Économie

L'Iran fait passer du pétrole en violation des sanctions

Fares al-Omran

Cette photo d'un port pétrolier iranien a été publiée sur internet par la National Iranian Oil Company le 29 janvier.

Cette photo d'un port pétrolier iranien a été publiée sur internet par la National Iranian Oil Company le 29 janvier.

Avec les sanctions imposées aux exportations pétrolières iraniennes, la République islamique d'Iran a du mal à trouver des acheteurs internationaux et a intensifié ses efforts pour faire sortir clandestinement du pétrole brut du pays, ont rapporté des responsables et des experts à Diyaruna.

Au cours de la première moitié de cette année, les exportations de pétrole de l'Iran sont passées de trois millions à moins de 500 000 barils par jour à cause des sanctions.

Mais il semblerait que le régime ne s'attend pas à ce que ses exportations atteignent zéro, ont déclaré des experts, alors même que les exemptions d'approvisionnement accordées par les États-Unis à plusieurs pays ont été annulées, privant l'Iran de plus de dix milliards de dollars en revenus pétroliers annuels.

« Les Iraniens ont annoncé à plusieurs reprises qu'ils examineraient tous les moyens possibles pour contourner les sanctions », a fait savoir à Diyaruna Issam al-Fayli, professeur de sciences politiques à l'université al-Moustansiriya.

« Il ne fait aucun doute qu'ils ont eu recours à la contrebande pour fournir du pétrole à leurs alliés dans la région, en particulier au régime syrien », a-t-il affirmé.

« Les cargaisons de pétrole qui sont passées clandestinement d'Iran en Syrie en mai confirment l'intention du pays de défier la communauté internationale, même si le prix à payer est élevé », a-t-il ajouté.

Début juin, des images satellites commerciales de Tanker Trackers, qui signale les expéditions et le stockage de pétrole brut dans plusieurs zones d'intérêt, ont montré que cinq pétroliers iraniens étaient arrivés dans le port syrien de Baniyas depuis début mai.

Chaque navire livre environ un million de barils de pétrole, pour valeur actuelle de plus de 60 millions de dollars, selon un article paru le 11 juin dans le Wall Street Journal.

L'Iran veut faire d'une pierre deux coups, a expliqué al-Fayli, car il cherche à obtenir des revenus pétroliers de la Syrie, même si les paiements sont retardés, tout en aidant le régime syrien à alléger les pressions internes dues aux pénuries de carburant.

L'Iran connaît le danger d'un mécontentement populaire croissant contre le régime syrien sur ses intérêts dans la région, a-t-il déclaré, notant qu'il est dans l'intérêt de Téhéran de protéger le régime de Bachar el-Assad et d'en empêcher l'effondrement.

En soutenant le régime syrien par l'exportation de pétrole et d'autres moyens, il cherche à faire en sorte que la Syrie reste une partie du prétendu « axe de résistance », a-t-il indiqué.

Implication des milices irakiennes soutenues par l'Iran

Certains médias ont indiqué que Téhéran a utilisé un nouveau mécanisme de contrebande par lequel des milices irakiennes soutenues par l'Iran acheminent le pétrole iranien vers le port irakien de Bassorah, qui est ensuite acheminé par des pétroliers comme si c'était du pétrole irakien.

De cette façon, a expliqué al-Fayli, l'Iran a réussi à récolter « des millions de dollars en revenus pétroliers ».

« Les milices irakiennes [soutenues par l'Iran] font tout ce qu'elles peuvent pour démontrer leur loyauté inébranlable envers le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) », a déclaré à Diyaruna Ziyad al-Sinjari, journaliste et auteur irakien.

À travers de tels actes, a-t-il poursuivi, ces milices nuisent à l'économie irakienne et plongent l'Irak au cœur de la tempête.

L'Iran s'est lui-même attiré des sanctions, a-t-il affirmé, avec sa politique et son ingérence dans les affaires d'autres pays.

« Le territoire et les intérêts irakiens sont maintenant exploités par le régime iranien à cause de ces groupes, qui nuisent délibérément aux Irakiens et qui violent la souveraineté de leur pays », a-t-il ajouté.

Le politologue et ancien député irakien Taha al-Lahibi a fait savoir à Diyaruna qu'il n'est selon lui pas impossible que des milices irakiennes soutenues par l'Iran fassent passer illégalement du pétrole d'Iran en Syrie dans des pétroliers, puis vers d'autres agents et des marchands au noir.

Les agents de ces milices qui ont infiltré les institutions de l'État irakien jouent un rôle majeur dans la contrebande de pétrole en Irak depuis l'Iran et dans l'inondation du marché irakien avec d'autres marchandises iraniennes, a déclaré al-Lahibi.

Il a attiré l'attention sur des informations parues récemment dans les médias qui accusaient les loyalistes iraniens de « donner des contrats d'infrastructure dans divers secteurs économiques à des entités secrètement liées au CGRI et d'injecter de l'argent dans ses caisses ».

En aidant l'Iran aux dépens des intérêts et de l'avenir du peuple irakien, ces milices « jouent avec le feu », a-t-il affirmé.

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