Terrorisme

Un comité jordanien réfléchit à des stratégies antiterroristes

Par Mohammed Ghazal à Amman

Les forces jordaniennes le 19 décembre lors des funérailles des victimes tuées la veille dans une attaque terroriste à Karak, au sud d'Amman. La moitié des forces armées jordaniennes est déployée aux frontières nord et nord-est du royaume pour contrer tout menace potentielle. [Khalil Mazraawi/AFP]

Les forces jordaniennes le 19 décembre lors des funérailles des victimes tuées la veille dans une attaque terroriste à Karak, au sud d'Amman. La moitié des forces armées jordaniennes est déployée aux frontières nord et nord-est du royaume pour contrer tout menace potentielle. [Khalil Mazraawi/AFP]

Des experts arabes et internationaux ayant participé à un récent symposium en Jordanie ont convenu qu'une meilleure coopération régionale est l'une des clefs permettant d'empêcher et de combattre le terrorisme au Moyen-Orient et en Europe.

Les participants de l'événement, organisé le 16 janvier par la Fondation Friedrich Ebert, ont déclaré qu'il est possible de vaincre le terrorisme avec une coordination accrue et en encourageant une culture du pluralisme.

La Jordanie a travaillé en coordination avec les pays voisins pour contrecarrer toute action terroriste, a fait savoir le colonel Majdi Harasis, de la Direction des renseignements militaires des forces armées jordaniennes, lors de la session de discussion.

Cependant, une plus grande coopération est nécessaire pour diminuer les opportunités d'action des terroristes, a-t-il précisé.

Le royaume a réussi à maintenir sa paix et sa stabilité malgré la situation régionale instable, a-t-il ajouté, notant qu'une coordination continue avec les pays voisins a joué un rôle majeur dans cet état de fait.

La Jordanie poursuit sa participation aux campagnes militaires menées pour vaincre des groupes comme « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL), a-t-il indiqué.

De plus, la moitié des forces armées jordaniennes est déployée aux frontières nord et nord-est afin de contrer toute menace potentielle.

« La soi-disant armée de Khalid ibn al-Walid, qui est affiliée au groupe terroriste de l'EIIL, n'est qu'à deux kilomètres de la frontière jordanienne, et l'armée jordanienne surveille les mouvements de ces éléments », a rapporté Harasis.

La Jordanie se coordonne également avec les forces irakiennes pour bloquer toute menace, a-t-il poursuivi.

Combattre le discours de haine

« La clef pour combattre le phénomène de violence et d'extrémisme est de combattre le discours de haine », a affirmé à Al-Mashareq l'analyste politique et chercheur irakien Moushriq Abbas, en marge de la session.

« Malheureusement, la propagation du phénomène de marginalisation, d'exclusion, et de rejet des autres et le manque de connaissance sur les coutumes, la culture et les traditions des composantes de la société arabe ont mené à l'extrémisme et au terrorisme », a-t-il déclaré.

Abbas a appelé à plus d'efforts dans les pays arabes pour promouvoir le pluralisme, la tolérance et le respect des opinions d'autrui, notant qu'un « environnement alimenté par un discours de haine est propice à la dissémination du terrorisme, de l'extrémisme et du fanatisme ».

Il a également souligné le « rôle des médias dans la lutte contre le discours de haine, qui s'est fortement répandu ces derniers temps », indiquant que les réseaux sociaux ont été « un terrain fertile pour la diffusion du discours de haine et l'encouragement à l'intolérance sous toutes ses formes ».

Le terrorisme est un fléau mondial touchant tous les pays, pas seulement ceux du Moyen-Orient, a indiqué Anja Wehler-Schoeck, directrice résidente de la Fondation Friedrich Ebert.

« La priorité doit être de répondre à tous les facteurs contribuant au terrorisme, qu'ils soient économiques, sociaux ou autres », a-t-elle affirmé à Al-Mashareq, ajoutant que « la lutte contre le terrorisme relève de la responsabilité collective de tous».

Le rôle majeur des femmes

Les femmes jouent un rôle majeur dans la lutte contre le terrorisme, a indiqué à Al-Mashareq Hassan Abou Haniya, chercheur jordanien en mouvements extrémistes.

« L'EIIL a grandement utilisé des femmes dans ses opérations, sa coordination et d'autres activités, et nous verrons l'accroissement de l'utilisation des femmes par les groupes terroristes dans l'avenir », a-t-il déclaré.

Mais les femmes peuvent être utilisées comme moyen de dissuasion, a ajouté Abou Haniya.

Il faut une « politique agressive » pour contrer le recrutement des femmes par des groupes extrémistes, a-t-il expliqué, et pour renforcer le rôle des femmes dans la sensibilisation contre le terrorisme et la lutte contre les idées extrémistes dans la communauté.

Les femmes peuvent jouer un rôle essentiel à cet égard, a-t-il indiqué, mais à ce jour, aucun effort concentré n'a été fait pour les impliquer dans la lutte contre le terrorisme.

Par ailleurs, il a mis en garde contre les dangers du recrutement des enfants soldats, ajoutant que l'EIIL a « entraîné une génération entière de prétendus lionceaux du califat, qui sont des enfants prenant part à l'exécution des attaques terroristes ».

« En coordination avec les opérations militaires, il faut des programmes pour réhabiliter et réintégrer dans la société ceux qui se repentent et reviennent dans le droit chemin », a affirmé Abou Haniya.

Aimez-vous cet article?

0 COMMENTAIRE (S)

Politique Commentaire * INDIQUE CHAMP NÉCESSAIRE 1500 / 1500