Politique

Les travailleurs iraniens cherchent des débouchés ailleurs, disent les analystes

Faris al-Omran

Un couple iranien regarde l'horizon fortement pollué dans l'ouest de Téhéran, sur cette photo prise le 30 décembre 2015. La « fuite des cerveaux » en Iran au cours des quarante dernières années reflète l'amère réalité à laquelle les Iraniens sont confrontés chez eux. [Atta Kenare Atta/AFP]

Un couple iranien regarde l'horizon fortement pollué dans l'ouest de Téhéran, sur cette photo prise le 30 décembre 2015. La « fuite des cerveaux » en Iran au cours des quarante dernières années reflète l'amère réalité à laquelle les Iraniens sont confrontés chez eux. [Atta Kenare Atta/AFP]

Le flot constant de travailleurs iraniens, parmi lesquels des professionnels hautement qualifiés, qui quittent leur patrie pour chercher plus de liberté et d'opportunités ailleurs, reflète l'amère réalité à laquelle les Iraniens sont confrontés chez eux.

L'exode des talents est un signe certain de la pression exercée sur les Iraniens par le régime extrémiste qui gouverne leur pays depuis quarante ans, déclarent des analystes à Al-Mashareq.

La corruption et le népotisme du gouvernement, les difficultés économiques et une politique étrangère qui a favorisé l'expansion extérieure aux dépens du bien-être intérieur ont poussé de nombreux Iraniens à quitter leur patrie lorsqu'ils le pouvaient.

Et une fois qu'ils quittent le pays, ils ont peu de raison d'y retourner.

Chaque année depuis la révolution islamique de 1979, entre 150 000 et 200 000 Iraniens ont quitté le pays, d'après la BBC.

« Le nombre d'émigrés iraniens et de ceux qui fuient la tyrannie du régime au pouvoir en Iran est susceptible d'augmenter », a fait savoir à Al-Mashareq Mithal al-Alousi, député irakien et leader du parti irakien de l'Ummah.

« S'il y a plus d'occasions de s'évader, nous verrons des millions de personnes partir, les personnes très instruites et les intellectuels étant à l'avant-garde d'un tel exode », a-t-il déclaré.

Prêts à tout pour partir

Pour contourner les restrictions imposées à leurs déplacements par le régime, certains Iraniens demandent des visas de tourisme ou de traitement médical, a rapporté al-Alousi.

Ils vont dans un pays voisin, en particulier l'Irak, puis de là partent vers un autre pays à la recherche d'une vie et d'un avenir meilleurs, a-t-il ajouté.

Les statistiques du gouvernement iranien indiquent que plus de 40 % des chômeurs en Iran sont diplômés, ce qui est l'une des raisons pour lesquelles beaucoup ne reviennent pas après avoir terminé leurs études à l'étranger.

Une autre raison de l'exode des professionnels iraniens est le népotisme omniprésent au sein des institutions gouvernementales, a dit al-Alousi, indiquant que les postes du secteur public sont souvent confiés à ceux qui ont des liens avec le régime.

« La corruption est un facteur important de cette migration, mais ce n'est pas le seul », a-t-il déclaré. « Le manque de liberté de parole, la violation des droits et des libertés publics, ainsi que les campagnes de détentions arbitraires et les disparitions forcées et l'élimination des militants contribuent à cette tendance ».

Tout cela fait partie des efforts du régime iranien pour garder le contrôle, a-t-il expliqué.

La perte économique subie par l'Iran avec la fuite des cerveaux n'est « rien en comparaison de la perte de la diversité culturelle et ethnique du pays et de l'avenir de son peuple à cause de dirigeants corrompus qui ne défendent que leurs propres intérêts », a-t-il déclaré.

Aucun égard pour les gens

« Les dirigeants iraniens ne se soucient pas des problèmes et des souffrances de la population iranienne causés par les crises économiques », a affirmé à Al-Mashareq l'expert irakien en stratégie Alaa al-Nashou, soulignant que cela a été exacerbé par les politiques du régime.

« Ils ne cherchent qu'à renforcer leur influence à l'étranger et à épuiser les ressources d'autres pays en intervenant de façon flagrante dans les affaires de ces pays », a-t-il indiqué.

L'immigration est devenue la seule option pour de nombreux Iraniens, en particulier les professionnels et les scientifiques talentueux qui se sentent maintenant marginalisés et exclus, a-t-il ajouté.

« La corruption de la classe dirigeante iranienne et son incapacité à gérer efficacement le pays ont fait de la vie des Iraniens un enfer sur le plan social, économique et des services », a poursuivi al-Nashou.

« Une grande partie de la population iranienne vit aujourd'hui dans une pauvreté abjecte, et ses perspectives économiques empirent », a rapporté à Al-Mashareq Ghazi Faisal Hussain, conseiller au Centre d'études stratégiques d'Irak.

« Le régime iranien a causé de la pauvreté, du chômage et de la corruption pour sa population, tout en déployant toutes les ressources du pays pour alimenter les conflits sectaires dans la région et financer généreusement ses intermédiaires », a-t-il déclaré.

Le régime est fortement axé sur la diffusion de la doctrine de Wilayat al-Faqih (la Tutelle du Juriste), a-t-il expliqué, qui appelle à l'allégeance à al-Wali al-Faqih (Khamenei).

Selon Hussain, le régime iranien « creuse sa propre tombe avec ses politiques qui ne servent pas les intérêts du peuple iranien, mais contribuent seulement à accroître ses souffrances ».

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