La Banque centrale du Yémen prend des mesures pour garantir la disponibilité du financement pour les importations afin d'empêcher l'effondrement du secteur financier du pays et une potentielle pénurie alimentaire alors que la guerre fait rage dans le pays.
En mai, la Banque centrale a approuvé le transfert d'environ 200 millions de dollars en devises étrangères vers l'extérieur pour faciliter l'importation de nourriture et d'autres produits.
La banque a récemment annoncé qu'elle allait approuver un second transfert de devises étrangères vers l'extérieur pour le même montant venant de liquidités détenues par des banques commerciales.
Ceci permettra à la banque d'ouvrir des lignes de crédit pour le secteur privé dans les circonstances actuelles du pays.
Cette décision intervient dans le cadre d'une coopération continue entre la Banque centrale, les chambres de commerce et d'industrie de Sanaa , la Fédération des chambres de commerce et d'industrie de Sanaa du Yémen , l'Association des agents de change yéménites et les banques commerciales, a déclaré le gouverneur de la Banque centrale Mohammed bin Hammam.
Elle a pour but de renforcer la stabilité de la monnaie nationale et d'injecter des liquidités dans les banques nationales, a-t-il expliqué, après une réunion le 20 juillet.
Lors de cette rencontre, il a assuré aux courtiers, agents de change et banques nationales « que l'aide arrive quant à la question des transferts de fonds vers l'étranger et de la consolidation du solde des banques nationales à l'étranger ».
Crise de liquidités des riyals yéménites
Les banques commerciales sont confrontées à une crise de liquidités de la devise nationale (riyal yéménite) à cause du manque de courtiers et d'agents de change.
« Les banques locales étaient le moyen idéal pour ouvrir des lettres de crédit pour financer des opérations d'importation », a déclaré à Al-Mashareq Fares al-Jaadabi, vice directeur des opéations de la Banque de crédit coopératf et agricole (Banque CCA).
« Le solde des banques [nationales] auprès des banques étrangères n'est plus suffisant pour prendre en charge le coût des importations car [les banques locales] n'ont pas le droit de transférer des devises étrangères vers des banques étrangères », a-t-il expliqué.
Ceci a mené des courtiers de plusieurs secteurs à utiliser les services d'agents de change pour transférer des fonds vers l'étranger, comme cela a été le cas au cours des derniers mois.
Al-Jaadabi a indiqué qu'une grande partie des liquidités locales est allée aux agents de change et aux courtiers en produits pétroliers, tandis que les devises étrangères restent stockées dans les banques locales, ce qui a créé une crise de liquidités dans le pays.
Tout ceci a mené à « davantage d'angoisse et un manque de confiance entre les citoyens, courtiers et agents de change d'un côté, et le secteur bancaire de l'autre », a-t-il affirmé.
Il a expliqué que les citoyens, les courtiers et les agents de change « ont choisi de conserver leurs liquidités, de les retirer des banques et de ne pas en déposer »
Le gouvernement promet d'aider les banques
« La première phase en mai, qui a inclus un transfert vers l'extérieur de fonds étrangers d'environ 200 millions de dollars était l'une des solutions clefs et nécessaires à la crise que connaît les banques, malgré le petit nombre de difficultés et de délais qui ont accompagné le processus », a indiqué al-Jaadabi.
Certaines banques locales préfèrent attendre avant de transférer de l'argent à l'étranger à cause de la guerre et de la crise financière qui en résulte, a-t-il ajouté, jusqu'à ce qu'ils puissent voir plus clairement le résultat du processus de transfert de fonds étrangers vers l'extérieur.
La situation inquiète les banques locales « à cause du fait qu'elles ont stocké des devises étrangères, de leur incapacité à investir localement en raison de la situation de sécurité, ou de transférer des fonds en dehors du pays comme elles le faisait avant la guerre », a-t-il déclaré.
Le ministre des Finances Monser al-Quaiti a assuré à l'Association bancaire du Yémen et aux banques locales que le « gouvernement s'engage à aider les banques pour le transfert de fonds étrangers vers l'extérieur et à résoudre les problèmes ».
Ahmed al-Awdi, directeur de l'Association des agents de change yéménites, a souligné le rôle des agents de change pour le soutien du processus d'importation de nourriture et d'autres produits.
« Les bureaux et les entreprises de change utilisent les transferts des expatriés pour soutenir les opérations d'importation du secteur commercial, en particulier les importations de produits alimentaires», a-t-il indiqué à Al-Mashareq.
« Le marché du change porte davantage sur les transferts des expatriés, qui sont devenus la seule source de monnaie forte à cause de la guerre et des circonstances difficiles que le pays traverse », a déclaré al-Awdi.
La guerre a mis à mal le secteur bancaire
La dépendance sur les agents de change pour obtenir de la monnaie forte afin de financer les opérations d'importation a affaibli le rôle des banques à cet égard, a affirmé Marzouq Abdel-Wadood, directeur du centre de développement économique et social du Yémen.
D'autres facteurs ont également diminué le rôle de la Banque centrale, a-t-il expliqué à Al-Mashareq, notant que les revenus de l'État, y compris les recettes provenant de la vente du pétrole produit à Marib, ne sont pas déposés dans le compte général de l'État.
La même chose s'applique aux revenus provenant des douanes et des institutions produisant des recettes comme les ports d'Aden et de Hadramaut, a-t-il ajouté.
Les branches de la Banque centrale dans ces trois provinces ont déclaré qu'elles n'étaient plus des subordonnées de la branche de la Banque centrale de Sanaa, a-t-il indiqué, en raison de l'interdiction imposée par les autorités locales sur le transfert de revenus de la Banque centrale de Sanaa en raison des divisions des institutions de l'État.
Tous ces facteurs ont contribué à « réduire la capacité de la Banque centrale à financer l'importation de dérivés de pétrole des courtiers et à empêcher le flux de devises étrangères vers la banque », a-t-il ajouté.
« Une prolongation de la guerre mènera à un accroissement du déclin économique et à davantage de chutes de la monnaie nationale face aux monnaies fortes, ce qui exacerberait les souffrances économiques des citoyens », a affirmé Abdel-Wadood.