Sécurité

Le Liban renouvelle sa lutte contre le terrorisme après l'attaque d'al-Qaa

Nohad Topalian à Beyrouth

Une série d'attentats-suicides a frappé la ville frontalière libanaise d'al-Qaa lundi 27 juin. [Photo par la municipalité d'al-Qaa]

Une série d'attentats-suicides a frappé la ville frontalière libanaise d'al-Qaa lundi 27 juin. [Photo par la municipalité d'al-Qaa]

Les autorités ont promis de poursuivre la lutte contre le terrorisme suite à une série d'attentats-suicides lundi 27 juin dans la ville frontalière d'al-Qaa au nord du pays.

La ville de la vallée de Bekaa a été attaquée par huit kamikazes en moins de 24 heures, quatre d'entre eux ont frappé à l'aube suivis de quatre autres attaques le soir du même jour.

Les attaques, perpétrées par huit hommes portant des gilets d'explosifs, ont tué cinq militaires retraités et blessé 25 civils. Les attaquants ont fait exploser dans la matinée leurs gilets dans la banlieue d'al-Qaa, alors que les attaquants du soir ont ciblé l'église Mar Elias dans la place principale de cette petite ville, où les gens se sont rassemblés pour offrir leurs condoléances aux familles des cinq victimes des explosions de la matinée.

Le maire d'Al-Qaa Bashir Matar a dit à Al-Shorfa que les quatre kamikazes se trouvaient dans une maison dans les faubourgs de la ville aux premières heures du matin, et un jeune homme s'est méfié d'eux.

« [Les kamikazes] lui ont dit qu'ils étaient des membres d'une branche de renseignements militaires [...] mais il ne les a pas crus» a dit Matar. « Après une altercation verbale avec eux, il a tiré le feu dans leur direction, ce qui a poussé un kamikaze à détonner sa ceinture d'explosifs ».

Suite à l'explosion, le personnel de sécurité et les autres résidents se sont précipités vers la scène, où les trois autres kamikazes se sont fait exploser successivement.

Plus tard ce soir, Matar a dit, un attaquant « sur une motocyclette a jeté une grenade à main sur une foule qui s'est rassemblée devant l'église, puis s'est fait explosé avec une ceinture d'explosifs, suivi par un deuxième kamikaze qui a fait pareil ».

Deux autres kamikazes ont essayé d'attaquer la même foule, a-t-il précisé, mais une unité de l'armée les a arrêtés, et ils se sont faits finalement exploser.

Mesures de sécurité intensifiées

Les attaques ont poussé l'armée à envoyer des renforcements et à mener une opération de chasse à l'homme dans la ville maison par maison, avec l'aide de résidents locaux, alors que les jeunes de la ville ont monté la garde pour soutenir le travail des agences de sécurité.

Après inspection des sites des explosions, le commandant de l'armée Jean Kahwaji a ordonné aux unités militaires de renforcer les mesures de sécurité sur tous les postes frontaliers et de poursuivre tous les éléments suspects et de les arrêter immédiatement.

Il a considéré la ville d'al-Qaa et les autres villages frontaliers « la première ligne de défense du Liban face au terrorisme ».

Les kamikazes étaient rapides à se faire exploser a remarqué Kahwaji, ce qui est un «témoignage clair de la vigilance de l'armée et des résidents qui ont déjoué leurs plans ».

Il a souligné que l'armée « est entièrement disposée et capable de continuer le combat contre ce terrorisme qui ne fait aucune distinction entre une secte et une autre ».

« Tout acte terroriste quelle que soit sa taille, n'affectera pas la détermination de l'armée à combattre le terrorisme, protéger le Liban et préserver la stabilité », a-t-il précisé.

« Les faits révélés par ce crime, en termes de nombre de participants ou méthode d'exécution, démontre la nature du mal comploté pour le Liban et les risques auxquels le pays est confronté à ce stade difficile à la fois au niveau interne et régional », a indiqué le premier ministre libanais Tammam Salam dans un communiqué.

« L'opération terroriste prouve que notre pays est ciblé par les forces des ténèbres, et le seul moyen de le protéger est de rester unis derrière notre institution militaire et nos forces de sécurité dans leur combat contre le terrorisme, et par la promotion de l'unité nationale et le renforcement de notre scène politique interne», a-t-il indiqué.

Les attaquants viennent de Raqqa

Mercredi, le ministre de l'intérieur Nohad al-Machnouq a annoncé que les kamikazes venaient de Raqqa, le bastion syrien de « l'Etat Islamique en Irak et au Levant » (EIIL), a rapporté le site libanais de Naharnet.

« Les détenus sous notre garde ont identifié sept des huit kamikazes qui ont ciblé al-Qaa », a dit al-Machnouq dans une interview sur la chaîne télévisée al-Jadeed, notant que les photos des visages des attaquants ont été montrées aux détenus.

« Selon les confessions des détenus, les sept criminels venaient de la Syrie, précisément de Raqqa, et non des camps» de réfugiés syriens dans la banlieue d'al-Qaa's, a ajouté le ministre.

« Ceci n'est pas une supposition », a-t-il dit. « Ils sont venus pour exécuter cette attaque et ils n'étaient pas des résidents d'al-Qaa ».

« Les sites touristiques fréquentés par les occidentaux sont les lieux que les terroristes voulaient cibler, selon les confessions», a dit al-Machnouq.

« Le terrorisme qui a frappé al-Qaa est similaire à ce qui a eu lieu dans les banlieues sud et autres régions du Liban les périodes passés », a dit le député d'al-Qaa Marwan Fares à Al-Shorfa. « Le terrorisme n'a pas de frontières, il frappe toutes les régions et les sectes ».

Le terrorisme de l'EIIL « n'a pas de religion ni de couleur », a ajouté Fares.

L'étau se resserre en Syrie

« L'arrivée de l'armée après la première explosion a surpris les autres terroristes, ils se sont alors faits exploser car ils ne pouvaient pas s'enfuir », a dit l'expert en stratégie militaire le général de brigade Naji Malaeb.

En attendant les résultats de l'enquête, a dit Malaeb, «nous pouvons dire qu'il s'gait d'une attaque organisée et impliquait certainement des planificateurs, des éléments de suivi et des exécuteurs ».

« Il est possible qu'ils attendaient quelqu'un pour les transporter vers le site ciblé par leurs actes terroristes, et le danger réside là, le déjouer ne signifie pas qu'il est fini », a-t-il ajouté.

Malaeb a dit que l'attaque est une conséquence de la guerre en Syrie, ajoutant que l'EIIL veut transférer le combat au Liban ou en Jordanie vu que l'étau se serre autour du groupe en Syrie.

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