Réfugiés

Les réfugiés syriens au Liban espèrent rentrer chez eux

Nohad Topalian à Beyrouth

Des réfugiés syriens travaillent dans un champ agricole dans la vallée libanaise de la Bekaa. [Nohad Topalian/Al-Mashareq]

Des réfugiés syriens travaillent dans un champ agricole dans la vallée libanaise de la Bekaa. [Nohad Topalian/Al-Mashareq]

De nombreux réfugiés syriens au Liban attendent de rentrer dans leur pays.

Bien que certains soient au Liban depuis plus de sept ans, beaucoup hésitent encore à rentrer parce qu'ils estiment que la situation n'est pas assez sûre.

Khodr Mohammed Yassin, originaire de la Ghouta orientale en Syrie, vit avec sa famille dans un camp de réfugiés informel à Bar Elias, dans la vallée de la Bekaa.

« Aucun de nous ne souhaite rester au Liban », a expliqué ce père de 45 ans à Al-Mashareq.

Une Syrienne regarde ses enfants jouer devant une tente dans le camp de réfugiés de Bar Elias au Liban. [Nohad Topalian/Al-Mashareq]

Une Syrienne regarde ses enfants jouer devant une tente dans le camp de réfugiés de Bar Elias au Liban. [Nohad Topalian/Al-Mashareq]

« Je veux rentrer avec ma famille, ma femme et mes six enfants, mais j'ai perdu tout ce que je possédais là-bas », a-t-il expliqué.

« Je suis parti précipitamment de chez moi lorsque notre quartier a été pris sous des bombardements horribles, et je n'ai emporté avec moi aucun document prouvant que j'étais propriétaire de ma maison », a ajouté Yassin.

De plus, a-t-il poursuivi, retourner aujourd'hui en Syrie « n'est pas sûr pour les hommes de mon âge, parce que le régime, qui avait exclu toute conscription obligatoire, exige aujourd'hui de ceux qui rentrent qu'ils rejoignent les rangs de son armée », a-t-il expliqué.

« Je ne veux pas, parce que j'ai déjà fait mon service».

« J'ai hâte de rentrer »

« J'ai hâte de rentrer dans mon pays et dans ma modeste maison, dans la campagne d'al-Qusayr, mais ce n'est actuellement pas possible, parce que le régime doit encore autoriser un retour dans cette zone », a expliqué à Al-Mashareq le réfugié syrien Ibrahim Burhan.

« J'attend que les conditions soient bonnes et sûres pour rentrer avec ma famille et mes nombreux enfants et petits-enfants pour regagner la dignité qui nous a été volée et vivre une vie normale », a-t-il ajouté. « Nous en avons assez de vivre sous des tentes dans des conditions difficiles».

« Je pense sérieusement à rentrer bientôt, même si j'ai perdu tout ce que j'avais », a déclaré Aïsha al-Khalil, réfugiée orginaire d'Alep.

« Je communique avec ceux qui sont rentrés à Alep pour savoir si les conditions de vie seraient satisfaisantes pour y accompagner mon père », a-t-elle précisé à Al-Mashareq.

Dans une enquête conduite par le Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés (HCR), le désir des réfugiés syriens de rentrer dans leur patrie « ressort très clairement », a précisé Lisa Abou Khaled, responsable des informations publiques du HCR.

« Cette enquête a montré que 86 % des réfugiés syriens au Liban souhaitent rentrer en Syrie », a-t-elle expliqué à Al-Mashareq, à condition que cela se fasse sur une base volontaire, sûre et dans la dignité.

« Le HCR travaille activement à assurer un retour réussi et durable aux réfugiés syriens dans leur pays, cela fait partie de notre mission », a-t-elle indiqué.

« Nous les interrogeons, respectons leur décision et ne prenons pas la décision de rentrer à leur place », a-t-elle ajouté.

Des craintes persistantes

Certains Syriens ont choisi de rentrer dans leur patrie maintenant, dans des convois organisés par la Direction de la sécurité publique ou de leur propre initiative, a ajouté Abou Khaled.

« Notre rôle est de les aider en veillant à ce qu'ils aient en leur possession tous les documents nécessaires, et nous essayons de leur rendre visite dès que possible après leur retour », a-t-elle précisé.

« Dans le cas de ceux qui voient encore des obstacles sur le chemin de leur retour, nous travaillons avec les autorités compétentes au Liban et en Syrie pour lever ces obstacles afin qu'ils soient suffisamment confiants pour pouvoir rentrer», a-t-elle poursuivi.

Plus de 83 % des réfugiés syriens souhaitent rentrer « en fin de compte », a déclaré à Al-Mashareq Akram Chhayeb, ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur.

Mais seulement 5 % d'entre eux souhaitent rentrer cette année, a-t-il poursuivi, soulignant les craintes persistantes parmi la population réfugiée relative à la détention par le régime syrien et les disparitions forcées de milliers de personnes depuis le déclenchement de la révolution.

Un règlement politique en Syrie ouvrira la voie à la mise en œuvre d'une politique sûre du retour qui a été avalisée par le gouvernement libanais, a-t-il ajouté.

Et Chhayeb de conclure: « Personne ne peut prédire le nombre de réfugiés qui rentreraient dans les conditions actuelles en Syrie, car les conditions nécessaires à un retour sûr n'existent pas encore».

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4 COMMENTAIRE (S)

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Je suis un Syrien entré illégalement au Liban. Suis-je autorisé à partir via l'aéroport vers l'Arabie saoudite? J'ai un passeport, un visa saoudien et un billet d'avion.

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Je voudrai partir en Europe pour y vivre et sécuriser mon avenir. J'espère que la Haute commission pour les réfugiés sortira les réfugiés du Liban pour qu'ils trouvent la sécurité et la stabilité ailleurs. J'espère qu'elle les emmènera en Europe le plus tôt que possible.

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Personnellement, je ne veux pas y retourner. Je sais ce qui se passera à mon retour. Et vous savez à quoi ressemble le régime.

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Je ne pense pas qu'une personne raisonnable retournera. Les éléments de base de la vie ne sont pas disponibles sous ces circonstances. Le gouvernement syrien ne peut pas créer les conditions de vie nécessaires, y compris l'infrastructure, les écoles et les soins médicaux.

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