Société

Après la fin de l'interdiction de conduire, les Saoudiennes prennent goût à la vitesse

AFP

Rana Almimoni, une fan saoudienne de sports automobiles âgée de 30 ans, pose en levant le pouce dans sa voiture sur le circuit de Dirab, aux abords de la capitale, Riyad, le 19 juillet 2018. [Fayez Nureldine/AFP]

Rana Almimoni, une fan saoudienne de sports automobiles âgée de 30 ans, pose en levant le pouce dans sa voiture sur le circuit de Dirab, aux abords de la capitale, Riyad, le 19 juillet 2018. [Fayez Nureldine/AFP]

Portant un casque à l'intérieur d'une berline sportive gris perle, Rana Almimoni dérape sur un circuit de Riyad, moteur rugissant, pneus grinçants, et des nuages de poussière s'élevant de l'arrière.

Pour les Saoudiennes, des poussées d'adrénaline comme celle-là étaient inimaginables il y a seulement quelques semaines de cela.

Des pilotes féminines avides de vitesse vont forcément s'attirer les regards dans ce royaume profondément conservateur, qui a annulé la seule interdiction de conduite au monde pour les femmes en juin dans le cadre de la très publique campagne d'assouplissement menée par le prince héritier Mohammed ben Salmane.

Almimoni, âgée de 30 ans et fan de courses automobiles, s'oppose à la notion selon laquelle les conductrices n'aiment que les petites voitures aux couleurs vives.

Sur cette photo d'archive prise le 24 juin 2018, Aseel Al-Hamad, première pilote de course d'Arabie saoudite et membre du conseil d'administration de la Fédération saoudienne de l'automobile (FSA), pose avant le Grand Prix de France de Formule un au circuit Paul Ricard au Castellet, dans le sud de la France. [Boris Horvat/AFP]

Sur cette photo d'archive prise le 24 juin 2018, Aseel Al-Hamad, première pilote de course d'Arabie saoudite et membre du conseil d'administration de la Fédération saoudienne de l'automobile (FSA), pose avant le Grand Prix de France de Formule un au circuit Paul Ricard au Castellet, dans le sud de la France. [Boris Horvat/AFP]

« J'adore la vitesse. Ma voiture de rêve fait plus de 500 chevaux », a confié Almimoni, appuyant sur l'accélérateur de sa Kia Stinger grise racée sur le circuit de Dirab à Riyad.

« C'est un mythe [...] que les Saoudiennes ne choisissent que des voitures roses et mignonnes. »

Almimoni a dit qu'elle espérait une décision attendue du gouvernement qui permettrait aux femmes d'obtenir une « licence de course », ce qui lui permettrait d'exercer sa passion des compétitions de sport automobile.

Cela inclut les dérapages, qui consistent à survirer pour que la voiture glisse ou même tourne sur elle-même, et d'autres acrobaties à grande vitesse, ce qui est illégal dans la rue, mais toléré dans l'environnement contrôlé du circuit de Dirab, où les propriétaires insistent sur la sécurité.

Simulateurs de course

Profitant de cette nouvelle clientèle féminine, les concessionnaires automobiles ont mis en avant des Mini Cooper rouge cerise, mais les vendeurs indiquent que beaucoup de clientes sont intéressées par des voitures de sport comme la Camaro ou la Mustang décapotable.

Beaucoup de nouvelles conductrices cherchent l'inspiration auprès d'Aseel al-Hamad, la première femme membre de la fédération nationale d'automobile du royaume, qui s'est installée au volant d'une voiture de Formule un en juin en France pour marquer la fin de l'interdiction de conduire.

Vêtues de jeans slim et de T-shirts Harley-Davidson, un groupe de femmes s'entraînent également à conduire des motos dans une moto-école de Riyad.

Les autorités en charge des transports ont mis en place des simulateurs de course pour aider les femmes qui conduisent pour la première fois à s'habituer à être au volant.

Alors qu'un responsable de la route montrait l'importance des ceintures de sécurité en s'attachant à l'intérieur d'une voiture arrimée à une plateforme avant de retourner le véhicule, certaines femmes parcouraient des circuits tortueux à bord de voitures jouets.

Une autre avait pris place dans le siège d'un simulateur et avait immédiatement collé le pied au plancher, faisant décoller le compteur de vitesse.

« Beaucoup évitent la rue »

« Je ne me sens plus du tout en Arabie saoudite », a déclaré Nagwa Mousa, professeur de 57 ans dans une université de Riyad.

« Mais je ne m'attends pas à voir beaucoup de femmes doubler et faire des excès de vitesse dans les rues avant longtemps. »

On dit que la réforme des règles de la route transforme les femmes, en les libérant de la dépendance aux chauffeurs privés ou aux hommes de leur famille, mais beaucoup d'entre elles évitent la rue.

Pour l'instant, la plupart des conductrices semblent être celles qui ont échangé des permis de conduire étrangers contre leur équivalent saoudien, après avoir effectué un test pratique.

Beaucoup se plaignent que les cours de conduite coûtent bien plus cher que ceux des hommes, et que les instructrices sont rares.

Bien qu'aucun accident manifeste de harcèlement dans la rue n'ait été signalé publiquement, de nombreuses femmes se méfient du sexisme omniprésent et de l'agression des conducteurs, malgré les avertissements des autorités.

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