Analyse

Les milices appuyées par l'Iran menacent la souveraineté irakienne, estiment des analystes

Faris Omran

Des milices irakiennes appuyées par l'Iran participent à un entraînement au combat, sur cette photo diffusée par les brigades de l'Imam Ali le 11 octobre 2018.

Des milices irakiennes appuyées par l'Iran participent à un entraînement au combat, sur cette photo diffusée par les brigades de l'Imam Ali le 11 octobre 2018.

Les milices appuyées par l'Iran qui opèrent en Irak, notamment le Kataeb Hezbollah (brigades du parti de Dieu) et les brigades Badr, portent atteinte à la souveraineté de l'Irak, ont expliqué plusieurs analystes à Diyaruna.

Ces factions armées suivent en effet les directives du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI), poursuivent-ils, et opèrent avec le plus grand mépris de la loi irakienne.

Bien qu'ils aient participé aux récents combats contre « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS), le Kataeb Hezbollah et les autres milices appuyées par l'Iran « n'ont jamais prêté allégeance à l'État irakien », a expliqué à Diyaruna l'expert en stratégie Alaa al-Nashou.

Ces milices obéissent aux ordres du major général Qassem Souleimani, commandant la Force Qods du CGRI, et affichent « un mépris total pour les lois irakiennes », a-t-il précisé.

« Depuis leur apparition, ces brigades et milices [appuyées par l'Iran] n'ont jamais été sous le contrôle de l'État irakien, et ont au contraire tout fait pour saper la souveraineté irakienne », a-t-il poursuivi.

Elles combattent certes dans la guerre en Syrie, mais non sous les ordres du gouvernement irakien, a-t-il ajouté, ce qui constitue une « transgression massive » de la souveraineté de l'Irak.

Les cas de violations commises par des milices appuyées par l'Iran opérant dans le cadre des Forces de la mobilisation populaire sont nombreux en Irak, a-t-il expliqué.

Viser les Irakiens sous de faux prétextes

Plusieurs rapports indiquent que ces forces visent en fait la population irakienne sunnite au prétexte qu'elle apporte son soutien à l'EIIS, a ajouté al-Nashou, soulignant qu'il ne s'agit-là que de « purs mensonges et tromperies ».

Dans un rapport en date du 9 juin 2016, Human Rights Watch (HRW), par exemple, rapportait le récit de témoins oculaires confirmant que le Kataeb Hezbollah et les Brigades Badr avaient arrêté près de 1700 civils à al-Saqlawiyah, près de Falloudjah.

Ces civils avaient été emmenés vers un centre de détention et torturés, causant la mort de plusieurs d'entre eux, a précisé HRW.

Quelque 600 hommes et jeunes garçons libérés par la suite montraient des signes de viol, de brûlures, de blessures au couteau et de marques après avoir été frappés, attachés et traînés derrière des voitures, a signalé ce rapport.

Le but ultime de ces milices n'est pas de vaincre l'EIIS en Irak et en Syrie, mais de « déstabiliser l'Irak et la région » et de garder l'Irak sous la coupe de l'Iran, a expliqué à Diyaruna l'analyste stratégique et militaire Rabie al-Jawary.

« Ces gangs appuyés par l'Iran, qui sont classés comme des groupes terroristes, profitent de n'importe quelle occasion pour contourner la loi et s'imposer par la force », a-t-il poursuivi.

« Mais lors des récentes manifestations organisées à Basra et dans les provinces méridionales, les Irakiens ont scandé des slogans qui expriment clairement un rejet de l'intervention iranienne », a-t-il souligné.

Ces manifestants ont incendié les bureaux du Kataeb Hezbollah et de ses factions affiliées à Basra et à Najaf pour montrer leur colère et leur ressentiment contre la domination iranienne, a-t-il ajouté.

« Les gens en ont assez de l'influence de ces milices qui n'ont apporté que destruction et douleur », a déclaré al-Jawary. « Ces manifestations et ce rejet ont envoyé un message très clair aux Iraniens pour qu'ils mettent un terme à leur intervention. »

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