Société

La négligence a conduit aux inondations en Iran, déclarent des analystes

Waleed Abou al-Khair au Caire

Un Iranien regarde les eaux balayer la zone où il habite lors de la récente inondation. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Un Iranien regarde les eaux balayer la zone où il habite lors de la récente inondation. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Les crues et les pluies torrentielles qui se sont abattues sur la majeure partie de l'Iran ces dernières semaines ont causé beaucoup de destruction et de morts.

Elles ont également révélé les lacunes de la gouvernance iranienne, ont expliqué des experts à Al-Mashareq, accusant le régime d'avoir négligé les infrastructures du pays et la préparation aux catastrophes naturelles, alors qu'il poursuit son programme politique externe.

Onze morts causées par l'inondation ont été signalées dans les 31 provinces d'Iran, et près de 62 personnes ont péri suite aux tempêtes qui ont commencé en mars.

« Les inondations et les torrents créés par les fortes pluies ont révélé la négligence dont beaucoup de personnes pâtissent dans de nombreuses régions d'Iran », a indiqué Fathi al-Sayed, chercheur spécialisé en affaires iraniennes du Centre Al-Sharq d'études régionales et stratégiques.

L'eau a envahi les maisons et les routes d'Iran et déplacé des milliers de personnes. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

L'eau a envahi les maisons et les routes d'Iran et déplacé des milliers de personnes. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Les autorités iraniennes « sont responsables de cette situation, après avoir détourné les richesses du pays pour financer les projets du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) à l'étranger », a-t-il expliqué, avec des fonds qui auraient pu être consacrés à la modernisation des infrastructures plutôt qu'à des groupes armés.

Le régime iranien a choisi de financer ses affiliés armés « plutôt que de développer les plans nécessaires pour répondre à de telles urgences », a-t-il indiqué à Al-Mashareq.

Le problème n'est pas tant lié aux pertes causées par la tempête, car cela pourrait arriver dans n'importe quel pays, a-t-il souligné, mais « l'étendue de la corruption généralisée qui a mené à la négligence ».

Si des barrages avaient été construits et entretenus, de nombreuses zones auraient pu éviter des catastrophes et des déplacements massifs, a-t-il affirmé, ajoutant que ce type d'infrastructure est particulièrement important dans les régions agricoles arides, sujettes aux inondations.

Au lieu de mettre en place une infrastructure qui aurait pu aider, a-t-il poursuivi, le régime a aggravé la situation en déboisant des zones qui auraient pu servir de barrières naturelles pour retenir les torrents d'eau de pluie.

Par ailleurs, les canaux qui auraient absorbé une grande partie des excédents d'eau de pluie n'ont pas été nettoyés depuis des années, a-t-il précisé.

Les Iraniens en colère

La négligence des autorités iraniennes provient du non-versement des crédits budgétaires pour leur objectif spécifique, a déclaré le chercheur Sheyar Turko, spécialiste du CGRI et de ses méthodes de financement.

Il a également pointé le manque de soutien financier du régime en faveur de projets de développement et d'infrastructure, notant que le puissant CGRI « a détourné tout cet argent pour servir ses propres intérêts », au détriment de nombreuses régions du pays.

« Les Iraniens expriment leur colère depuis que les conséquences des inondations sont connues », a déclaré Mazen Zaki, directeur du nouveau département média du Centre Ibn al-Waleed d'études et de recherche sur le terrain d'Égypte.

Les réseaux sociaux sont submergés de commentaires et d'images qui révèlent l'étendue de la colère des gens, a-t-il rapporté à Al-Mashareq, notant que les Iraniens souffrent déjà en raison de l'effondrement de l'économie et du chômage endémique.

Les commentaires soulignent le « manque d'aide réelle pour les civils déplacés, l'absence d'institutions gouvernementales dans les zones touchées, et l'incapacité des institutions gouvernementales à les aider malgré l'ampleur du désastre », a ajouté Zaki.

Tentative d'éviter la responsabilité

Alors que l'étendue du désastre devient évidente, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a essayé d'éviter la responsabilité de la situation, accusant dans un message sur les réseaux sociaux les sanctions américaines d'avoir entraîné un manque d'hélicoptères.

Mais le secrétaire d'État américain Mike Pompeo a refusé cette accusation, soulignant que les sanctions ne représenteraient aucun obstacle à une réelle assistance en cas de catastrophe.

« Ces inondations montrent à nouveau la mauvaise gestion du régime iranien en termes de planification urbaine et de préparation aux urgences », a déclaré Pompeo dans un communiqué.

« Le régime accuse des organismes externes, alors que c'est sa mauvaise gestion qui a conduit à ce désastre », a indiqué Pompeo.

« Les États-Unis sont prêts à apporter leur aide et leur contribution à la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, qui canaliseront ensuite les fonds par le biais du Croissant-Rouge iranien pour apporter de l'aide », a-t-il déclaré.

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