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Beyrouth: Une rue portant le nom de l'assassin d'al-Hariri provoque un tollé

Tamer Abou Zaïd à Beyrouth

Un panneau portant le nom de Moustafa Baddredine dans le quartier sud de Beyrouth. Le ministère de l'Intérieur a ordonné le retrait de cette plaque. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Un panneau portant le nom de Moustafa Baddredine dans le quartier sud de Beyrouth. Le ministère de l'Intérieur a ordonné le retrait de cette plaque. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Après avoir participé à la dernière session du Tribunal spécial pour le Liban, appuyé par l'ONU, qui juge l'attentat à la bombe qui a coûté la vie à Rafiq, son père, et 21 autres personnes, le Premier ministre libanais Saad al-Hariri a dit qu'il espérait voir triompher la justice et la vérité.

« Depuis le début, nous demandons justice, parce que nous pensons que la justice et la vérité protègent le Liban, et nous n'avons jamais eu recours à la vengeance », a-t-il déclaré par rapport à l'assassinat de son père le 14 février 2005, pour lequel le Hezbollah a été accusé.

Contrastant fortement avec les remarques d'al-Hariri, faites le 11 septembre, des partisans du Hezbollah ont déclenché un torrent de provocations, dont le lancement d'une campagne sur Twitter pour qualifier Moustafa Badreddine, l'accusé principal, de héros.

Ces provocations ont inclus la diffusion d'une photo du député Nawaf al-Moussawi, allié du Hezbollah, souriant sous le portrait de Badreddine, et l'annonce par la municipalité proche du Hezbollah d'al-Ghobair qu'elle donnait le nom de l'assassin à une rue.

Saad al-Hariri, Premier ministre désigné du Liban, s'adresse à la presse le 10 septembre, devant le Tribunal spécial pour le Liban à La Haye après les plaidoiries finales du procès de quatre membres du Hezbollah accusés d'avoir assassiné en 2005 son père, Rafiq. [Bas Czerwinski/ANP/AFP]

Saad al-Hariri, Premier ministre désigné du Liban, s'adresse à la presse le 10 septembre, devant le Tribunal spécial pour le Liban à La Haye après les plaidoiries finales du procès de quatre membres du Hezbollah accusés d'avoir assassiné en 2005 son père, Rafiq. [Bas Czerwinski/ANP/AFP]

Ironiquement, cette rue fait face à l'hôpital général Rafiq al-Hariri.

Ces actions ont attisé la colère des habitants de Beyrouth, du Courant du futur, dirigé par Saad al-Hariri, et de nombreux Libanais, le ministre de l'Intérieur Nohad al-Mashnouk ayant publié une déclaration pour préciser qu'il n'a pas approuvé le nom de la rue.

Dans une lettre adressée à la municipalité d'al-Ghubairi, le ministère a ordonné le retrait des panneaux, décrivant la décision de la ville comme une « menace à l'ordre public ».

« Provocations à l'encontre des Libanais »

Nisreen al-Husseini, membre de la communauté chiite du quartier sud de Beyrouth, a fait savoir à Al-Mashareq qu'elle ne soutenait pas la décision de la municipalité.

« Comment se fait-il que la municipalité d'al-Ghubairi n'ait pensé à honorer [Badreddine] qu'après qu'il ait été inculpé par le Tribunal spécial pour le Liban pour avoir fomenté l'assassinat du martyr Rafiq al-Hariri », a-t-elle demandé ?

« Poser une plaque métallique portant le nom de Badreddine a provoqué beaucoup de Libanais, notamment car le meurtre d'al-Hariri est un crime national, et qu'il a entraîné la mort de dizaines de martyrs », a-t-elle déclaré.

L'explosion qui a tué al-Hariri alors que son convoi passait près de l'hôtel St-George de Beyrouth a également causé la mort de 21 autres personnes, et en a blessé plus de 200.

Ali al-Amin, rédacteur pour Janoubia.com, a critiqué « la décision de donner à une rue d'al-Ghubairi le nom de Badreddine sans prendre en compte les conséquences ».

