Économie

La crise de l'électricité au Liban s'aggrave à l'approche de l'été

Junaid Salman à Beyrouth

Les centrales électriques libanaises, dont celle-ci à Aley, ne produisent pas suffisamment d'énergie pour répondre à la demande nationale. [Junaid Salman/Al-Mashareq]

Les centrales électriques libanaises, dont celle-ci à Aley, ne produisent pas suffisamment d'énergie pour répondre à la demande nationale. [Junaid Salman/Al-Mashareq]

À l'approche de l'été et de l'accroissement de la consommation électrique qu'il entraîne, plusieurs Libanais ont expliqué à Al-Mashareq qu'ils s'attendent à nouveau à devoir payer les coûts supplémentaires.

Bien que onze plans pour l'électricité aient été mis au point pour le Liban entre la fin des années 1980 et 2010, la crise énergétique reste insoluble, et l'électricité n'est toujours pas disponible toute la journée, ont-ils rapporté.

Certains quartiers de Beyrouth ne disposent de l'électricité que dix heures par jour, ont indiqué leurs habitants à Al-Mashareq, et un abonnement à un générateur privé est nécessaire pour combler le manque.

Le propriétaire d'une entreprise de Mont-Liban a déclaré à Al-Mashareq qu'il paye environ 300 $ par mois pour l'électricité fournie par le gouvernement par le biais d'Électricité du Liban (EDL), en plus d'un versement mensuel à un générateur privé.

Cet abonnement coûte entre 500 et 600 $ en fonction du nombre d'heures nécessaires.

Le Liban a besoin de 3000 mégawatts pour satisfaire sa consommation d'électricité, mais production et achat d'électricité combinés n'excèdent pas 1500 mégawatts.

Sans les barges de production électrique, la puissance disponible ne dépasserait pas 1100 mégawatts, ce qui obligerait le rationnement de l'électricité à quinze heures par jour toute l'année.

Mesures extraordinaires

Les retards pris dans la mise en œuvre d'un plan énergétique qui résoudrait ce problème a forcé le ministère de l'Énergie et de l'Eau à prendre des mesures provisoires extraordinaires, a déclaré le ministre de l'Énergie et de l'Eau César Abi Khalil lors d'une réunion du cabinet le 26 avril.

La demande en électricité a augmenté d'environ 500 mégawatts à cause de la crise des réfugiés syriens, selon une étude du Programme des Nations unies pour le développement.

« La polarisation politique se poursuit face à ce problème, et une décision visant à geler la question jusqu'à la formation d'un nouveau gouvernement a été prise », a expliqué à Al-Mashareq Maurice Matta, journaliste d'An-Nahar.

« L'équipe politique supervisant le ministère de l'Énergie souhaite actuellement acheter de l'électricité auprès de barges à titre de solution temporaire, jusqu'à ce que de nouvelles centrales soient construites pour combler le manque entre la production et la consommation », a-t-il fait savoir, notant que certains désapprouvent cette méthode.

« En été, la consommation atteint plus de 3000 mégawatts, alors que la production maximale est de 1700 mégawatts », a-t-il indiqué.

Résoudre le problème énergétique a été l'une des demandes principales faites à l'État libanais lors de la conférence CEDRE par le Fonds monétaire international (FMI) et les pays donateurs.

Ils ont souligné l'importance de la réforme du secteur pour mettre fin à un gaspillage annuel pouvant atteindre deux milliards de dollars.

Épuisement des ressources financières

Le dilemme électrique est l'un des plus graves problèmes auxquels sont confrontées les entreprises libanaises, car cela draine leurs ressources financières, a rapporté Fouad Zmokhol, président de l'Association des entrepreneurs libanais dans le monde.

L'argent part dans l'achat et l'amélioration de générateurs électriques, alors qu'il pourrait être investi dans d'autres équipements et pour embaucher du personnel, a-t-il expliqué à Al-Mashareq.

« Nous sommes comme les autres habitants, nous payons deux factures pour avoir de l'électricité », a-t-il déclaré. « Ces coûts minent la compétitivité de l'industrie libanaise. »

Zmokhol a ajouté que la seule manière de reformer le secteur est selon lui de « le privatiser grâce à un partenariat entre les secteurs privé et public ».

Cela avait été proposé lors de la conférence CEDRE, a-t-il poursuivi, et impliquerait que l'État reste propriétaire du secteur, qui serait géré par des entreprises libanaises privées.

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