Terrorisme

Alors que l'EIIS faiblit au Sinaï, il lance des attaques ailleurs en Égypte

AFP et Al-Mashareq

Une foule se rassemble le 3 novembre alors que des chrétiens coptes portent les cercueils des victimes d'un attentat qui s'est déroulé la veille, après une cérémonie matinale à l'église du Prince Tadros, dans la province de Minya, dans le sud de l'Égypte. [Mohammed al-Shahed/AFP]

Une foule se rassemble le 3 novembre alors que des chrétiens coptes portent les cercueils des victimes d'un attentat qui s'est déroulé la veille, après une cérémonie matinale à l'église du Prince Tadros, dans la province de Minya, dans le sud de l'Égypte. [Mohammed al-Shahed/AFP]

Alors que « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) subit une intense offensive militaire dans la péninsule égyptienne du Sinaï, le groupe essaie de mener des attaques dans d'autres parties du pays pour compenser une partie de ses pertes, rapportent des experts.

L'armée égyptienne mène depuis février une opération de grande envergure baptisée « Sinaï 2018 », qui a pour but de neutraliser les extrémistes dans cette région désertique.

Mais après plusieurs mois de calme, l'EIIS a revendiqué vendredi 2 novembre une attaque dans le centre de l'Égypte qui a entraîné la mort de six pèlerins chrétiens coptes et d'un anglican.

Des hommes armés ont ouvert le feu sur les fidèles lorsqu'ils rentraient chez eux dans un bus depuis le monastère Saint Samuel, dans la province de Minya au sud de la capitale égyptienne.

« Alors que l'EIIS est affaibli au Sinaï, il tente de lancer des opérations ailleurs en Égypte », a déclaré Moustapha Kamel al-Sayyid, professeur de sciences politiques à l'université du Caire.

La province de Minya fournit un « terreau fertile » aux opérations terroristes, a-t-il expliqué.

« Les islamistes sont enracinés dans le centre et le nord de l'Égypte, en particulier à Minya et à Assiut ; il n'est pas difficile pour eux de recruter dans cette région », a affirmé al-Sayyid.

Les coptes, une minorité chrétienne représentant 10 % des 97 millions d'habitants que compte l'Égypte, ont été ces dernières années pris pour cible par l'EIIS de façon répétée.

La dernière attaque en date a été précédée d'une autre en mai 2017, également revendiquée par l'EIIS, et lors de laquelle des hommes armés et masqués ont ordonné à des chrétiens se rendant à Saint Samuel de descendre de leurs bus et de renoncer à leur foi.

Les pèlerins ont refusé et ont été abattus un par un, faisant 28 victimes.

Depuis décembre 2016, les attentats terroristes en Égypte ont causé la mort de plus de 100 chrétiens.

Le but des extrémistes est de montrer que « l'Égypte n'est pas stable », a expliqué al-Sayyid, alors même que l'opération au Sinaï a déjà fait selon l'armée plus de 450 morts dans les rangs des extrémistes de février à octobre.

« Un énorme problème »

H.A. Hellyer, chercheur principal non résident à l'Atlantic Council et à l'institut Royal United Services de Londres, a fait savoir que cette récente attaque « montre que la question plus vaste de l'instrumentalisation du sectarisme soutenant certaines parties de l'opposition extrémiste radicale continue d'être un énorme problème ».

Le groupe égyptien Ansar Beït al-Maqdis a juré fidélité à l'EIIS en 2014, profitant de l'expertise et du soutien logistique du groupe terroriste.

Ces extrémistes ont ensuite multiplié leurs attaques contre des civils, posant une bombe dans un avion de ligne russe ramenant des touristes d'une station dans le sud du Sinaï en 2015, tuant les 224 personnes à bord.

L'attaque de vendredi dans la province de Minya a montré que l'EIIS peut toujours frapper en dehors de la péninsule, malgré le fait qu'il ne lui reste plus que quelques centaines de combattants qui subissent une pression toujours croissante en Égypte, selon des experts.

En plus des attaques contre les coptes, les extrémistes ont tué des centaines de soldats et de policiers en Égypte ces dernières années, et seraient responsables de l'attentat de novembre 2017 contre une mosquée dans le nord du Sinaï, qui avait fait plus de 300 morts.

Après cette attaque, al-Sissi a donné à ses forces de sécurité trois mois pour rétablir l'ordre au Sinaï.

Les autorités égyptiennes ont également condamné des extrémistes pour leur rôle dans les attaques contre des coptes.

Le mois dernier, un tribunal militaire égyptien a condamné à mort 17 personnes pour des attentats suicides contre des églises en 2016 et 2017.

L'Égypte a aussi organisé plusieurs exercices militaires conjoints cette année pour renforcer ses capacités et sa préparation antiterroristes, y compris les manœuvres baptisées « Bright Star 2018 », qui se sont déroulées en septembre conjointement avec les États-Unis et d'autres partenaires.

Ces manœuvres ont porté principalement sur la coopération en matière de sécurité, de lutte antiterroriste et sur un entraînement à différents scénarios de menace impliquant des méthodes de guerre conventionnelles et asymétriques.

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2 COMMENTAIRE (S)

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D'ailleurs, tuer les chrétiens en Égypte se produisait avant l'apparition des éléments de l'EIIS et al-Kushh est la meilleure preuve de cela. Lorsqu'un problème survient entre un chrétien et un musulman, il s'étend toujours et s'enflamme, même si les musulmans s'entretuent entre eux plus qu'ils ne tuent les chrétiens. Cela signifie que l'injustice existe pour tous, ou du moins, pour le faible. La solution est d'appliquer la loi pour tous, riche ou pauvre, puissant ou faibe, fort ou vulnérable ; ils sont tous égaux. La solution peut être appliquée seulement par la police, et dans ce cas tout le monde sera soulagé.

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Que l'armée vienne et nettoie al-Menya et rende sa population comme celle de la population du Sinaï pour que nous soyons soulagés. A propos, j'habite à al-Menya, et en particulier à Samalout. Nous et les chrétiens sommes une seule famille.

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