Santé

Le Yémen lutte pour contenir l'éruption du choléra

Faissal Darem à Sanaa

Un enfant yéménite reçoit le traitement dans un hôpital à Sanaa le 29 octobre. [Mohammed Houwais/AFP]

Un enfant yéménite reçoit le traitement dans un hôpital à Sanaa le 29 octobre. [Mohammed Houwais/AFP]

Les ministères yéménites de la santé publique et de l'environnement travaillent avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'UNICEF pour contenir une éruption à l'échelle nationale du choléra, disent des responsables à Al-Mashareq.

Depuis que l'ONU a annoncé une éruption de la maladie au Yémen au début d'octobre, le nombre de cas suspects et confirmés s'est gonflé.

Jeudi 27 octobre, l'OMS au Yémen a signalé 51 cas confirmés de choléra dans neuf gouvernorats, avec plus de 1 180 cas suspects, d'après le bureau de Stephane Dujarric, porte-parole du secrétaire-général de l'ONU.

Il y a des retards dans la confirmation des cas suspects de choléra puisqu'il y a seulement deux laboratoires dans le pays, à Sanaa et Aden, a expliqué le porte-parole.

Le ministère yéménite de la santé publique et de la population a confirmé six morts liées au choléra à travers les essais en laboratoire à Sanaa, Aden et Ibb, poursuit-il.

L'OMS estime que 7,6 millions de personnes vivent dans les zones affectées et de risque, avec la population déplacée à l'intérieur du pays, environ trois millions de personnes, en particulier sont vulnérables à l'éruption de la maladie.

Appel urgent aux fonds

A la lumière de la propagation rapide de la maladie, l'OMS a appelé à une aide financière urgente de 22 millions de dollars pour prévenir la propagation du choléra au Yémen.

Ces fonds cibleront environ quatre millions de personnes qui risquent de contracter le choléra en renforçant le système de surveillance épidémiologique, fournissant l'accès aux services de santé, soutenant les laboratoires et sensibilisant la population sur la maladie.

En raison du conflit en cours, deux tiers de yéménites n'ont pas accès à l'eau propre et les services d'assainissement, en particulier dans les villes, ce qui augmente encore leur risque de contracter le choléra, a précisé l'OMS.

Des cas de choléra ont été confirmés par les laboratoires à Sanaa, Aden, al-Bayda, Lahj, Hodeida, Taiz, Hajjah et Ibb, d'après Dr. Abdoul-Hakim al-Kahlani, directeur du système de surveillance épidémiologique au ministère de la santé publique et de la population.

Le ministère a organisé mardi 25 octobre une réunion pour discuter des moyens susceptibles de contenir l'éruption, a-t-il affirmé à Al-Mashareq.

Des représentants des ministères des eaux et de l'environnement, des médias, des dotations et de l'orientation religieuse et de l'éducation se sont réunis pour évaluer la situation avec les représentants de l'OMS et de l'UNICEF, a ajouté al-Kahlani.

Les partenaires humanitaires travaillent pour fournir aux gens les approvisionnements en eau dans les zones affectés et améliorer l'infrastructure d'eau, a souligné l'ONU.

« Les équipes de terrain du ministère des eaux désinfectent les puits d'eau potable avec le chlore et aussi l'eau potable dans les lieux où des cas d'infection ont été découverts », a précisé al-Kahlani.

Sensibilisation

Un plan a été mis en place maintenant pour contenir la propagation du choléra en sensibilisant le public sur ses dangers et comment le prévenir, a signalé al-Kahlani.

Une campagne de sensibilisation sera lancée à travers les médias, les prédicateurs dans les mosquées, les SMS, les véhicules d'éducation sanitaire et dans les écoles, a-t-il précisé.

Cette campagne mettra l'accent sur l'importance de l'hygiène et l'accès à l'eau potable propre, dit-il.

L'OMS et l'UNICEF ont fourni des services de laboratoire et de traitements, a-t-il noté, en plus d'une formation spécialisée en faveur des médecins à l'hôpital al-Sabeen à Sanaa et les centres médicaux et hôpitaux dans plusieurs provinces.

« Les personnes déplacées intérieurement (PDI) sont les plus susceptibles de contracter la maladie à cause de conditions de vie difficile dans les tentes, les écoles [utilisées comme abri] et les appartements de location inhabitables à cause du manque d'accès à l'eau potable propre et aux services de soins adéquats », a-t-il fait observer.

A Sanaa, 12 cas confirmés « concernent toute une famille qui vit dans un quartier défavorisé », a souligné Dr. Adel al-Elmani, contrôleur de la surveillance épidémiologique du choléra à l'hôpital de la maternité et de l'enfance.

« Le choléra est une maladie grave qui cause une diarrhée aiguë qui peut entraîner la mort du patient en quelques heures s'il n'est pas détecté et confirmé par les analyses de laboratoire et traité », a affirmé le porte-parole du ministère de la santé publique Dr. Tamim al-Shami à Al-Mashareq.

La plupart des cas diagnostiqués sont d'une gravité faible à modérée, poursuit-il, notant que le choléra est transmis par les bactéries dans les fèces humains et l'eau contaminée.

Al-Shami a appelé les donateurs à répondre aux appels des organisations internationales travaillant dans le domaine de la santé, soulignant « une grave pénurie de fournitures médicales » au Yémen.

Il a également appelé à mettre fin à la guerre en cours « pour sauver le Yémen des dangers à la santé et aux vies qui exacerbent continuellement la souffrance des yéménites ».

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