Ramadan

L'interdiction des haut-parleurs par les Houthis déclenche la colère à Sanaa

Abou Bakr al-Yamani à Sanaa

Des Yéménites pratiquent les prières de tarawih à la mosquée d'Amna, dans le village de Beyt Baws à Sanaa pendant le Ramadan de 2018. [Abou Bakr al-Yamani/Al-Mashareq]

Des Yéménites pratiquent les prières de tarawih à la mosquée d'Amna, dans le village de Beyt Baws à Sanaa pendant le Ramadan de 2018. [Abou Bakr al-Yamani/Al-Mashareq]

La directive publiée par les Houthis (Ansarallah) et visant à faire taire les haut-parleurs diffusant les prières de tarawih et de Qiyam al-Layl pendant le Ramadan n'est pas seulement oppressive, mais hypocrite, déclarent des analystes et des clercs à Al-Mashareq.

Le ministère des Dotations et des Conseils, affilié aux Houthis, a interdit aux haut-parleurs des mosquées de diffuser ces prières traditionnelles, alors que la milice les utilise pour répandre ses propres messages, ont-ils expliqué.

Le ministère a publié cette directive visant à faire taire les haut-parleurs des mosquées de Sanaa pendant la récitation des prières de tarawih et de Qiyam dans une circulaire, ordonnant aux directeurs des bureaux des dotations et des conseils d'autres provinces de la faire appliquer.

Dans plusieurs mosquées de Sanaa, des imams ont indiqué à Al-Mashareq que le silence de leurs haut-parleurs retirait au Ramadan son atmosphère et sa spiritualité.

Des Houthis regardent un discours en direct prononcé par leur chef, Abdoul-Malik al-Houthi, sur un grand écran lors d'un rassemblement à Sanaa le 30 novembre. Les Houthis ont interdit aux haut-parleurs des mosquées de diffuser les prières de tarawih pendant le Ramadan, mais les critiques soulignent des événements comme celui-ci, déclarant que ce décret est hypocrite. [Mohammed Huwais/AFP]

Des Houthis regardent un discours en direct prononcé par leur chef, Abdoul-Malik al-Houthi, sur un grand écran lors d'un rassemblement à Sanaa le 30 novembre. Les Houthis ont interdit aux haut-parleurs des mosquées de diffuser les prières de tarawih pendant le Ramadan, mais les critiques soulignent des événements comme celui-ci, déclarant que ce décret est hypocrite. [Mohammed Huwais/AFP]

Il fut un temps où le son de la prière emplissait la ville d'un bout à l'autre.

Mohammed Ahmed, ancien prédicateur d'une mosquée de Sanaa, a indiqué à Al-Mashareq que les Houthis l'ont remplacé par un prédicateur affilié à la milice soutenue par l'Iran.

En plus d'avoir interdit l'utilisation de haut-parleurs par la mosquée, les Houthis ont interdit la récitation des prières de tarawih.

« Le silence imposé aux haut-parleurs des mosquées [...] pendant le mois de Ramadan est destiné aux mosquées dont les imams sont externes au groupe », a expliqué Ahmed.

« Le Ramadan est différent cette année »

« Le Ramadan de cette année est différent de ceux des années précédentes », a affirmé Mohammed Ali, imam et prédicateur dans une mosquée où les prières de tarawih et Qiyam sont récitées depuis des années.

Cela est dû « à l'interdiction de l'utilisation des haut-parleurs, avec lesquels nous délivrions le message aux fidèles ne pouvant pas entrer dans la mosquée, car elle était pleine », a-t-il raconté à Al-Mashareq.

« Certains viennent à la mosquée pour rapporter au groupe ce qu'il s'y passe et si ses directives sont bien respectées », a ajouté Ali.

« Cela nous inquiète, car plusieurs prédicateurs ont été arrêtés pour ne pas les avoir appliquées », a-t-il ajouté.

Ali a fait remarquer l'hypocrisie des Houthis concernant cette interdiction des haut-parleurs dans les mosquées, « alors qu'ils les utilisent dans leurs centres qui prolifèrent dans tous les districts et sur des voitures qui circulent partout et diffusent les sermons de leur [leader] ».

« Une position doctrinale des Houthis »

L'interdiction des haut-parleurs « est une position doctrinale des Houthis », a affirmé à Al-Mashareq le militant des droits de l'homme Abdel Rahman Berman.

« Les mosquées qui étaient sous le contrôle des Houthis avant leur coup d'État ont interdit les prières de tarawih, comme cela s'était produit dans la province de Saada il y a des années », a-t-il rapporté.

Les Houthis cherchent « à imposer leur doctrine par la force et à abolir toute manifestation d'autres doctrines », a déclaré Berman, soulignant que le groupe n'est pas favorable à la coexistence religieuse.

C'est pour cela qu'il a interdit les prières de tarawih, a-t-il poursuivi.

Berman a déclaré que les Houthis ont été formés sur des principes partisans très étroits, qui cherchent à imposer leur propre doctrine, ce qui a provoqué de nombreux problèmes à Sanaa durant des années, car les Houthis cherchaient déjà à interdire les prières de tarawih alors-même que l'État régnait.

« Les Houthis ne croient pas aux autres », a déclaré à Al-Mashareq l'auteur et politologue Rashad al-Sharaabi.

« Ils pensent que les prières de tarawih ne sont pas importantes, et qu'elles sont une hérésie pour les sunnites, avec qui ils sont en désaccord [sur le plan doctrinal], alors ils les interdisent dans les mosquées sans autre raison que des différences de doctrine », a-t-il expliqué.

Ils peuvent présenter l'interdiction des haut-parleurs comme un moyen d'empêcher le trouble à l'ordre public, a-t-il ajouté, mais leurs propres haut-parleurs « hurlent depuis leurs mosquées et leurs véhicules de morale et d'informations militaires, dérangeant tout le monde nuit et jour ».

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1 COMMENTAIRE (S)

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Ce sont des mensonges et de la fraude ; ils sont la plus grande source de perturbation à travers les haut-parleurs avant les Houthis. Ils priaient et chantaient les slogans religieux pendant longtemps! Comment peuvent-ils interdire les haut-parleurs? Cela fait partie de la guerre sectaire.

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