Économie

Une banque libanaise sanctionnée avait des liens avec le Hezbollah

Nohad Topalian à Beyrouth

Le Trésor américain a imposé des sanctions à la Jammal Trust Bank pour avoir autorisé les activités financières du Hezbollah. Cette photo montre une succursale de la banque dans le quartier de Barbir à Beyrouth. [Nohad Topalian/Al-Mashareq]

Le Trésor américain a imposé des sanctions à la Jammal Trust Bank pour avoir autorisé les activités financières du Hezbollah. Cette photo montre une succursale de la banque dans le quartier de Barbir à Beyrouth. [Nohad Topalian/Al-Mashareq]

Annonçant le 29 août la désignation de la Jammal Trust Bank pour les sanctions, le Département du Trésor américain a déclaré que cette institution financière basée au Liban avait sciemment fourni des services financiers au Hezbollah.

Le Trésor américain « cible la Jammal Trust Bank et ses filiales pour avoir effrontément autorisé les activités financières du Hezbollah », a rapporté dans un communiqué Sigal Mandelker, sous-secrétaire au terrorisme et au renseignement financier.

« Les institutions financières corrompues comme Jammal Trust sont une menace directe pour l'intégrité du système financier libanais », a-t-elle affirmé.

« Jammal Trust fournit un soutien et des services au Conseil exécutif et à la Fondation des martyrs du Hezbollah, qui verse de l'argent aux familles des kamikazes».

La désignation du Trésor « souligne la façon dont le Hezbollah continue de donner la priorité à ses intérêts et à ceux de son principal sponsor, l'Iran, par rapport au bien-être des citoyens libanais et de l'économie du Liban », a ajouté Mandelker.

« Nous regrettons que le Hezbollah ait causé des difficultés à la communauté chiite en particulier, et demandons au gouvernement libanais de faire tout son possible afin d'en atténuer les conséquences pour les titulaires de comptes innocents qui ne savaient pas que le Hezbollah mettait leurs économies en danger », a-t-elle fait savoir.

Les États-Unis sont convaincus que la Banque du Liban (BDL) et d'autres institutions libanaises « continueront à œuvrer pour protéger la stabilité et la solidité du système financier libanais, ce qui est essentiel pour soutenir une économie stable et prospère », a ajouté Mandelker.

Les contrevenants s'exposent à des sanctions

Dans une déclaration faite mardi 3 septembre dans les médias libanais, le gouverneur de la BDL, Riad Salameh, a déclaré qu'il continuait à suivre les « développements relatifs au dossier de la banque ».

« Tous les dépôts à la banque qui sont légaux - selon la loi libanaise et les circulaires émises par la BDL - sont sécurisés et garantis à leur date d'échéance », a-t-il déclaré.

Le rapport du Trésor américain décrit en détail les infractions de la Jammal Trust Bank et de ses filiales, notamment la fourniture de fonds et d'un soutien technologique au Hezbollah, a précisé l'économiste libanais Jassim Ajaka à Al-Mashareq.

Cette désignation confirme que toute personne ou entité qui enfreint les règles et réglementations américaines et internationales de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme (LBA/FT) sera passible de sanctions, a déclaré Ajaka.

La Jammal Trust Bank a fourni des services financiers au Conseil exécutif du Hezbollah, à la Fondation des martyrs et à d'autres institutions affiliées au parti, a-t-il indiqué.

« La banque a été punie pour s'être livrée à des activités inscrites sur la liste des sanctions des États-Unis et est la deuxième banque, après la Lebanese Canadian Bank à être ajoutée sur la liste des sanctions, a-t-il déclaré.

Opérations contrôlées par la BDL

La désignation américaine de la Jammal Trust Bank « n'est pas surprenante, car on a appris il y a cinq mois que des transactions suspectes ont lieu dans cette banque », a déclaré l'analyste politique George Shahin.

Il y a des signes inquiétants d'une relation entre la direction de la banque et les responsables du Hezbollah, a-t-il fait savoir à Al-Mashareq.

Les informations disponibles « indiquent que la banque a fait l'objet d'une évaluation par les autorités américaines compétentes, qui ont suivi les transactions suspectes examinées par la BDL », a-t-il rapporté.

Shahin a souligné la coordination quotidienne qui existe entre la Commission de contrôle des banques de la BDL, les banques intermédiaires américaines et le Trésor américain.

La banque est sous surveillance, a-t-il fait savoir, et sa direction a reçu plusieurs avertissements, mais ne s'y est pas conformée.

La BDL « a mis fin à de nombreuses transactions financières suspectes sans faire d'annonces à leur sujet, ce qui, dans la plupart des cas, a abouti à la fermeture de certains des comptes bancaires concernés », a-t-il déclaré.

« Les opérations de blanchiment d'argent menées par le Hezbollah se poursuivront sans aucun doute, mais elles seront certainement découvertes, car le secteur bancaire libanais adhère à toutes les dispositions du droit international en matière de LBA/FT », a indiqué Shahin.

Les banques sous surveillance étroite

Le Liban « fait l'objet d'une surveillance étroite de la part de la communauté internationale, en particulier du Trésor américain, qui est directement impliqué dans la réglementation de l'activité financière internationale des banques qui traitent en dollars », a déclaré l'analyste politique Elias al-Zoghbi.

Sur la base de cette activité de surveillance, le Trésor américain a ajouté la Jammal Trust Bank à la liste des sanctions après qu'il ait été prouvé que certaines de ses transactions « peuvent être qualifiées de blanchiment d'argent pour le Hezbollah », a-t-il déclaré à Al-Mashareq.

Le Hezbollah est confronté à un manque de liquidité en raison des sanctions qui lui ont été imposées à lui et à l'Iran, a-t-il poursuivi, et « a recours au blanchiment d'argent par le biais d'un certain nombre de banques libanaises, dont certaines ont été découvertes ».

Mais le gouverneur de la BDL et l'Association des banques au Liban ont la situation en main, a-t-il affirmé, et peuvent prendre des mesures pour atténuer les effets des sanctions sur le secteur financier libanais.

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