Le terrorisme et le sectarisme, et leur impact sur la stabilité économique du Liban sont les plus importants obstacles auxquels les jeunes sont confrontés alors qu'ils entament leurs carrières, poussant nombre d'entre eux à chercher un emploi à l'étranger.
Plus de 130 étudiants venus de 23 universités libanaises se sont rassemblés le 8 février à l'hôtel Monroe de Beyrouth pour discuter des problèmes auxquels ils sont confrontés comme le terrorisme, le sectarisme, la corruption, l'immigration, l'éducation et l'emploi au forum organisé par le Civic Influence Hub (CIH).
Ce dialogue a été tenu dans le cadre de l'initiative nationale du CIH pour développer une image complète de la sécurité du pays et son impact à tous les niveaux de la société libanaise.
Le CIH avait précédemment organisé des forums de dialogue similaires avec des organisations de la société civile, des entités économiques, des syndicats professionnels et des municipalités.
Le terrorisme est « le plus gros problème »
« En tant qu'étudiants, et comme tous les autres membres de la communauté, nous souffrons du phénomène grandissant du terrorisme, directement à cause d'actes terroristes comme les attentats à la bombe dans des endroits publics et indirectement à cause du recrutement des jeunes », a déclaré Julien Bsaibes, étudiant en publicité à la faculté d'information et de communication de l'université Antonine de Beyrouth.
Bsaibes a participé au récent forum où il a expliqué à Al-Mashareq que le terrorisme est « le plus gros problème auquel les jeunes font face, car les groupes terroristes ciblent notre tranche d'âge pour le recrutement ».
Le terrorisme a un effet négatif sur la stabilité, l'économie et le secteur du tourisme du Liban, a-t-il indiqué.
Le tourisme « est l'une des plus importantes sources d'emplois pour les étudiants, fournissant 121 000 emplois directs et 205 000 indirects en 2015, et nous permettant de couvrir nos frais universitaires », a-t-il ajouté.
« Cependant, [l'embauche dans le secteur touristique] a décliné en 2016 à cause des actes terroristes ayant pris pour cible des sites touristiques, sans parler du recrutement de davantage de jeunes dans les rangs des groupes terroristes », a-t-il déclaré.
Outre la dégradation de la situation sociale et financière, un manque de sentiment d'appartenance nationale et l'ignorance font partie des facteurs qui poussent les jeunes vers les groupes terroristes, a affirmé Bsaibes.
Le fait que le gouvernement ne fournisse pas de système de santé gratuit ou d'opportunités d'emploi contribue au problème, a-t-il poursuivi.
Ces problèmes, aggravés par le sectarisme, poussent certains jeunes à migrer à la recherche de meilleures possibilités, a-t-il déclaré.
Sectarisme et inquiétude grandissants
Mohammed Shamas, étudiant en droit à l'Université libanaise et président du conseil étudiant de la faculté de droit, a relié la croissance de l'extrémisme chez les jeunes libanais au « sectarisme sous toutes ses formes ».
Les étudiants et la société en général « sont inquiets quant à la croissance du sectarisme politique sous couvert religieux et sectaire avec des politiciens utilisant une rhétorique sectaire pour défendre leurs intérêts personnels », a-t-il indiqué à Al-Mashareq.
La mobilisation sectaire que le Liban connaît « a mené à un extrémisme sectaire et a poussé les jeunes vers des groupes qui alimentent cette façon de penser », a-t-il affirmé.
Shamas a ajouté que cette division avait eu un impact négatif sur les étudiants des universités, les relations entre eux, leur éducation et leur futur.
« Le sectarisme et les problèmes qu'il entraîne, qui ont atteint un niveau d'extrémisme religieux et sectaire, sont responsables du phénomène de violence et de terrorisme », a-t-il déclaré.
« Ainsi, en tant qu'étudiants préparant notre futur, nous avons la responsabilité et le devoir envers nous-mêmes et la nation de travailler à bâtir une nation qui accueille 18 sectes sous ses ailes », a-t-il indiqué.
« Nous devons tous être unis pour produire une révolution intellectuelle [...] afin de nous élever au-dessus du sectarisme et du dénominationnalisme et d'assiéger l'idéologie terroriste pour construire un meilleur futur qui garantira la survie de tous, dans toutes nos sectes, au Liban », a expliqué Shamas.
Obstacles aux opportunités d'emploi
Elias Howayek, membre du conseil d'administration du CIH, a déclaré que terrorisme et sectarisme sont des obstacles pour la jeunesse et « une barrière bloquant leur chemin vers le marché du travail et le développement pédagogique et professionnel ».
« Ils savent que la sélection et l'ingérence sectaires affectent la qualité de l'éducation et que le terrorisme représente un énorme obstacle à leur accès aux opportunités d'emploi, sans parler de leur peur que certains d'entre eux puissent être attirés vers le terrorisme, qui se répand aux dépens d'un marché de l'emploi et du confort social déclinants », a-t-il indiqué à Al-Mashareq.
« Les étudiants sentent le danger du sectarisme et ce à quoi il pourrait mener en termes de diffusion de l'idéologie extrémiste », a ajouté Howayek.
Le CIH a écouté les inquiétudes des étudiants, et ce sont les mêmes que celles exprimées par d'autres segments de la communauté, a-t-il fait savoir.
« Nous parlerons de [ces inquiétudes] dans un forum national pour tous qui se tiendra entre avril et mai, pour faire pression positivement sur les responsables [et les inciter] à répondre aux problèmes et aux inquiétudes des Libanais et créer un avenir meilleur pour le pays », a-t-il indiqué.