Terrorisme

Des familles de Manbij fuient l'offensive militaire contre l'EIIL

Par Waleed Abu al-Khair au Caire

Le camp de Mashta al-Nour, près de Kobani accueille des familles qui ont fui Manbij en raison des batailles en cours contre « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL). [Photo fournie par Mohammed Hissou]

Le camp de Mashta al-Nour, près de Kobani accueille des familles qui ont fui Manbij en raison des batailles en cours contre « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL). [Photo fournie par Mohammed Hissou]

Les résidents de la ville de Manbij, dans le nord de la Syrie, fuyant devant l'avancée de l'offensive militaire menée pour chasser « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) de leur ville, se dirigent vers la sécurité relative de Kobani et d'Afrin.

Les administrations civiles de Kobani et d'Afrin ont reçu des déplacés internes (DI) de la région de Manbij et les ont distribués dans des camps et des résidences privées jusqu'à ce qu'ils puissent rentrer chez eux.

Le nombre de DI fuyant des zones de combat autour de Manbij où les forces de libération combattent l'EIIL « grandit chaque jour », a indiqué à Al-Mashareq Ilham Ahmed, coprésidente du Conseil démocratique syrien (CDS), plus tôt dans la semaine.

« Les familles ne voient pas d'autre possibilité que de se réfugier dans les régions proches des zones de combats contrôlées par les Forces démocratiques syriennes (FDS) », a-t-elle déclaré.

Le camp Robar, près d'Afrin, accueille plus de 60 familles et a atteint sa capacité maximale, a-t-elle expliqué, et les DI sont désormais distribués parmi les communautés proches jusqu'à ce que les matériaux destinés à la construction de nouveaux camps soient disponibles.

Les FDS et d'autres forces de la région sont confrontées à des difficultés pour fournir l'aide nécessaire, a-t-elle ajouté, notant que l'ONU n'a apporté de l'aide qu'une fois.

Une étude de terrain a été menée dans la région d'Afrin pour l'établissement d'un nouveau camp qui pourra à terme recevoir la majorité des déplacés, a-t-elle indiqué, ajoutant qu'une délégation du conseil exécutif du canton d'Afrin et des membres de ses comités ont rencontré des responsables de la région d'al-Shahba pour coordonner sa construction.

« Les derniers chiffres montrent que du 25 mai au 4 juillet, 38 052 DI sont arrivés rien qu'à Afrin, et il leur a été donné tout ce dont ils avaient besoin », a déclaré Ahmed.

Civils utilisés comme « boucliers humains »

Jeudi 21 juillet, les FDS ont annoncé avoir donné 48 heures à l'EIIL pour quitter Manbij, a rapporté l'AFP.

L'alliance d'opposition arabo-kurde a déclaré que cet ultimatum avait pour but de « protéger les vies civiles » de Manbij, et a exhorté les civils à tenter de quitter la ville ou de s'éloigner des zones où des combats ont lieu.

« Nous avons pris cette décision après que l'EIIL a utilisé des habitants comme boucliers humains […] et pour protéger les civils toujours présents dans la ville », a déclaré à l'AFP un commandant des FDS.

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme a fait savoir mardi qu'au moins 56 civils, qui avaient apparemment été pris à tort pour des extrémistes, ont été tués lors de frappes de la coalition alors qu'ils fuyaient al-Tukhar, près de Manbij.

Mercredi, le ministre américain de la Défense Ashton Carter a promis la transparence quant à la responsabilité de la coalition.

« Nous allons mener une enquête sur toutes les pertes civiles possibles dans cette affaire, comme nous le faisons toujours, et nous serons transparents sur cela », a affirmé Carter.

Les civils de Manbij et des alentours n'ont que deux chemins de fuite, a expliqué à Al-Mashareq le commandant de peloton du Conseil militaire de Manbij (CMM) Ghassan Ibrahim.

Ces derniers mènent à Kobani et Afrin, a-t-il précisé, notant que « ces deux itinéraires sont dangereux, car des éléments de l'EIIL ouvrent le feu sur tous ceux qu'ils soupçonnent de fuite ».

« Des unités des forces déployées aux abords de Manbij protègent les civils et les conduisent vers des zones sûres via des couloirs humanitaires dédiés au transport des civils », a ajouté Ibrahim.

Nourriture, vêtements et premiers soins

L'Organisation de Kobani pour l'aide et le développement travaille avec le conseil local de Manbij pour répondre aux besoins des habitants déplacés de la ville, a indiqué Mohammed Hissou, qui travaille pour l'organisation.

Cette dernière distribue de la nourriture, des vêtements et d'autres articles dans les camps et les villages qui accueillent des DI, comme Kharbit al-Rus et Abu Qalqal, a-t-il précisé.

Des soins médicaux sont apportés par le Croissant-Rouge kurde, qui se rend dans les zones où les déplacés se sont rassemblés, a-t-il déclaré à Al-Mashareq.

Le Croissant-Rouge a mis en place un nouveau centre à Abu Qalqal pour aider les civils, a-t-il indiqué, notant que plusieurs docteurs et infirmières de la région se sont portés volontaires pour travailler dans le centre.

Le Croissant-Rouge administre également les premiers soins, a ajouté Hissou, les cas les plus difficiles étant transportés vers les hôpitaux de Kobani pour y être traités.

Hissou a estimé qu'au moins 15 000 personnes ont fui vers la région de Kobani, « tandis que 5 000 autres sont réparties dans les villages et les villes qui ont été libérées ».

Lorsque le camp de Mishtenur est arrivé au maximum de sa capacité, l'administration autonome de Kobani a mis en place un nouveau camp à côté de celui-ci pour recevoir davantage de DI provenant de la région de Manbij, a-t-il raconté.

Des familles fuient le champ de bataille

Mohsen Khafaja, originaire de Manbij, est arrivé à Kobani fin juin avec sa famille. Il a déclaré à Al-Mashareq qu'il avait choisi de prendre le risque de fuir Manbij pour échapper aux combats en cours entre les FDS et le CMM d'un côté, et l'EIIL de l'autre.

« Le voyage a duré deux journées complètes avant que nous arrivions dans la région libérée », a-t-il raconté. « Une des Unités de protection du peuple (YPG) qui se trouvait dans la zone a pris soin de ma famille. À ma demande, ils nous ont transportés vers la ville Kobani, où j'ai de nombreux amis. »

« À Kobani, j'ai été accueilli dans la maison d'un ami qui avait quitté son domicile et avait envoyé sa famille vivre chez son frère, afin que ma famille puisse rester là, après que j'ai refusé de me rendre dans un camp de DI », a-t-il déclaré.

« À Kobani, personne ne demande aux réfugiés quelle est leur appartenance religieuse ou leur ethnicité, mais plutôt combien la famille compte de membres et quels sont leurs âges, afin de pouvoir s'occuper d'eux », a-t-il indiqué.

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