Dans une visite récente à al-Maukalla, capitale provinciale de Hadramaout, le premier ministre yéménite Ahmed Obeid bin Dagher a affirmé que le Yémen doit chercher à rationaliser le discours religieux et activer le rôle des mosquées pour sensibiliser la population sur les dangers de l'extrémisme violent, notamment parmi les jeunes.
Les extrémistes cherchent à attirer les jeunes et remplir leurs esprits avec le type de discours qui qualifie d'infidèles les musulmans qui ne soutiennent pas leurs points de vue radicaux, a précisé Bin Dagher dans une réunion avec les responsables et érudits religieux.
Les éléments extrémistes incitent les jeunes à soutenir leurs causes illusoires ou à s'engager dans des actes de violence tels que les explosions et les meurtres d'innocents, des actes qui n'ont pas de base dans la vraie religion, qui encourage la tolérance et la paix.
En s'adressant aux dignitaires et chefs tribaux, prêcheurs et érudits religieux lors d'une réunion le 9 octobre dans la ville portuaire du sud, Bin Dagher les a appelé à assumer leur responsabilité sociale et à aider à protéger le Yémen de ces maux.
Bin Dagher a loué les forces d'élite de Hadramaout, qui avec le soutien de la coalition ont réussi à évacuer Al-Qaïda de la province, notant que Hadramaout a été connue depuis l'antiquité pour le caractère pacifique de son peuple.
Besoin de rationalisation du discours religieux
Le peuple de Hadramaout a un besoin urgent de « rationalisation du discours religieux pour que la modération soit diffusée », a indiqué le chef de la direction d'al-Maukalla Abdel Baqi al-Hothari à Al-Mashareq.
Cela est dû à des tentatives visant à déformer l'Islam, qui dans son essence affirme la modération, dit-il, en référence aux explosions qui ont secoué la ville après sa libération en avril du contrôle d'Al-Qaïda qui a duré une année .
« La rationalisation du discours religieux est très importante pour fortifier les jeunes et tous les membres de la société, notamment les personnes âgées, qui ont des idées erronées en dépit du fait que Hadramaout ne connaît pas de conflits sectaires et son peuple est habitué à la modération dans la religion », a souligné al-Hothari.
« La coordination se poursuit avec le Bureau des dotations et de l'orientation pour utiliser les pupitres des mosquées, en utilisant les sermons du vendredi, tous les rassemblements dans les mosquées et les occasions [religieuses] pour immuniser les jeunes et les sensibiliser sur les dangers de la violence et de l'extrémisme », a-t-il déclaré.
D'autres parties peuvent aussi jouer un rôle dans la sensibilisation, a précisé al-Hothari, ajoutant que « nous travaillons avec les médias, en particulier la radio d'al-Maukalla et les sites et forums en lignes pour les impliquer dans ce sens ».
« Nous travaillons également avec le ministère de l'éducation pour consacrer des sessions de classe à la sensibilisation contre l'extrémisme et la violence », poursuit-il.
L'implication des jeunes est essentielle
Les jeunes ont également été impliqués dans la sensibilisation sur l'extrémisme violent, a ajouté al-Hothari, notant que la direction a mené des réunion avec les chefs de forums de jeunes volontaires pour discuter ce problème.
« Les jeunes acceptent les conseils de leurs semblables, plus que des personnes âgées », a-t-il expliqué, notant que les points de vue modérés seront propagés à travers les différents futurs forums, initiatives et festivals.
Ils ont pour « but de fortifier les jeunes et utiliser leur potentiel au profit de la société », a-t-il poursuivi.
Certains groupes maléfiques ont ciblé auparavant la malléabilité des jeunes, cherchant à les influencer et les utiliser pour frapper l'Islam et les musulmans, a affirmé le membre de l'Association des Savants religieux du Yémen Cheikh Yahya al-Najjar.
Pendant les dernières décennies, dit-il à Al-Mashareq, un nombre de groupes extrémistes ont émergé sous la couverture de l'Islam pour cacher leurs vrais objectifs.
Ils comprennent Al-Qaïda dans la Péninsule Arabe (AQPA) et « l'Etat islamique en Irak et au Levant » (EIIL), ainsi que d'autres groupes « qui tourmentent la société, sabotent et détruisent au nom de la religion », dit-il.
« L'Islam les désavoue, car à travers ses messagers, il est venu répandre la compassion et l'amour, et ces groupes agissent sous la couverture de l'Islam faussement et malicieusement », poursuit-il.
En plus du fait qu'ils n'ont aucun lien quelconque avec l'Islam, a précisé al-Najjar, ceux qui exécutent ces actes criminels et terroristes sont les « ennemis de l'Islam ».
Il a appelé les prédicateurs et les personnalités publiques à prendre « une position sérieuse pour redresser la perversion, expliquer aux gens les dangers posés par ces groupes et appeler tous les gens à [adopter] la modération de l'Islam ».
L'Islam a ramené la lumière et la compassion, a-t-il ajouté, notant que le Coran a souligné qu'il ne doit pas y avoir de coercition dans la religion.
« [Cela] illustre la liberté de choix de la religion, contrairement à ces groupes qui se sont désignés comme mandataires de l'humanité », a précisé al-Najjar.
Un rempart contre l'extrémisme
Les groupes extrémistes ont exploité le conflit actuel au Yémen dans leurs propres intérêts, notamment dans le recrutement de jeunes, a affirmé l'analyste politique Nayef Haidan.
« Lutter contre l'extrémisme et [l'idéologie] préconisée par ces groupes commence par les érudits religieux du pays, car ils sont la porte par laquelle ces groupes essayent d'influencer la mentalité des jeunes », a-t-il souligné à Al-Mashareq.
Les familles, les écoles, les communautés locales, les médias et les agences gouvernementales peuvent chacun jouer un rôle dans la fortification des jeunes dans leurs intérêts et dans l’intérêt de leurs communautés, a-t-il ajouté.
De cette manière, poursuit-il, l'énergie naturelle des jeunes peut être acheminée à une fin positive et non négative, dans l’intérêt de la société yéménite.