Une banque alimentaire sert des repas aux pauvres du Yémen

Juste avant le début du mois sacré du ramadan, un groupe de chefs d'entreprise de Sanaa ont créé une banque alimentaire pour lutter contre la faim, alors que la pauvreté causée par la guerre a augmenté, générant des inquiétudes internationales quant à une famine.

Des membres de la Chambre de commerce et d'industrie et du conseil administratif du district de Sanaa ont inauguré la banque alimentaire le 24 mai en tant qu'organisation non gouvernementale (ONG) destinée à combattre la faim au Yémen.

Jusqu'ici, les promesses de dons se chiffrent à plus de 300 millions de riyals yéménites (1,2 million de dollars).

Amin Jumaan, secrétaire général du conseil de Sanaa a applaudi les efforts des chefs d'entreprise qui ont fondé la banque alimentaire, et a appelé les organisations humanitaires et internationales à participer en la soutenant et en assurant son succès.

La responsabilité sociale a obligé le secteur privé à jouer un rôle actif dans la lutte contre la faim, a déclaré Cheikh Mohammed Salah, vice-président de la Chambre de Commerce et de l'Industrie, qui préside le conseil suprême de la banque alimentaire.

Les activités de la banque alimentaire ont commencé pendant le ramadan, a-t-il indiqué à Al-Mashareq, avec plusieurs projets soutenus par les membres de la Chambre de Commerce qui possèdent des cuisines et des boulangeries afin de distribuer de la nourriture aux nécessiteux.

« Atteindre les [destinataires] voulus sera fait grâce à la création d'une carte de la faim basée sur des enquêtes et des études de terrain pour évaluer leurs conditions de vie », a expliqué Salah.

« Nourriture et plats préparés »

La banque alimentaire a été créée à l'initiative d'un individu du secteur commercial, qui a apporté des fonds pour la financer, a indiqué Khalid al-Alafi, directeur général de la Chambre de Commerce et de l'Industrie.

« Le secteur privé utilise une partie de l'argent qui va au paiement de la zakat et à d'autres [frais] pour nourrir les pauvres et les nécessiteux », a-t-il expliqué à Al-Mashareq.

L'idée de créer une banque alimentaire reproduit des expériences similaires dans d'autres pays arabes, a déclaré Al-Alafi, tout en prenant en compte les particularités du Yémen.

Alors que d'autres pays distribuent principalement des denrées sèches, « au Yémen, nous essayons avec la banque alimentaire de distribuer de la nourriture et des repas préparés », a-t-il ajouté.

Cela est fait parce que de nombreuses personnes, y compris les déplacés internes (DI) et ceux qui ont perdu leur logement à cause de la guerre, n'ont pas l'équipement nécessaire pour cuisinier leur nourriture, a-t-il fait savoir.

« Les familles qui ont les moyens de cuisiner recevront des denrées sèches pour préparer leurs propres repas », a-t-il précisé.

Les organisateurs de la banque alimentaire ont contacté des restaurants et des organisateurs de banquet, leur demandant de donner les surplus de nourriture pour que la banque puisse les redistribuer, a indiqué al-Alafi.

« Nous nous coordonnons aussi avec les commerçants pour donner la nourriture qui expire dans un mois et qu'ils ne peuvent pas vendre ou sur lesquelles ils ne peuvent pas faire de profit , afin de pouvoir redistribuer ces articles aux [destinataires] voulus qui peuvent préparer leurs propres repas », a-t-il poursuivi.

La banque alimentaire est un « excellent geste »

« Les pauvres et les personnes touchées par la guerre sont optimistes sur le rôle de la banque, surtout pendant le mois sacré », a rapporté al-Alafi, exprimant lui-même son optimisme quant au rôle de la banque alimentaire pour soulager le fardeau de ceux qu'elle aide.

Rien que pendant son premier jour, les membres de la Chambre du commerce et de l'Industrie ont promis 50 millions de riyals yéménites (200 000 de dollars) à la banque alimentaire, les promesses des commerçants s'élevant désormais à plus de 300 millions de riyals (1,2 million de dollars).

La guerre en cours au Yémen a exacerbé les souffrances des Yéménites, car elle a arrêté la production et a causé beaucoup de pertes d'emplois dans le secteur privé, a expliqué l'économiste Abdoul Jalil Hassan à Al-Mashareq.

Au même temps, les employés du secteur public n'ont pas reçu leurs salaires depuis environ huit mois, a-t-il indiqué, ce qui a eu un impact sur leurs conditions de vie.

Hassan a déclaré que la création de la banque alimentaire était un « excellent geste » du secteur commercial, car sept millions de Yéménites sont au bord de la famine et 17 millions d'autres sont en situation d'insécurité alimentaire, selon des rapports de l'ONU.