Droits de l'Homme

La coalition cherche à protéger les civils syriens

Waleed Abou al-Khair au Caire

Des membres de l'Équipe de réponse rapide de la ville d'al-Raqqa ont réparé les rues et retiré les mines et les gravats après la victoire de la coalition contre « l'État islamique en Irak et en Syrie ». [Photo fournie par les Forces démocratiques syriennes]

Des membres de l'Équipe de réponse rapide de la ville d'al-Raqqa ont réparé les rues et retiré les mines et les gravats après la victoire de la coalition contre « l'État islamique en Irak et en Syrie ». [Photo fournie par les Forces démocratiques syriennes]

Bien que la coalition internationale et le régime syrien et ses alliés cherchent tous deux à chasser « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS), leur approche et leurs motivations ont été très différentes, expliquent des experts à Diyaruna.

Sauvegarder la vie des civils a été l'un des objectifs essentiels de la coalition internationale lors des combats pour chasser l'EIIS de ses bastions en Syrie, dans le but de restaurer une vie normale pour les habitants des régions libérées.

Par contraste, le régime syrien et ses alliés, la Russie, l'Iran et les milices sectaires alliées se sont attachés avant tout à regagner le terrain perdu, quel qu'en soit le coût pour les populations civiles, et à favoriser un changement démographique.

Très peu d'accent a été mis sur la protection de la population civile, affirment les experts.

Les services de justice sociale de la ville d'al-Tabqa en Syrie ont rouvert depuis que « l'État islamique en Irak et en Syrie » en a été chassé. [Photo fournie par les Forces démocratiques syriennes]

Les services de justice sociale de la ville d'al-Tabqa en Syrie ont rouvert depuis que « l'État islamique en Irak et en Syrie » en a été chassé. [Photo fournie par les Forces démocratiques syriennes]

Le régime et ses alliés commettent des massacres

La coalition s'est concentrée sur sa mission de libération du pays et de ses habitants de l'EIIS, tout en tenant compte des vies humaines, a expliqué le major général Abdoul Karim Ahmed, analyste militaire et officier à la retraite de l'armée égyptienne.

Lors des combats visant à chasser l'EIIS d'al-Raqqa, la coalition a pris des mesures importantes pour protéger les civils, a-t-il précisé à Diyaruna, en mettant en place des corridors sûrs pour sortir de la ville, en coordination avec les Forces démocratiques syriennes (FDS).

« La libération d'al-Raqqa a été retardée plus d'une fois, et les combats ont été plus longs que prévu en raison des préoccupations humanitaires du haut commandement et de sa vigilance à éviter au maximum les pertes civiles », a précisé Ahmed.

Par contraste, a-t-il poursuivi, le régime et ses alliés, au premier rang desquels la Russie, le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) d'Iran et ses milices affiliées, ont fait preuve de peu d'égard pour les vies des civils alors qu'ils tentaient de consolider leur contrôle.

Le régime syrien et ses alliés « ont commis des massacres lorsqu'ils visaient les zones tenues par les combattants de l'opposition dans la Ghouta orientale », a-t-il ajouté.

« En réalité, le fait de viser directement les civils était le moyen de pression majeur contre [les combattants de l'opposition] pour les chasser vers le nord de la Syrie », a-t-il ajouté.

L'accord d'évacuation négocié le 9 avril entre le régime et la faction d'opposition Jaish al-Islam est arrivé au lendemain d'une attaque présumée à l'arme chimique qui a tué au moins 48 personnes dans la ville de Douma, dans la Ghouta orientale.

À l'époque, les analystes ont expliqué que le régime pouvait avoir choisi de semer la terreur au sein de la population locale pour s'assurer que Jaish al-Islam quitte Douma selon les conditions fixées par Damas.

Cette attaque a déclenché des frappes de missiles punitives de la part des États-Unis, de la France et du Royaume-Uni le samedi 14 avril.

Les zones tenues par le régime souffrent

Alors que les habitants reviennent dans les régions libérées par la coalition, de nombreuses zones reprises par le régime dans la campagne de Damas, dans les provinces d'Alep, de Homs et de Deir Ezzor sont encore désertées, a expliqué le journaliste syrien Mohammed al-Abdoullah.

Cela est dû à l'échec du régime à assurer la sécurité et à restaurer les services, ce qui a rendu le retour des civils plus difficile, a-t-il précisé à Diyaruna.

« L'accent a été mis seulement sur les zones qui étaient au départ en partie contrôlées par le régime, comme ce fut le cas à Alep, où les marchés ont été réhabilités par les commerçants », a-t-il poursuivi.

Mais « le reste de la région est encore totalement négligé ».

Cela a contraint même les civils qui étaient favorables au régime à quitter la région pour se rendre dans d'autres régions comme Damas et les villes du littoral comme Tartous et Latakia, a-t-il ajouté.

« Au contraire, la vie a progressivement repris son cours dans les zones libérées par la coalition internationale et ses alliés sur le terrain », a-t-il indiqué.

Ainsi, dans la province d'al-Raqqa, des efforts ont été faits pour assurer la fourniture de l'eau et de l'électricité et réparer les routes, a-t-il précisé, et la coalition a apporté son soutien aux comités locaux mis en place par les civils qui revenaient.

« Ces comités ont pu réparer les stations de pompage de l'eau et les centrales électriques, et réparer et reconstruire certains des ponts qui avaient été détruits lors des combats », a-t-il ajouté.

Stratégie de changement démographique

La négligence affichée par le régime envers certaines des régions reconquises est « délibérée », a expliqué à Diyaruna Akeed Ibrahim, membre du personnel administratif du Croissant-Rouge kurde.

La plupart de ces zones doivent encore être débarrassées des mines et des gravats, ce qui n'a pas permis aux habitants de revenir, a-t-il ajouté, soulignant que les forces du régime s'en sont également pris aux civils habitant ces régions.

Par ces actions, le régime tente de dissuader les habitants déplacés de certaines régions de revenir, afin de les remplacer par d'autres dans le cadre d'une stratégie de changement démographique, a expliqué Ibrahim.

Les grandes lignes de ce plan commencent à apparaître clairement à Damas et ses zones rurales, a-t-il conclu.

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