Médias

Un rapport signale des atteintes à la liberté de la presse au Yémen

Nabil Abdoullah al-Tamimi à Aden

De jeunes Yéménites à Sanaa regardent une chaîne d'informations où apparaît le leader yéménite Abdrabbo Mansour Hadi, sur cette photo d'archive de janvier 2015. [Mohammed Huwais/AFP]

De jeunes Yéménites à Sanaa regardent une chaîne d'informations où apparaît le leader yéménite Abdrabbo Mansour Hadi, sur cette photo d'archive de janvier 2015. [Mohammed Huwais/AFP]

Dans un nouveau rapport, l'Observatoire de la liberté des médias du Centre d'études et de médias économiques documente 53 atteintes à la liberté de la presse au Yémen au cours du premier semestre 2018.

Sur les 53 violations commises à l'encontre de journalistes et d'organes de presse répertoriées dans ce rapport du 8 juillet, 27 ont été commises par les Houthis (Ansarallah).

Ces violations comprennent des assassinats, des blessures, des enlèvements, des arrestations, des agressions, des menaces et des attaques contre des organisations médiatiques.

Ce rapport confirme que les libertés de la presse ont continué à reculer au Yémen.

Huit journalistes ont été tués cette année à Taez, al-Hodeidah et al-Bayda, et le Yémen a récemment été ajouté à la liste noire des pays où sont commises des atteintes aux libertés de la presse.

Durant les six premiers mois de 2018, ces violations ont inclus cinq tentatives de meurtre, six cas de blessure, cinq enlèvements, six agressions, sept arrestations, une tentative d'agression et trois cas de menaces, a précisé ce rapport.

De plus, il y a eu cinq cambriolages de domiciles de journalistes, un cas d'incitation à la violence a été enregistré, ainsi que six violations contre des organisations médiatiques.

Les Houthis détiennent encore quatorze journalistes, notamment deux incarcérés depuis plus de trois ans, a indiqué ce rapport.

La liberté de la presse menacée

« Il est maintenant difficile de parler d'un recul des libertés de la presse », a expliqué à Al-Mashareq le journaliste Rashad al-Sharaabi.

« Nous parlions jusque là d'une marge pour la liberté de la presse », a-t-il rappelé. « Cette marge a désormais disparu, et les libertés sont quasiment inexistantes. »

La profession était déjà en recul dans les zones contrôlées par les Houthis, a-t-il poursuivi, soulignant que « ce qu'il en reste ne représente qu'un camp », avec des médias détenus par des loyalistes et contrôlés par la milice.

« Les journalistes yéménites ont été déplacés dans le pays et en dehors », a-t-il rapporté. « Ils ont été privés de leurs sources de revenus, emprisonnés, torturés et tués. »

« L'environnement dans lequel ils travaillent est désormais le plus dangereux au monde », a-t-il ajouté. « Certains d'entre eux ont donc tout simplement quitté la profession. »

« Entre-temps, les journalistes n'ont bénéficié d'aucune attention de la part du gouvernement légitime, qui n'a pas réussi à ressusciter les organes de presse qui avaient cessé de fonctionner », a-t-il expliqué.

Des groupes armés s'en prennent aux journalistes

« On a fait des journalistes des acteurs du conflit, et ils peuvent donc de ce fait être pris pour cibles par les combattants », a poursuivi al-Sharaabi. « Ils servent la plupart du temps de boucs émissaires et sont tenus pour responsables du conflit politique local et régional. »

Les Houthis soutenus par l'Iran et les groupes armés ciblent désormais les journalistes, a-t-il ajouté. « Le chef de cette milice est allé jusqu'à dire expressément à la télévision que les journalistes étaient plus dangereux pour leur projet que ceux qui les combattent sur le terrain. »

En 2014, les Houthis avaient fermé tous les médias qui leur étaient opposés et saisi leur matériel, a rappelé à Al-Mashareq Moussa al-Namrani, responsable médias de l'Organisation nationale de défense des droits et des libertés.

« Ils ont ordonné aux médias d'État de s'attacher à servir le projet du groupe et à mobiliser des combattants pour les fronts », a-t-il expliqué. « Des dizaines de journalistes ont alors choisi de quitter Sanaa, tandis que d'autres ont dû purement et simplement quitter la profession. »

En 2015, les Houthis avaient arrêté neuf journalistes qui travaillaient pour des organismes de presse pro-gouvernementaux, a-t-il rappelé, ajoutant qu'ils n'ont toujours pas été relâchés à ce jour.

« Il ne se passe pas un seul mois sans que nous n'enregistrions de nouvelles pertes pour les journalistes », a-t-il conclu.

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Bons et utiles messages. Bonne chance à vous dans votre travail!

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