Vendredi 7 avril, dans la ville syrienne de Khan Sheikhoun, les habitants pleurant toujours leurs morts ont salué les frappes américaines en réponse à une attaque au gaz qui a fait mardi au moins 86 morts, dont 27 enfants.
Plus de 160 autres personnes ont été blessées dans cette attaque chimique, souffrant de symptômes incluant des convulsions, des vomissements et de l'écume à la bouche.
Aux alentours de 3h40 du matin, l'armée américaine a tiré 59 missiles Tomahawk sur la base aérienne de Shayrat, dans la province de Homs, qui est la base de lancement ayant servi à l'attaque sur la ville de la province d'Idlib.
Cette attaque est la première action militaire directe des États-Unis contre le régime syrien depuis le début du conflit il y a six ans.
Les missiles ont été tirés depuis les navires USS Porter et USS Ross, qui font partie de la 6e flotte de la marine américaine dans l'est de la Méditerranée.
La frappe a ciblé des radars, des avions, des systèmes de défense aérienne et d'autres composants logistiques de la base. Le Pentagone a déclaré que des mesures avaient été prises pour éviter de toucher le gaz sarin qui serait selon eux stocké sur place.
Dans un communiqué publié à la télévision d'État, l'armée syrienne a confirmé la frappe et rapporté qu'elle avait causé de lourds dégâts.
Réactions des habitants de Khan Sheikhoun
« Si Dieu le veut, ces frappes seront un avertissement clair pour Bachar el-Assad pour lui dire : 'Bachar, assez de morts et d'injustice contre ces gens' », a déclaré Abou Ali, habitant de Khan Sheikhoun.
Vendredi, le quartier touché lors de l'attaque de mardi est resté désert, les rescapés s'en allant vers d'autres parties de cette ville tenue par l'opposition.
La ville a connu peu de déplacements à pied ou d'autres mouvements, les parents des décédés recevant toujours les condoléances.
Au milieu du calme et de la tristesse, les habitants ont indiqué qu'ils accueillaient favorablement les représailles américaines.
« Nous considérons que ces frappes ne sont pas seulement une réaction, mais un moyen de venger le sang des martyrs qui sont tombés ici à Khan Sheikhoun », a affirmé Haj Kassar, un marchand âgé d'une cinquantaine d'années.
« Elles ne représentent même pas une petite partie de la justice que les martyrs méritent », a ajouté Abou Mohib, 37 ans, officier ayant quitté l'armée syrienne. « Mais elles améliorent le moral des familles de morts. »
Si elle est confirmée, l'attaque sur Khan Sheikhoun serait l'attaque chimique la plus mortelle de la guerre syrienne, après celle de 2013 qui aurait tué des centaines de personnes dans Ghouta est, près de Damas.
Dans la ville de Douma, à Ghouta est, les habitants ont salué vendredi l'attaque américaine.
Soutien international aux frappes
Dans une déclaration publiée après les frappes de vendredi, le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a indiqué que « le régime syrien porte l'entière responsabilité de ces événements ».
« Toute utilisation d'armes chimiques est inacceptable, ne peut pas être laissée sans réponse, et les coupables doivent répondre de leurs actes », a-t-il poursuivi.
Dans un communiqué publié sur Twitter, le président de l'Union européenne, Donald Tusk, a déclaré que « les frappes américaines font état d'une détermination nécessaire contre les attaques chimiques barbares. L'Union européenne travaillera avec les États-Unis pour mettre fin à la brutalité en Syrie ».
Dans une déclaration conjointe, le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel ont affirmé qu'el-Assad porte « l'entière responsabilité » de cette frappe américaine.
La Grande-Bretagne a dit « supporter entièrement » ces frappes, les qualifiant de « réponses appropriées à l'attaque chimique barbare » et précisant qu'elles étaient « destinées à empêcher d'autres attaques ».
La Turquie a également déclaré que les frappes étaient « positives », réitérant son appel à l'éviction d'el-Assad et demandant la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne en Syrie pour empêcher d'autres massacres.
L'Arabie saoudite, le Japon et le Canada ont également salué les frappes de vendredi.
Vendredi, les factions syriennes de l'opposition ont salué les frappes américaines.
Dans le même temps, La Russie et l'Iran, alliés du régime, ont fermement condamné les actions américaines, la Russie appelant à une réunion urgente du Conseil de sécurité de l'ONU.
Le Conseil de sécurité de l'ONU devait tenir une réunion ouverte vendredi à 11h30 du matin pour entendre un briefing sur l'action militaire américaine, ont fait savoir des diplomates américains.