Politique

Le Liban salue la levée de l'interdiction de voyage de l'Arabie saoudite

Nohad Topalian à Beyrouth

Des chaises longues vides dans une station balnéaire de la corniche de Beyrouth, sur cette photo d'archive du 26 juin 2013. La récente décision de l'Arabie saoudite de lever son interdiction de voyager au Liban devrait stimuler l'économie libanaise et le secteur du tourisme. [Joseph Eid/AFP]

Des chaises longues vides dans une station balnéaire de la corniche de Beyrouth, sur cette photo d'archive du 26 juin 2013. La récente décision de l'Arabie saoudite de lever son interdiction de voyager au Liban devrait stimuler l'économie libanaise et le secteur du tourisme. [Joseph Eid/AFP]

La décision de l'Arabie saoudite d'annuler l'interdiction pour ses ressortissants de se rendre au Liban aura un impact positif sur l'économie et le tourisme du Liban, ont affirmé plusieurs responsables politiques et représentants du secteur du tourisme à Al-Mashareq.

L'ambassadeur du royaume au Liban, Waleed al-Bukhari, a annoncé le 13 février la levée de cette interdiction, qui était en vigueur depuis novembre 2017.

Cette décision avait été prise pour des raisons de sécurité, qui avaient incité le royaume à décourager ses ressortissants de se rendre au Liban, or ces inquiétudes « n'existent plus », a-t-il déclaré.

La levée de l'interdiction est « une mesure importante, et elle tient une promesse que l'Arabie saoudite avait faite à ses ressortissants concernant l'annulation de l'interdiction de se rendre au Liban jusqu'à la formation d'un nouveau gouvernement », a indiqué à Al-Mashareq le ministre libanais du Tourisme, Avedis Guidanian.

Après huit mois d'impasse, le Premier ministre Saad al-Hariri a annoncé le 31 janvier la création d'un nouveau gouvernement.

« Il est évident pour nous que la mise en place du gouvernement était une étape essentielle requise par le royaume dans cette décision », a déclaré Guidanian.

La levée de l'interdiction aura un impact positif sur tous les secteurs, en particulier le tourisme, a-t-il déclaré, ajoutant que la décision saoudienne « prépare le terrain pour que d'autres États du Golfe annoncent la levée de leurs interdictions de déplacement à leurs nationaux ».

Cela aura un impact significatif sur l'économie, a-t-il poursuivi, le tourisme en provenance des États du Golfe étant « le pilier du tourisme libanais et le moteur principal pour tous les secteurs ».

Le ministère « a pris la décision de prendre soin des touristes saoudiens en les recevant bien et avec hospitalité et honneur afin de renforcer leur confiance envers le Liban », a déclaré Guadanian.

Emplois et investissements

Les institutions économiques et le Conseil commercial libano-saoudien faisaient pression depuis longtemps pour la levée de l'interdiction de voyage imposée aux ressortissants saoudiens, a ajouté pour sa part Pierre Ashkar, directeur de l'Association des propriétaires d'hôtels.

« Nous avions présenté aux responsables saoudiens et émiriens nos observations sur les aspects négatifs et le mal que cette interdiction causait à la population et à l'économie du Liban », a-t-il indiqué à Al-Mashareq.

Les Émirats arabes unis ont eux aussi interdit à leurs ressortissants de se rendre au Liban fin 2017, a-t-il rapporté, et « nous leur avons fait part de notre espoir qu'ils annulent cette décision ».

Les touristes du Golfe, notamment les Saoudiens, sont « des investisseurs, des employeurs et des créateurs d'emploi, d'investissements et de partenariats », a précisé Ashkar.

« Le tourisme est le moteur de l'économie », a-t-il affirmé. « Il commence à l'aéroport et dans les taxis, jusqu'aux hôtels, aux restaurants et aux centres commerciaux. »

Les Saoudiens dépensent beaucoup dans tous ces domaines, a fait savoir Ashkar.

Faire renaître la confiance envers le Liban

La décision de lever cette interdiction de voyage est « importante pour le Liban en général », a affirmé Massaad Fares, secrétaire du syndicat immobilier Real Estate Syndicate of Lebanon (REAL).

Son impact sera positif pour tous les secteurs, mais surtout celui du tourisme, a-t-il ainsi déclaré à Al-Mashareq.

Fares a expliqué s'attendre au retour des investissements saoudiens au Liban, tout en précisant qu'il faudra du temps pour faire renaître la confiance des investisseurs envers le Liban.

Il a également exprimé l'espoir que la levée de l'interdiction saoudienne encouragera d'autres États du Golfe à faire de même, les Émirats en particulier.

Après le déclenchement de la crise syrienne en 2011, le Liban a perdu son avantage touristique à cause de la fermeture du passage frontalier terrestre avec la Syrie, a expliqué Sabine Oueiss, rédactrice économique d'An-Nahar.

L'interdiction de voyage imposée par les États du Golfe « a fait chuter les revenus du tourisme, qui sont passés de 9 à environ 5 milliards de dollars », a-t-elle rapporté à Al-Mashareq.

Rétablissement des liens avec les États du Golfe

Bien qu'il soit probable que la levée de cette interdiction augmente les revenus du tourisme, Oueiss a indiqué que l'importance première de cette décision tient à son impact politique, et au rétablissement de liens normaux entre le Liban et l'Arabie saoudite et les États du Golfe.

Cette décision aide le Liban à revenir auprès de ses voisins arabes, car le pays ne peut pas faire partie de l'axe Iran-Syrie, a-t-elle ajouté, surtout maintenant avec les sanctions internationales contre l'Iran et le Hezbollah.

« Nous savons tous que lorsque le Liban était coupé des pays voisins, il était sous surveillance internationale à cause du contrôle que le Hezbollah exerçait sur certaines institutions du pays », a-t-elle déclaré.

Après sa démission choc en novembre 2017, al-Hariri avait accusé le Hezbollah de ne pas respecter la politique de « dissociation » du Liban envers les conflits régionaux en combattant aux côtés du régime syrien et en apportant son soutien aux Houthis (Ansarallah) au Yémen.

Il n'avait cependant pas totalement exclu de renoncer à cette démission si le Hezbollah mettait fin à son implication dans les conflits régionaux, et avait ensuite annoncé qu'il suspendait sa décision, offrant ainsi une possibilité de sortie à la crise politique.

Lors d'un discours galvanisant devant un grand nombre de ses partisans rassemblés devant son domicile à Beyrouth, il avait juré qu'il resterait dans le pays pour en protéger la stabilité.

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