« [Le Hezbollah] ne veut même pas parler du processus de réflexion qui a conduit au choix d'une rue proche de la ville de Beyrouth, laquelle porte encore le deuil du meurtre d'al-Hariri », a-t-il rapporté.

Il est particulièrement grave que la Hezbollah ait choisi une rue proche de l'ambassade koweïtienne, qui accuse Badreddine d'avoir tenté d'assassiner son émir et d'être coupable des attentats à la bombe au Koweït en 1985, a-t-il ajouté.

Condamnation sur les réseaux sociaux

Certains utilisateurs de réseaux sociaux favorables au Hezbollah ont jeté de l'huile sur le feu en publiant des photos de bannière portant le nom de Badreddine ayant été montrées dans ce quartier du sud de Beyrouth, et faisant même campagne pour rebaptiser l'aéroport.

Des photos truquées montrant l'aéroport international Rafiq Hariri portant le nom de Badreddine circulent sur internet, et des menaces de relancer le conflit du 7 mai 2008 ont été lancées si le panneau est enlevé.

Plusieurs utilisateurs de réseaux sociaux ont répondu à ces provocations par des commentaires condamnant les actions des partisans du Hezbollah.

« Le Hezbollah insiste pour assassiner une deuxième fois Rafiq al-Hariri et pour faire naître la sédition au Liban », a écrit Mohammed Ali al-Husseini sur les réseaux sociaux.

Vera Bou Mounsif a écrit : « Et maintenant le criminel a une rue à son nom [...] c'est certainement un privilège libanais. Non ! C'est un privilège syro-libanais. »

« Le problème est plus profond que le fait de donner à une rue le nom de Moustafa Badreddine », a affirmé Fares Soueid, ancien député libanais. « Le problème est l'acceptation politique persistante des conditions du Hezbollah qui a permis ce comportement».

Le politologue Nadim Koteich a déclaré que donner le nom de Badreddine à une rue est « une violation explicite de la loi », ajoutant que « les panneaux doivent être immédiatement retirés ».

Un acte de sédition

Le politologue Rashid Fayed, proche de Saad al-Hariri, a déclaré à Al-Mashareq qu'il n'est « pas surpris par le comportement du Hezbollah ».

« Les espoirs placés dans l'intégration au Liban du parti iranien et la possibilité qu'il revienne sur le chemin du patriotisme ont échoué après un long déni », a-t-il déclaré.

De façon plus dangereuse, a-t-il poursuivi, le Hezbollah « se plaît à être un partenaire du régime de Bachar el-Assad », et rend des comptes à l'Iran, ce qui lui a donné les armes et les fonds nécessaires pour l'aider à poursuivre ses propres objectifs subversifs dans la région.

Répondant aux actions de la municipalité d'al-Ghubairi, le Premier ministre élu a dit que le fait de tenter de donner à une rue le Badreddine est regrettable.

« C'est en essence une sédition », a indiqué al-Hariri.

« Lorsque nous sommes allés au tribunal international, nous avons affirmé la logique de la stabilité, mais il semble que certaines personnes souhaitent emmener le pays dans une direction différente », a-t-il déploré. « Elles devront porter la responsabilité de cela devant Dieu et les citoyens libanais. »

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4 COMMENTAIRE (S)

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Le Liban a un gouvernement et des ministres. C’est donc un État, pas un parti. Aucun parti n’a le droit de faire ce qu’il veut sans l’autorisation du gouvernement de l’État. Quiconque se trouve au Liban doit œuvrer pour les seuls intérêts du Liban. Quiconque veut œuvrer pour les intérêts d'un autre pays, doit sortir du Liban et aller où il appartient.

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Le Hezbollah a marché sur vos têtes et sur celle de votre chef idiot qui ne sait rien.

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Ce n'est pas le Hezbollah [Parti de Dieu] ; c'est plutôt une malédiction de Dieu!

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Écoutez - nous sommes Beyrouth

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