Politique

Pour le gouvernement yéménite, le Hezbollah saborde les négociations de paix avec l'ONU

Nabil Abdoullah al-Tamimi à Aden

Des artistes yéménites peignent un graffiti pour la paix sur un mur de Sanaa, la capitale, le 16 août. Ils appellent à la paix et la tolérance, et au rejet du conflit en cours dans ce pays arabe. [Mohammed Huwais/AFP]

Des artistes yéménites peignent un graffiti pour la paix sur un mur de Sanaa, la capitale, le 16 août. Ils appellent à la paix et la tolérance, et au rejet du conflit en cours dans ce pays arabe. [Mohammed Huwais/AFP]

Le gouvernement du Yémen s'est ouvertement plaint auprès du Conseil de sécurité des Nations unies, dimanche 26 août, accusant la milice libanaise du Hezbollah de saboter les prochains pourparlers de paix à Genève du fait de son soutien aux Houthis (Ansarallah), soutenus par l'Iran.

Cette plainte a été envoyée au Conseil de sécurité par le représentant permanent du Yémen auprès des Nations unies, Ahmed Aouad ben Moubarak, ont rapporté les médias locaux.

Elle précise l'inquiétude du gouvernement yéménite quant à l'intervention du Hezbollah dans le conflit en cours dans le pays, citant un entretien du 19 août entre le dirigeant du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et le représentant de la délégation houthie, Mohammed Abdoul Salam.

« Les Houthis reçoivent des ordres du groupe terroriste du Hezbollah, qui essaie de saboter les négociations de paix sous l'égide des Nations unies », a affirmé cette plainte.

Elle insiste sur « l'intervention évidente » du régime iranien et du Hezbollah dans les pourparlers à venir « par le biais d'instructions données aux Houthis visant à saper les négociations et à détruire les efforts considérables de l'envoyé de paix des Nations unies au Yémen ».

Elle fait référence au discours télévisé du 29 juin de Nasrallah, lors duquel il avait appelé à lutter contre les forces yéménites le long de la côte ouest du pays.

« Le régime iranien et le Hezbollah s'allient pour verser le sang des Yéménites, constituant une ingérence flagrante dans les affaires internes du Yémen et une agression contre le gouvernement légitime et les pays voisins », poursuit-elle.

« Le Hezbollah a envoyé des conseillers militaires et des formateurs aux Houthis, enfreignant la Résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies datant de 2006 », peut-on encore lire.

Cette plainte demande instamment au Comité des sanctions du Conseil de sécurité, créé par le paragraphe 19 de la Résolution 2140 de 2014, « d'enquêter sur les activités du Hezbollah qui constituent une menace majeure envers le Yémen, et prenne toutes les mesures nécessaires ».

Le Hezbollah incite à la violence

Pour Adel al-Shogaa, membre du Comité général du Congrès général du peuple (CGP), la plainte du Yémen contre le Hezbollah arrive au bon moment, en raison notamment du fait que le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, incite ses partisans à « aller se battre au Yémen ».

« Le Hezbollah, qui est désigné comme entité terroriste, appelle à aller combattre au Yémen, ce qui constitue une ingérence flagrante et ouverte pour étendre ses opérations terroristes », a-t-il expliqué à Al-Mashareq.

« Le fait qu'un groupe terroriste en incite d'autres à recruter [des combattants] et à agrandir la base du terrorisme ne sapera pas seulement les négociations de paix à Genève, mais aussi tout le processus de paix », a-t-il affirmé.

« Le rôle de l'Iran dans la région, y compris au Yémen, est très clair, tout comme son engagement dans l'agitation sectaire », a-t-il ajouté.

La guerre au Yémen est une « guerre par procuration » menée par l'Iran au travers des Houthis, a précisé le politologue Yasser al-Tamimi.

En apportant leur soutien aux Houthis, le régime iranien et le Hezbollah veulent battre la coalition arabe, a-t-il déclaré à Al-Mashareq.

Cela représente un obstacle pour la prochaine phase de négociations à Genève, a-t-il poursuivi, en plus du désir des Houthis de « maintenir leurs gains politiques et militaires ».

Khalid al-Yamani, ministre yéménite des Affaires étrangères, avait envoyé le 11 juillet une lettre de protestation à son homologue libanais Gebran Bassil, condamnant les propos du chef du Hezbollah et les interventions de sa milice au Yémen par le biais de son soutien aux Houthis.

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