Après la tentative d'assassinat à la mi-juillet contre le maire d'Arsal, Mohammed Alouli, les habitants de la ville libanaise de la frontière nord ont indiqué à Al-Mashareq qu'ils craignent que les groupes armés terroristes de la zone n'accomplissent d'autres meurtres ciblés.
Cette tentative d'assassinat, et le meurtre du Libanais Qutaiba al-Hujairi le 6 juillet dans une embuscade, coïncident avec des rapports indiquant que « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) et le Front Al-Nosra (FAN), récemment renommé Jabhat Fatah al-Cham, ont publié une liste de cibles.
Des signalements de cette liste, qui contiendrait les noms de dix personnes, ont commencé à apparaître après les récentes élections municipales, qui ont mené à un gouvernement local fortement opposé aux groupes extrémistes de la région.
L'EIIL et le FAN se sont retranchés aux abords d'Arsal, qui compte 30 000 habitants et accueille plus de 90 000 réfugiés syriens, utilisant la zone le long de la frontière avec la Syrie comme base pour attaquer l'armée libanaise.
L'armée s'est récemment largement déployée dans la ville à la demande de la municipalité, augmentant le nombre de postes de contrôle mobiles et menant des raids réguliers.
Parmi les personnes arrêtées se trouvait Riyad Sharafeddin, « médecin personnel » d'Abu Malek al-Telli, émir du FAN à al-Qalamoun, a confié une source de sécurité à Al-Mashareq.
Attaque contre le maire d'Arsal
« Le maire Mohammed Alouli a été la cible de coups de feu dans sa voiture le soir du 21 juillet par deux individus sur une moto accompagnés d'une voiture, et il a été gravement blessé au visage », a annoncé le chef de la municipalité d'Arsal, Bassel al-Hujairi.
La tentative d'assassinat contre Alouli et le meurtre précédent d'al-Hujairi ont été menés de la même manière, a-t-il déclaré à Al-Masahreq.
Al-Hujairi a indiqué que la tentative contre le maire « correspond aux informations que nous avons reçues selon lesquelles l'EIIL et le FAN auraient publié une liste de cibles qui contiendrait les noms de dix personnes à éliminer, dont sept se trouvent à Arsal ».
« Je suis au sommet de la liste, et les trois autres sont des résidents syriens », a-t-il précisé, ajoutant que « la tentative d'assassinat était un message qui nous était destiné car nous appelons l'armée à rentrer dans la ville ».
« Deux semaines avant la tentative, j'ai reçu une menace de mort de la part d'une personne disant être affiliée à l'EIIL, et qui me tenait pour responsable de la demande faite à l'armée de contrôler la situation et d'interdire les voitures aux vitres teintées », a-t-il expliqué. « Je n'ai pas pris cette menace au sérieux jusqu'à la tentative d'assassinat sur Alouli. »
Les menaces de ce genre sont traitées « avec précaution », a déclaré al-Hujairi, notant que la municipalité travaille en coordination avec l'armée, « qui nous tient informés des mouvements de suspects ».
La municipalité a augmenté le nombre de gardes et a publié un communiqué imposant un couvre-feu entre 22 et 7 heures aux réfugiés syriens de la zone « par souci de leur sécurité et de la nôtre », a-t-il affirmé.
Les menaces sont apparues alors que les habitants d'Arsal avaient choisi de mettre fin à son isolation et de rendre la ville à l'État, a-t-il expliqué, notant que le conseil municipal avait rencontré l'armée pour discuter du besoin de maintenir la sécurité dans la ville.
Arsal rejette les extrémistes
Cette liste de cibles supposée peut être vue comme une réponse à « l'initiative entreprise par les gagnants des élections locales et municipales pour vider la ville [des terroristes] », a déclaré le général de brigade Hisham Jaber, directeur du Centre d'études stratégiques du Moyen-Orient, officier à la retraite de l'armée libanaise et expert en groupes extrémistes.
« Depuis l'émergence des groupes terroristes comme l'EIIL et le FAN, Arsal a été pour eux une base de soutien logistique », a-t-il expliqué à Al-Mashareq.
Cependant, grâce aux élections locales et municipales et avec la bénédiction des habitants, la municipalité a commencé à rejeter cette situation et à purger la ville des groupes armés terroristes, a-t-il déclaré.
« La municipalité, les dignitaires et les résidents sont déterminés à libérer Arsal de terroristes qui n'hésiteront pas à les intimider pour tenter d'en reprendre le contrôle », a expliqué Jaber.
C'est désormais à l'État, a-t-il affirmé, de répondre et d'établir une présence dans la ville pour la protéger.
Selon l'analyste politique Tony Issa, l'EIIL essaie « d'imposer son contrôle sur la région d'Arsal, al-Qaa, Ras Baalbek dans la Bekaa libanaise, alors qu'il est de plus en plus menacé en Syrie et en Irak ».
« Les récentes élections municipales ont été un revers pour les groupes extrémistes, car elles se sont résolues en faveur des modérés et ont confirmé le rejet des habitants d'Arsal contre les tentatives de les isoler de la société libanaise », a-t-il affirmé.