Politique

La Force Qods du CGRI déchirée par une faille générationnelle

Waleed Abou al-Khair au Caire

Des experts affirment que la force d'élite Qods du Corps des Gardiens de la révolution islamique connaît une division générationnelle entre les jeunes officiers et les vétérans plus traditionalistes. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Des experts affirment que la force d'élite Qods du Corps des Gardiens de la révolution islamique connaît une division générationnelle entre les jeunes officiers et les vétérans plus traditionalistes. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Les anciens officiers de l'époque de la guerre entre l'Irak et l'Iran étant remplacés par des officiers plus jeunes, la Force Qods du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI-FQ) voit son idéologie extrémiste céder la place à la pensé d'une nouvelle génération, ont déclaré des experts.

Cette force d'élite, qui gère les opérations externes de l'Iran, connaît les effets d'un changement de génération dans ses rangs, ont-ils fait savoir, l'approche traditionnelle des anciens officiers étant menacée par les nouveaux arrivants opportunistes.

Cette faille générationnelle des motivations et des valeurs a causé du tort au prestige de la force et a provoqué un certain mécontentement en son sein, avec certains jeunes membres moins engagés dans sa cause qui exploitent leurs positions pour leurs propres intérêts.

Certains ont même profité de leur position dans cette force d'élite pour obtenir des privilèges et s'adonner à des crimes tels que la contrebande et le trafic de drogue.

L'utilisation des réseaux sociaux a eu un impact significatif sur la nouvelle génération d'Iraniens, qui adoptent de plus en plus la modernité, expliquent des experts. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

L'utilisation des réseaux sociaux a eu un impact significatif sur la nouvelle génération d'Iraniens, qui adoptent de plus en plus la modernité, expliquent des experts. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

La jeunesse iranienne a changé

« La Force Qods a toujours été le bras externe du CGRI », a déclaré Fathi al-Sayed, chercheur au Centre al-Sharq d'études stratégiques et régionales.

En tant que telle, a-t-il expliqué à Al-Mashareq, elle « est constituée des membres les plus radicaux de la première génération de la révolution iranienne ».

Mais alors que les officiers de cette époque prennent leur retraite et sont remplacés par de jeunes Iraniens, la force essaie de maintenir sa réputation en tentant de cacher les changements qu'elle subit alors que de jeunes officiers envahissent ses rangs, a-t-il déclaré.

« Ces jeunes apportent avec eux le changement général qui s'est produit chez tous les jeunes Iraniens, qui sont aujourd'hui moins engagés, moins fanatiques et plus éloignés de l'extrémisme », a rapporté al-Sayed.

Certains jeunes officiers voient la force comme une opportunité d'emploi plutôt qu'une vocation idéologique, a-t-il expliqué, en partie à cause de la détérioration de la situation économique qui touche l'Iran.

Ces conditions ont alimenté les manifestations appelant à une réforme économique, et de nombreux jeunes du pays demandent également des réformes sociales.

Les jeunes Iraniens ont changé, et sont aujourd'hui moins traditionalistes, a rapporté al-Sayed, et ils ont gardé ce point de vue dans les unités militaires dans lesquelles ils servent, y compris la Force Qods.

« Naturellement, un affrontement était inévitable entre eux et les vétérans de la force, qui sont des membres anciens et fondateurs de la première et seconde génération », a-t-il ajouté.

Corruption dans la Force Qods

Des informations reçues de certaines régions de la Syrie sous contrôle du CGRI indiquent que plusieurs jeunes officiers du CGRI « font leurs propres affaires en parallèle » a indiqué à Al-Mashareq le journaliste syrien Mohammed al-Abdoullah.

Cela se fait avec la connivence d'éléments de milices affiliées déployées dans ces zones, et en particulier les factions syriennes et libanaises, a poursuivi al-Abdoullah.

« Les jeunes officiers sont au courant de la majeure partie de la contrebande et de la vente de biens volés, car ils couvrent et facilitent ces opérations », a-t-il fait savoir.

« La corruption des éléments de la Force Qods est arrivée au point où ils facilitent la contrebande de stupéfiants et de médicaments depuis et vers la Syrie en échange d'énormes sommes d'argent de la part des trafiquants », a-t-il indiqué.

« De façon plus importante, ils permettent aux éléments du Hezbollah libanais de faire payer des tributs à plusieurs points de passage importants, notamment dans les régions de Deir Ezzor et d'Albou Kamal, en échange d'un pourcentage de l'argent perçu », a rapporté al-Abdoullah.

Le commandement du CGRI aurait remplacé certains de ses officiers afin de reprendre la main, a-t-il ajouté, mais la situation reste pour l'essentiel hors de son contrôle.

L'influence des réseaux sociaux

« Les réseaux sociaux ont joué un rôle partiel dans le changement des modes de pensée des jeunes en Iran », a affirmé Mazen Zaki, directeur du service des nouveaux médias au Centre égyptien Ibn al-Waleed d'études et de recherche sur le terrain.

Ils ont fourni aux jeunes un espace plus grand où ils peuvent discuter de leurs situations et de leurs pensées avec des jeunes d'autres pays, a-t-il déclaré.

Cette nouvelle génération d'Iraniens rejette l'intolérance et accepte la modernité, a-t-il indiqué à Al-Mashareq.

Malgré les tentatives des autorités iraniennes de bloquer l'accès aux réseaux sociaux pour contrôler les jeunes, ceux-ci ont réussi à contourner ces mesures et ont trouvé les moyens de communiquer, de formuler et d'exprimer leurs propres opinions, a-t-il conclu.

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