Santé

Les milices soutenues par l'Iran facilitent le trafic de drogue en Irak

Faris Omran

Le 9 juin 2018 à Bassorah, les forces des renseignements irakiens remettent des pilules de stupéfiants issus du trafic au Département de médecine légale de Bagdad pour qu'elles y soient examinées et détruites. [Photo fournie par le ministère irakien de la Santé]

Le 9 juin 2018 à Bassorah, les forces des renseignements irakiens remettent des pilules de stupéfiants issus du trafic au Département de médecine légale de Bagdad pour qu'elles y soient examinées et détruites. [Photo fournie par le ministère irakien de la Santé]

Le trafic de drogue transfrontalier depuis l'Iran représente toujours une grave menace pour la société irakienne, malgré les efforts du gouvernement, ont indiqué des responsables irakiens à Diyaruna.

Le « commerce illégal de drogue est dirigé par des milices armées liées à l'Iran », a fait savoir l'expert en questions militaires et stratégiques Muayyed Salem al-Juhaishi.

« Ces milices sont directement responsables du trafic de stupéfiants en Irak, qui est actuellement leur plus importante source de financement », a-t-il rapporté à Diyaruna.

Ces groupes armés sont des agents de l'Iran qui défendent leurs propres intérêts et ceux du régime iranien, aux dépens du peuple irakien, a-t-il affirmé.

Dans la province de Bassorah, les forces irakiennes en compagnie d'individus arrêtés pour trafic de drogue, sur cette photo d'archive du 5 décembre 2016. [Photo fournie par la police de Bassorah]

Dans la province de Bassorah, les forces irakiennes en compagnie d'individus arrêtés pour trafic de drogue, sur cette photo d'archive du 5 décembre 2016. [Photo fournie par la police de Bassorah]

Cela est dû au fait que le trafic de stupéfiants en provenance d'Iran a fait de l'Irak « un marché de la drogue florissant », a-t-il rapporté, un afflux de stupéfiants vendus à prix bas faisant courir aux jeunes d'Irak et d'ailleurs le risque de l'addiction.

Alors que la consommation de drogue augmente, d'autres formes de crimes se répandent aussi, a-t-il prévenu, créant ainsi une société qui est « sans défense, fragmentée, faible et sans futur ».

Al-Juhaishi a également accusé l'Iran de chercher à établir des plantations de drogue en Irak.

Cela transformerait l'Irak en couloir de trafic de drogue vers la Syrie et le Liban, et en ferait aussi un « producteur de plusieurs genres de stupéfiants », a-t-il indiqué.

« La drogue est un ennemi qui pénètre et corrompt la société depuis l'intérieur et la détruit », a-t-il ajouté, notant que cet effet dure pendant des générations.

Un plan stratégique pour réduire la consommation de drogue

Le ministère irakien de la Santé a mis en place un « plan stratégique » pour contenir l'épidémie de drogue, qui s'est aggravée ces dernières années à cause des milices soutenues par l'Iran, comme Asaib Ahl al-Haq, Kataib Imam Ali, Kataib Sayed al-Shuhada et Saraya al-Khorasani, a fait savoir à Diyaruna une source du ministère.

Ce plan porte principalement sur la sensibilisation, « car la prévention fait partie intégrante de la lutte », a expliqué cette source, demandant à conserver l'anonymat pour des raisons de sécurité.

En coordination avec les ministères de l'Éducation et de la Justice, ainsi que des organisations de la société civile, le ministère œuvre pour intensifier les programmes et les campagnes éducatives dans les écoles, les universités et d'autres institutions, a-t-elle poursuivi.

« Nous distribuons des millions de publications sur les dangers et les effets dévastateurs de la drogue », a-t-elle ajouté.

« Nous prévoyons également d'ouvrir un centre national de traitement de l'addiction d'une capacité de cent lits », a fait savoir cette source ministérielle, indiquant que « les services psychiatriques de tous les hôpitaux du pays traitent [déjà] toutes les formes d'addiction ».

Cette année, près de 5000 Irakiens ont cherché à être traités pour utilisation de drogues, les produits les plus courants en Irak étant la méthamphétamine, le Captagon, le Tramadol et les opioïdes, a précisé la source.

« Révolution contre la drogue »

Lors d'une conférence de presse en novembre, le chef de la police de Bassorah, Rashid Fleih, a fait savoir que 80 % des stupéfiants qui entrent dans la province viennent d'Iran.

Plus tôt cette année, le commandement de la police de Bassorah a lancé une « révolution contre la drogue », et a depuis procédé à de nombreuses arrestations, a rapporté à Diyaruna un agent de la police de Bassorah.

« Alors que [l'utilisation de drogues] a augmenté, suscitant l'inquiétude des habitants, nous avons décidé de lancer cette révolution », a rapporté l'agent. « Nous avons concentré nos efforts sur la traque et le ciblage des trafiquants et dealers de drogue. »

Six « trafiquants importants » impliqués dans la vente de drogues à de petits dealers ont récemment été tués lors d'opérations anti-stupéfiants, a-t-il rapporté.

Des mesures strictes ont été mises en place pour surveiller les cafés et les zones populaires où les jeunes se rassemblent, afin qu'elles ne soient pas utilisées par les dealers, a-t-il indiqué.

« Nous coopérons également avec des prédicateurs, des dignitaires et des leaders de communauté afin de sensibiliser et de lutter contre l'utilisation de drogues », a-t-il conclu.

Aimez-vous cet article?

0 COMMENTAIRE (S)

Politique Commentaire * INDIQUE CHAMP NÉCESSAIRE 1500 / 1500