Criminalité et Justice

Le Yémen sévit contre la contrebande d'antiquités

Nabil Abdoullah al-Tamimi à Aden

Des statuettes antiques de chameaux exposées au Musée national de Sanaa en février 2007. Il se passe rarement un mois au Yémen sans que les autorités annoncent avoir déjoué une tentative de contrebande d'antiquités vers l'étranger. [Khaled Fazaak/AFP]

Des statuettes antiques de chameaux exposées au Musée national de Sanaa en février 2007. Il se passe rarement un mois au Yémen sans que les autorités annoncent avoir déjoué une tentative de contrebande d'antiquités vers l'étranger. [Khaled Fazaak/AFP]

Le Yémen cherche à conclure des accords avec les pays voisins, y compris ceux de la Corne de l'Afrique, afin d'empêcher la contrebande d'antiquités.

« Le ministère de la Culture a pris des mesures pour protéger les antiquités yéménites contre la contrebande », a déclaré le ministre de la Culture Marwan Damaj.

La première étape de ces mesures a été la préparation d'un rapport sur les antiquités perdues.

Une copie de ce rapport a été envoyée au groupe d'experts sur le Yémen de l'ONU dimanche 8 juillet à Aden, afin que « des mesures appropriées destinées à renforcer la protection des antiquités et en empêcher la contrebande » puissent être prises, a indiqué Damaj.

Lors de la réunion qui s'est tenue en présence du coordinateur du groupe d'experts, Ahmed Himmiche, et de la spécialiste du droit international Mary Louise, le ministre a passé en revue la situation culturelle au Yémen, notamment la destruction des antiquités.

Les Houthis (Ansarallah), soutenus par l'Iran, ont fouillé des sites archéologiques et vendu des antiquités dans les régions sous leur contrôle, a rapporté Damaj.

Les musées ont été partiellement ou intégralement détruits, en particulier dans les provinces d'Abyan et de Taïz, ce qui a conduit à la perte de nombreux artefacts et manuscrits, a-t-il ajouté.

Himmiche a exprimé la volonté du groupe d'apporter une aide technique au ministère de la Culture en formant des techniciens au suivi du patrimoine culturel du Yémen sur le marché international, et en demandant à tous les musées du monde de s'abstenir d'acheter, de vendre ou d'échanger des artefacts yéménites.

Des mesures préparatoires sont en cours en vue d'une réunion avec le président du comité des sanctions de l'ONU Yémen en Jordanie et à Aden pour parler des mesures appropriées, en coordination avec le ministère yéménite des Affaires étrangères, a fait savoir Damaj.

Oman déjoue une opération de contrebande au Yémen

« Un protocole d'accord va être signé avec le Sultanat d'Oman pour protéger les antiquités yéménites contre la contrebande », a-t-il indiqué, après qu'Oman a déjoué le mois dernier une opération de contrebande impliquant des antiquités yéménites.

Le ministère de la Culture a exprimé le 7 juin sa gratitude envers le ministère omanais du Patrimoine et de la Culture pour avoir empêché la contrebande de 52 antiquités yéménites au passage frontalier d'al-Mazyouna entre Oman et le Yémen.

Salem al-Mahrouqi, vice-ministre des Affaires du patrimoine d'Oman, a annoncé le 31 mai qu'une opération de contrebande concernant 52 antiquités et pièces de collections yéménites remontant à 1000 av. J.-C. avait été déjouée.

Les contrebandiers ont été arrêtés et renvoyés devant le procureur public, a précisé l'agence de presse kowétienne.

Concernant la récupération des antiquités saisies à Oman, Damaj a déclaré que « le ministère yéménite de la Culture a demandé à son homologue omanais de les conserver jusqu'à ce que les conditions de sécurité s'améliorent au Yémen ».

Les antiquités menacées

« Les antiquités yéménites quittent le pays en masse », a indiqué à Al-Mashareq le politologue Munir Talal.

Les États voisins et la communauté internationale ont pour responsabilité d'aider à la protection des antiquités yéménites, a-t-il affirmé, car elles sont devenues « l'objet de l'avidité de nombreux contrebandiers, saboteurs et terroristes ».

Il a souligné l'importance du rôle joué par les forces de sécurité aux passages frontaliers que les contrebandiers seraient susceptibles d'utiliser.

« Les antiquités et les sites archéologiques du Yémen sont dévastés par le pillage et la contrebande ou par la destruction par des groupes terroristes », a-t-il rapporté.

Pour Ahmed al-Mesbahi, responsable du Service des affaires culturelles du Centre national d'informations, il est de la responsabilité de chacun de protéger le patrimoine du pays.

Les Yéménites doivent être conscients de l'importance des antiquités et de l'importance de s'assurer que rien ne leur arrive et qu'elles ne tombent pas entre les mains de contrebandiers, a-t-il expliqué à Al-Mashareq.

Il a proposé que le ministère de la Culture et l'Autorité yéménite des antiquités organisent des campagnes médiatiques pour sensibiliser à cette question, en coordination avec le ministère des Dotations (Awqaf) et du Conseil.

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