Selon des analystes, la tentative de l'EIIS de se regrouper au Yémen est vouée à l'échec

La branche yéménite de « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) s'est lancée dans une tentative agressive pour renforcer et consolider sa présence dans la province d'al-Bayda, dans le sud du pays, mais celle-ci a peu de chance d'aboutir, ont déclaré des experts.

Cela est dû au fait que l'EIIS est confronté à l'opposition acharnée de son rival al-Qaïda, les combats en cours entre les deux groupes extrémistes les affaiblissant tous les deux, et parce que la population locale ne l'accepte pas, ont-ils déclaré.

Malgré cet environnement inhospitalier, la « Wilayat al-Yemen » de l'EIIS a publié mercredi 3 avril une nouvelle vidéo dans laquelle il encourage ses partisans à « immigrer » vers ses bastions à al-Bayda.

Dans cette vidéo, publiée sur les réseaux sociaux par divers comptes extrémistes, l'EIIS encourage ses partisans à venir jusqu'à al-Bayda et annonce qu'il est « interdit » de vivre dans les zones qui ne sont pas sous son contrôle, décrivant ces régions comme des « refuges de koufar ».

Il exhorte les professionnels de la médecine, les administrateurs et les prédicateurs à venir, contribuant ainsi à la création du prétendu « État islamique » au Yémen, et affirme son allégeance au dirigeant de l'EIIS, Abou Bakr al-Baghdadi.

Une décision qui révèle sa faiblesse

Dans un message publié mardi sur les réseaux sociaux, Elisabeth Kendall, chercheuse à l'université d'Oxford, a commenté que « l'EIIS va de mal en pis ».

Elle a souligné que le groupe avait tenté de justifier la destruction d'un puits et d'une pompe dans la région d'al-Qayfa à al-Bayda la semaine dernière en décrivant cette activité criminelle comme une « guerre économique contre les ennemis de Dieu ».

La bataille entre l'EIIS et al-Qaïda s'est intensifiée, a-t-elle poursuivi, notant que les « Fils d'al-Qayfa », partisans d'al-Qaïda, ont offert une récompense de cinq millions de riyals yéménite (20 000 dollars) pour Khalid al-Marfadi, leader de l'EIIS à Yakla.

Dans le conflit en cours entre al-Qaïda et l'EIIS, ce dernier semble être celui qui subit le plus de pressions, a indiqué le politologue Adnan al-Humairi à Al-Mashareq.

Il semble que l'EIIS a subi de lourdes pertes dans ses bastions à Yakla, les tribus de cette région ayant soutenu des dirigeants d'al-Qaïda originaires de la tribu, a-t-il rapporté.

L'annonce d'une récompense en liquide pour al-Marfadi « confirme qu'il a disparu de son refuge principal à Yakla et qu'il ne s'y trouve plus », a-t-il ajouté.

L'EIIS tente de se regrouper

Al-Humairi a expliqué que l'invitation à « immigrer » vers al-Bayda que l'EIIS a faite à ses partisans est une preuve qu'il a perdu beaucoup de ses combattants et qu'il a besoin de recruter de nouveaux membres, au Yémen et ailleurs.

« Sa demande de médecins et de spécialistes semble également montrer que le groupe a des membres blessés ayant besoin de soins médicaux », a-t-il noté.

« Cela indique que l'EIIS n'a pas réussi à attirer des membres de tribus d'al-Qayfa, et c'est pour cette raison qu'il encourage les éléments de l'EIIS ayant perdu leur position en Syrie et en Irak à immigrer au Yémen », a-t-il poursuivi.

« Le but de l'EIIS pour le moment est de se regrouper et de recouvrer ses forces dans d'autres zones à al-Bayda », a-t-il déclaré. « Une fois regroupé, il cherchera une nouvelle stratégie pour affronter al-Qaïda. »

« La plupart des éléments de l'EIIS viennent de l'étranger et ne sont pas acceptés par les communautés locales, compte tenu de ce qui est arrivé en Syrie et en Irak en termes de destruction », a-t-il déclaré.

Avec son appel à ses partisans pour « immigrer » à al-Bayda, l'EIIS cherche à concentrer ses forces dans des régions spécifiques, a affirmé le politicien et chercheur Adel al-Shoujaa à Al-Mashareq.

Cela montre que le groupe s'occupe pour l'instant de se regrouper plutôt que de combattre, a-t-il déclaré.

« La vidéo de l'EIIS destinée à ses sympathisants a été faite pour préparer le Yémen à recevoir des éléments de l'EIIS venus de Syrie », a-t-il conclu, soulignant que cette vidéo « est comme un appel à se préparer à une nouvelle situation ».