Terrorisme

Des coptes en colère pleurent les victimes de l'attaque contre un bus en Égypte

AFP

Samedi 3 novembre, des chrétiens coptes portent les cercueils de victimes tuées lors d'une attaque de l'EIIS vendredi, après une cérémonie à l'église du Prince Tadros dans la province égyptienne de Minya. [Mohamed el-Shahed/AFP] 

Samedi 3 novembre, des chrétiens coptes portent les cercueils de victimes tuées lors d'une attaque de l'EIIS vendredi, après une cérémonie à l'église du Prince Tadros dans la province égyptienne de Minya. [Mohamed el-Shahed/AFP] 

Alors que les chrétiens égyptiens pleurent leurs proches morts par balles dans un bus transportant des pèlerins au sud du Caire, le ministère de l'Intérieur a annoncé dimanche 4 novembre que 19 suspects liés à l'attaque avaient été abattus lors d'échanges de coups de feu avec la police.

Par le biais de son agence de propagande Amaq, « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) a revendiqué l'attaque de vendredi à proximité de la ville de Minya qui a causé la mort de sept chrétiens lors de leur retour du monastère de Saint Samuel dans le désert.

Une source proche de la sécurité a déclaré que sept autres personnes avaient été blessées lors de l'affrontement.

Sous la garde rapprochée de membres des forces de la sécurité cagoulés, des centaines de coptes en colère se sont rassemblés samedi dans l'église du Prince Tadros à Minya et ses alentours pour l'enterrement de six des victimes.

La septième victime, un anglican, a été enterrée vendredi soir dans un village proche.

Après les prières de samedi, les corps ont été transportés dans des cercueils blancs ornés de gerbes de fleurs blanches. Ils ont été mis en terre dans un cimetière copte proche.

Après cette attaque, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a appelé le pape copte Théodore II pour lui présenter ses condoléances et a conduit une minute de silence lors d'un forum de la jeunesse.

« Lorsqu'un Égyptien tombe dans une attaque terroriste, nous souffrons, et tous les Égyptiens souffrent », a-t-il affirmé, appelant les Égyptiens à se battre contre la discrimination religieuse.

Des fugitifs traqués

Les hommes tués dans l'échange de coups de feu avec la police étaient membres de la cellule impliquée dans l'attaque de vendredi dans la province de Minya, a fait avoir le ministère de l'Intérieur dans un communiqué.

Les 19 suspects ont été trouvés « dans le cadre d'une traque d'éléments terroristes impliqués dans des opérations hostiles dans le pays, y compris la récente attaque à main armée, qui a pris pour cible des citoyens revenant du monastère de Saint Samuel », a-t-il indiqué.

Des raids ont été effectués dans le désert montagneux de l'ouest de la province de Minya pour traquer les « éléments terroristes fugitifs », a déclaré le ministère.

Plusieurs chaînes de télévision égyptiennes ont diffusé des images fournies par le ministère de l'Intérieur montrant les corps d'hommes armés étendus sur le sable du désert.

Ces images ont également montré une tente qui aurait été utilisée par la cellule, et un drapeau noir de l'EIIS.

Peur de nouvelles attaques

Des dizaines de membres des familles des victimes avaient attendu pendant tout vendredi devant l'hôpital principal de Minya pour recevoir les corps afin de les enterrer.

Une femme âgée a pleuré la mort de son fils assise à même le sol devant la morgue de l'hôpital.

« C'était le meilleur des enfants [...]. Jamais plus je ne le verrai », s'est-elle lamentée.

Les forces de sécurité sont restées en alerte devant l'hôpital par crainte de nouvelles attaques, et les routes menant à la scène de la fusillade ont été fermées.

Un prêtre copte, demandant à conserver l'anonymat, a fait savoir que près de 24 personnes avaient échappé à l'attaque et avaient passé la nuit dans l'église d'un village proche.

Samedi, un véhicule tout-terrain incendié, que des témoins ont dit avoir été utilisé par un groupe de militants, se trouvait près du lieu de l'attentat.

Les habitants avaient attaqué le véhicule et avaient remis deux activistes aux forces de sécurité.

Cibles répétées de l'EIIS

Les coptes, une minorité chrétienne représentant 10 % des 97 millions d'habitants que compte l'Égypte, ont été visés à plusieurs reprises ces dernières années par l'EIIS.

En mai 2017, des hommes armés masqués ont ordonné à des chrétiens se rendant à Saint Samuel de descendre de leurs bus et de renoncer à leur foi.

Ils ont refusé et ont été exécutés un par un ; au total, ce sont 28 personnes qui ont trouvé la mort lors de cette attaque revendiquée par l'EIIS.

L'EIIS a également tué plus de 40 personnes lors de deux attentats à la bombe contre des églises en avril 2017, et un homme armé de l'EIIS a tué neuf personnes en décembre dernier lors d'une attaque contre une église dans une banlieue au sud du Caire.

L'armée égyptienne a lancé en février 2018 une grande offensive contre l'EIIS dans le Sinaï, qui a permis de neutraliser plus de 450 extrémistes selon une estimation de l'armée.

L'Égypte souhaite empêcher d'autres attaques de ce type en améliorant la préparation et les capacités antiterroristes grâce à des entraînements et des manœuvres comme « Bright Star 2018 », organisée en septembre en coopération avec les États-Unis et d'autres partenaires.

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