants sites archéologiques et bâtiments historiques, y compris le sanctuaire de Nabi Yunus (Le sanctuaire du prophète Jonah) et la vieille ville de Nimrod.
Le minaret penché de la mosquée, nommé pour le sultan Nureddin al-Zanki et complété en 1172 après JC, est depuis longtemps un symbole de l'identité culturelle de Mossoul.
La mosquée était «le dernier point de repère historique laissé à Mossoul, après la destruction de tous les autres sites culturels et humanitaires de la ville», a déclaré à Diyaruna le membre du conseil provincial de Ninive, Abdoul Rahman al-Wakaa.
"Lorsque les batailles ont atteint la vieille ville, nous avions des craintes que les terroristes détruiraient ou démoliraient cet édifice", a-t-il souligné.
Avec la destruction de la mosquée, «nous avons perdu un héritage qui existe depuis plusieurs siècles, a défié de nombreux envahisseurs et a survécu à des guerres et des catastrophes à travers l'histoire», a déclaré Al-Wakaa.
"Il est vraiment regrettable que le dernier chapitre des batailles de libération se termine par un acte de terrorisme criminel et lâche qui a visé le dernier point de repère que Mosulians avait laissé, et pour lequel leur ville est célèbre", a-t-il noté.
Le membre du comité de sécurité du conseil provincial de Ninive, Hassan Shabeeb, a déclaré pour sa part qu'il y avait des craintes que l'EIIS ne détruise la mosquée, car il «a précédemment détruit des mosquées, des sanctuaires et des tombeaux sans aucun respect pour des considérations religieuses».
"Nous nous attendions à ce que les terroristes fassent sauter la mosquée à tout moment", a-t-il déclaré à Diyaruna, notant que l'EIIS a commis "tout acte odieux qui existe sur terre".
Un chapitre sombre se termine dans la ville
La destruction aveugle de la mosquée d'al-Nouri de Mossoul a été accueillie avec une vague de colère et de condamnation en Irak et à travers le monde.
L'attaque, qui est «indicative de la mentalité de vengeance et malade des militants», a été largement considérée comme «une reconnaissance officielle de la défaite par l'EIIS», a déclaré Shabeeb.
"La présence de l'EIIS dans la ville est aussi bonne que terminée", a-t-il affirmé. "Les opérations de libération sont actuellement axées sur la façon de protéger la vie des habitants de la vieille ville, dont le nombre est estimé à environ 100 000".
"Après que l'état du terrorisme a pris fin, tout peut être restauré et reconstruit", a-t-il ajouté. "La seule chose qui est irremplaçable c'est la vie des civils".
"Ce sombre chapitre de l'histoire de notre ville prend fin", a-t-il précisé, soulignant, avec beaucoup d'autres, la nécessité de reconstruire la mosquée Al-Nouri "dès que possible", à la fin des combats.