La guerre au Yémen et les actions des groupes extrémistes comme al-Qaida dans les provinces du sud du pays ont eu un impact négatif sur les revenus de la zakat en 2015 par rapport à l'année précédente, a expliqué le ministère de l'Administration locale.
Un rapport ministériel publié début juin a montré que les revenus de la zakat pour 2015 avaient baissé de 30 % par rapport à 2014 à cause des répercussions économiques de la guerre et de la rareté des dérivés de pétrole.
Les revenus de la zakat ont également chuté dans les provinces contrôlées par al-Qaida, qui empoche les fonds, a indiqué le rapport.
Les revenus de la zakat perçus l'année dernière s'élevaient à plus de 10,5 milliards de riyals yéménites (42 millions de dollars), une baisse de 4,5 milliards de riyals (18 millions de dollars) par rapport à l'année précédente, a-t-il précisé.
« La raison principale de cette baisse est la guerre et son impact sur les activités économiques et commerciales », a affirmé Yasser Thabet, directeur général de la Zakat auprès du ministère de l'Administration locale.
Certaines provinces, comme Hadramaut et Abyan, n'ont pas fourni de rapport au ministère sur les revenus de la zakat pour 2015, a-t-il ajouté.
Al-Qaida a recueilli les revenus de la zakat pour ses propres coffres dans ces deux provinces, a-t-il précisé.
L'organisation s'est emparée d'al-Mukalla, à Hadramaut, et de la majeure partie de la province en avril 2015. Elle contrôle également la ville de Mahfad, dans la province d'Abyan, depuis l'année dernière.
Thabet a souligné les autres difficultés contribuant à la baisse des revenus de la zakat, comme la rareté des ressources en raison de la guerre et le manque de fonds gouvernementaux pour des visites sur le terrain afin de contrôler la collecte de la zakat.
Un système comptable unique pour suivre la zakat
Le ministère prend un ensemble de mesures pour répondre à cette baisse, a indiqué Thabet.
Il a imposé un système comptable unique pour calculer le montant de la zakat dû par les entreprises et les établissements, plutôt que de dépendre des efforts personnels de comptables et de percepteurs, a-t-il expliqué.
Il suit également les 25 % de revenus de la zakat que les percepteurs autorisés peuvent légalement remettre à leur discrétion aux pauvres et aux nécessiteux, a-t-il ajouté.
Ce système rend possible le suivi des actions des parties autorisées à percevoir la zakat « pour garantir que les fonds ne sont pas utilisés d'une façon qui sape la stabilité du pays et de ses citoyens », a-t-il déclaré.
Le ministère cherche à empêcher l'accès des groupes extrémistes aux fonds, a-t-il expliqué, « comme cela a été le cas dans la province de Hadramaut l'année dernière, lorsqu'al-Qaida a utilisé ces fonds pour financer ses attaques et déstabiliser le pays ».
Il est aussi important que les prédicateurs et les médias sensibilisent sur le besoin de payer la zakat à l'État, « seule autorité légitime habilitée à la percevoir et à la redistribuer aux nécessiteux », a-t-il précisé.
Plan de collecte de la zakat
Le ministère a approuvé un plan d'action pour la collecte de la zakat dans les provinces du Yémen grâce à un effort conjoint avec les érudits religieux, les bureaux de dotations et les médias.
Ce plan demande aux muftis qu'ils lancent des fatwas exhortant les gens à payer la zakat à l'État. Les agences de télécommunications ont également contribué au plan en envoyant des SMS à cet effet.
« La zakat est l'un des [cinq] piliers de l'Islam, selon lequel les Musulmans doivent payer la zakat sur les richesses atteignant un certain montant appelé nisab ou les [biens] possédés continuellement pendant une année lunaire », a expliqué Sheikh Yahya al-Najjar, membre de la Société des érudits du Yémen.
L'État est autorisé par la charia à percevoir la zakat, a-t-il déclaré à Al-Shorfa, et il distribue les fonds par les canaux légitimes à ceux qui en ont besoin.
Al-Najjar a appelé les érudits, les prédicateurs et les médias a joué leur rôle pour sensibiliser la population à la question, pour éviter que la zakat ne tombe entre les mains de groupes extrémistes.
Ibrahim al-Khatib, directeur général du Bureau des dotations et de l'orientation à Sanaa, a expliqué à Al-Shorfa que son bureau avait demandé aux prédicateurs des mosquées et aux conseillers religieux de pousser les gens à payer la zakat à l'État.
Le bureau utilise les sermons du vendredi, des conférences sur la jurisprudence, des séminaires, des brochures et des magazines pour diffuser le message, a-t-il déclaré.
C'est le devoir des scientifiques, guides, prêcheurs de la mosquée et des grandes personnalités de la société de sensibiliser les citoyens sur l'importance de la Zakat et la nécessité de la donner à 'Etat en sa qualité d'autorité sanctionnée par la charia pour la percevoir.
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