Terrorisme

Selon les analystes, la rivalité entre al-Qaïda et l'EIIS au Yémen nuit aux deux groupes

Nabil Abdoullah al-Tamimi à Aden

Un char d'assaut déployé par l'armée yéménite dans la province d'al-Bayda, sur une photo du 18 mai 2014. [AFP photo/Stringer]

Un char d'assaut déployé par l'armée yéménite dans la province d'al-Bayda, sur une photo du 18 mai 2014. [AFP photo/Stringer]

La rivalité entre al-Qaïda et « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) pour l'influence dans la province yéménite d'al-Bayda affaiblit les deux groupes et facilite la lutte contre eux, ont affirmé des experts à Al-Mashareq.

La région d'al-Qayfa de la province a connu une récente escalade des affrontements armés entre al-Qaïda et l'EIIS. Dans le même temps, les partisans des deux groupes mènent une guerre de propagande sur internet, cherchant à gagner des adeptes au Yémen.

Fin mars, un kamikaze de l'EIIS a attaqué une base d'al-Qaïda dans le village de Thi Kalib al-Asfal, tuant plus de dix membres du groupe.

Al-Qaïda a répondu en attaquant des bases de l'EIIS.

Poursuivant cette escalade des hostilités, le groupe des « Fils d'al-Qayfa », associé à al-Qaïda, a offert une récompense de cinq millions de riyals yéménites (20 000 dollars) pour Khalid al-Marfadi, leader de l'EIIS à Yakla.

Ces incidents font suite à d'intenses combats entre les deux camps qui ont débuté en juillet.

État vulnérable

« Les combats et le conflit armé entre al-Qaïda et l'EIIS à al-Bayda affaiblissent les deux camps », a déclaré à Al-Mashareq le politologue Adnan al-Humairi.

Il est ainsi plus facile pour les forces yéménites et la coalition arabe de les combattre, a-t-il précisé, notant que les hostilités entre les deux groupes facilitent leur infiltration par les autorités locales et les agences antiterroristes.

« Au Yémen, les deux groupes sont dans un état de déclin et d'affaiblissement pour de nombreuses raisons », a-t-il déclaré.

Plusieurs dirigeants d'al-Qaïda ont été tués au Yémen, a-t-il fait savoir, le plus récent étant Jamal al-Badawi, commandant en second de la branche du groupe au Yémen.

« Al-Qaïda au Yémen est à son point le plus bas, comparé à ce qu'il était en 2016 et 2017 », a indiqué al-Humairi.

Il a évoqué la défaite du groupe à al-Moukalla, dans la province de l'Hadramaout, et à Shabwa et Abyan contre les forces d'élite de Shabwa et de l'Hadramaout et les forces de la Ceinture de sécurité soutenues par les Émirats arabes unis.

D'autres facteurs ont contribué au déclin d'al-Qaïda, dont « le manque de ressources financières, la faiblesse des opportunités de recrutement et d'entraînement, la traque du commandement actuel, et ses capacités opérationnelles minimales », a-t-il détaillé.

Il a également noté que l'EIIS avait récemment lancé un appel à ses partisans pour qu'ils migrent vers la province yéménite d'al-Bayda.

« Cela confirme le désir du groupe de survivre et de grandir aux dépens d'al-Qaïda », a expliqué al-Humairi, et indique une potentielle escalade du conflit et des affrontements entre les deux camps dans les jours à venir.

« Lutte pour la survie »

Bien qu'ils soient tous deux des groupes extrémistes, les points de discorde entre al-Qaïda et l'EIIS dépassent les points d'accord, a indiqué le journaliste Mounir Talal à Al-Mashareq.

« La guerre d'intérêts et la lutte pour la survie entre eux devraient s'intensifier, ce qui aurait pour conséquence l'affaiblissement des deux groupes à plusieurs niveaux », a-t-il poursuivi.

Al-Qaïda a réussi à profiter de la guerre au Yémen et du déclin de l'influence de l'EIIS pour s'y regrouper et recruter de nouveaux membres, a indiqué le politologue Waddah al-Jalil à Al-Mashareq.

Mais les efforts combinés des acteurs locaux et régionaux dans la lutte contre al-Qaïda l'ont mis à mal, « dans sa capacité à se reconstruire et à s'organiser, ainsi qu'à mener des attaques », a-t-il précisé.

« Avec la reconquête par la coalition arabe du territoire dans les provinces du sud, et ses succès contre al-Qaïda, le groupe a été privé de la possibilité de grandir », a-t-il ajouté.

Cela a entraîné la baisse de l'influence du groupe dans la plupart des régions, avec seulement quelques poches restantes sous son contrôle à Shabwa, al-Bayda et dans une petite partie de l'Hadramaout, a conclu al-Jalil.

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