Politique

Une étude libanaise sur la jeunesse et la politique sectaire

Nohad Topalian à Beyrouth

Le Centre Rashad pour la gouvernance culturelle de la Fondation Adyan a organisé le 24 janvier à l'hôtel Gefinor Rotana de Beyrouth un séminaire sur le rôle des jeunes dans la vie politique. [Nohad Topalian/Al-Mashareq]

Le Centre Rashad pour la gouvernance culturelle de la Fondation Adyan a organisé le 24 janvier à l'hôtel Gefinor Rotana de Beyrouth un séminaire sur le rôle des jeunes dans la vie politique. [Nohad Topalian/Al-Mashareq]

Une nouvelle étude examinant l'impact du sectarisme sur les habitudes de vote des jeunes Libanais vise à faire la lumière sur cette question et à aider les représentants du gouvernement et les leaders de la société civile à encourager les jeunes électeurs à participer à la vie citoyenne.

Cette étude sur les primo-électeurs a été effectuée par le Centre Rashad pour la gouvernance culturelle de la Fondation Adyan en mars 2018 sur un échantillon de 1000 jeunes âgés de 21 à 28 ans dans tout le pays.

Sur les personnes interrogées, 50,8 % ont déclaré avoir voté aux élections législatives, la majorité d'entre eux (28,9 %) déclarant qu'ils l'ont fait parce que leur parti politique s'était présenté.

Les résultats de cette étude ont été révélés lors d'un séminaire le 24 janvier intitulé « Le rôle des jeunes Libanais dans la vie politique : impact du sectarisme et recherche du changement » et organisé à l'hôtel Gefinor Rotana à Beyrouth.

Selon l'étude, 37,4 % des participants ont déclaré que la raison principale pour laquelle ils avaient utilisé le vote préférentiel, c'est-à-dire que le votant ne peut choisir qu'une liste complète avec un vote préférentiel pour un candidat en particulier, était « pour élire un candidat compétent ».

Par ailleurs, 28,9 % ont indiqué avoir voté pour un parti.

L'étude a également révélé que 51,7 % des participants avaient déclaré que le nouveau Code électoral, basé sur une représentation proportionnelle, était meilleur que le précédent.

Les participants du séminaire ont conclu qu'il est dans l'intérêt du public libanais d'éliminer le cadre sectaire en faveur d'une approche citoyenne qui embrasse la diversité, et de donner un rôle plus actif à la société civile.

Répondre au sectarisme politique

Ce séminaire a été organisé après les élections municipales de 2016 et les élections législatives du 6 mai 2018, « qui ont connu un taux de participation élevé dans toutes les couches de la société », a indiqué Fadi Daou, président d'Adyan.

Le sondage sur l'impact du sectarisme sur les choix des jeunes Libanais « a fait apparaître une conviction accrue dans leur rôle actif dans la vie politique et le besoin de changement de la société libanaise », a-t-il rapporté à Al-Mashareq.

La Fondation Adyan cherche à examiner les questions politiques et le rôle des jeunes dans la vie politique, l'impact du sectarisme et la recherche du changement, afin de clarifier tous ces concepts, a-t-il expliqué.

Le but est de « rejeter le sectarisme politique et le remplacer par un système politique évolué fondé sur la citoyenneté », a ajouté Daou.

La fondation souhaite également « faire comprendre aux décideurs politiques et à l'opinion publique l'importance d'une citoyenneté qui embrasse la diversité », a-t-il poursuivi.

Elle cherche à « ouvrir une discussion directe et franche entre responsables politiques, société civile et milieux universitaires sur des sujets qu'ils n'osaient pas aborder jusqu'à présent », a-t-il indiqué.

Ce serait notamment le rôle des organisations de la société civile dans la mise en œuvre du changement politique, et la façon de débarrasser le pays du sectarisme politique tout en préservant un système politique à plusieurs partis, a déclaré Daou.

« Besoin urgent de changement politique »

Pour éloigner la politique du sectarisme, il faut « sensibiliser, tenir les personnes au pouvoir responsables de leurs actes, et que les leaders [partisans] ne soient pas réélus », a affirmé à Al-Mashareq la députée libanaise Paula Yacoubian.

Le parlement libanais a rejeté en 2010 un projet de loi qui demandait que l'âge du droit de vote passe de 21 à 18 ans, et a reporté un accord pour abaisser l'âge du droit de vote en 2018.

Cela a provoqué « l'apathie des jeunes envers les élections et l'action politique, ce qui rend le changement difficile », a indiqué à Al-Mashareq Assem Shaia, directeur exécutif de l'organisation Advanced Democracy for Sustainable Peace.

« Il existe un besoin urgent de changement politique, à commencer par la société civile », a affirmé Gilbert Doumit, spécialiste en développement institutionnel et en développement social et économique, à Al-Mashareq.

Doumit est un membre fondateur de la coalition Li Baladi (Pour mon pays). Il est aussi membre de Beirut Madinati (Beyrouth ma ville), une campagne politique menée par des bénévoles qui a participé aux élections législatives sur la liste électorale Kollouna Watani (Nous sommes tous patriotes).

Les organisations de la société civile continuent « de s'organiser, de clarifier leur relation avec les citoyens, de mener des recherches et de proposer des solutions alternatives innovantes aux problèmes politiques pour poursuivre le changement », a-t-il expliqué.

« Après avoir vécu les élections, il va nous falloir faire beaucoup pour garantir aux citoyens que nous voulons diriger le pays de façon éthique et compétente, ce pour quoi nous continuons à rechercher le changement », a-t-il déclaré.

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