Politique

Les Houthis renforcent leur contrôle sur les institutions étatiques

Nabil Abdoullah al-Tamimi à Aden

Des partisans des Houthis au Yémen participent à un rassemblement le 5 décembre 2017 à Sanaa pour fêter la mort de l'ancien président du Yémen, Ali Abdallah Saleh, au lendemain de son assassinat. Depuis la mort de Saleh, la milice appuyée par l'Iran chasse ses soutiens des agences étatiques dans les zones qu'elle contrôle. [Mohammed Huwais/AFP]

Des partisans des Houthis au Yémen participent à un rassemblement le 5 décembre 2017 à Sanaa pour fêter la mort de l'ancien président du Yémen, Ali Abdallah Saleh, au lendemain de son assassinat. Depuis la mort de Saleh, la milice appuyée par l'Iran chasse ses soutiens des agences étatiques dans les zones qu'elle contrôle. [Mohammed Huwais/AFP]

Au cours des derniers mois, les Houthis (Ansarallah) ont renforcé leur contrôle sur les zones du Yémen qu'ils occupent en purgeant les agences publiques des employés affiliés au Congrès général du peuple (CGP), rapportent des experts yéménites.

Après le meurtre de l'ancien président du Yémen Ali Abdallah Saleh, qui avait annoncé que son Congrès général du peuple (CGP) se séparait des Houthis, la milice soutenue par l'Iran a arrêté ou assassiné des membres du CGP.

Suite à l'assassinat de Saleh le 4 décembre, les Houthis ont également annoncé plusieurs nouvelles nominations de personnes leur étant fidèles dans les agences du secteur public, aux dépens des membres du CGP et des anciens associés de Saleh.

Ces décisions, prises par le soi-disant Conseil politique des Houthis, incluent la nomination de nouveaux ministres à l'Intérieur et aux Télécommunications, remplaçant les ministres fidèles à Saleh.

De nouvelles recrues des Houthis scandent des slogans lors d'un rassemblement à Sanaa le 2 février 2017. [Mohammed Huwais/AFP]

De nouvelles recrues des Houthis scandent des slogans lors d'un rassemblement à Sanaa le 2 février 2017. [Mohammed Huwais/AFP]

La milice a également placé ses partisans à la tête des agences de renseignement, des agences de la sûreté nationale et de la sûreté politique, et de l'Organisation centrale de contrôle, en plus des nominations dans les agences judiciaires.

Hussein al-Azzi, qui avait été directeur du bureau politique des Houthis, a été nommé ministre adjoint des Affaires étrangères.

Hashem Mohammed Hashem al-Shami a été nommé à la tête de l'autorité fiscale, Salim al-Hadrami à l'autorité des douanes, et Khalid Mohammed Abdoullah Sharafeddine au poste de vice-président de l'Autorité générale d'investissement.

Hussein Abdoullah al-Numeiri a été nommé vice-président de l'Institut d'études géologiques et des ressources minérales du Yémen, et Ahmad Abdoullah al-Azani a été nommé au poste de vice-président de l'Autorité générale de l'arpentage et de la planification urbaine.

Dans le secteur de l'éducation, les Houthis ont nommé Ahmed Mohamed Hadi Daghar au poste de président de l'université de Sanaa, et Abdoullah Mohammed Mohammed al-Shami à la présidence de l'université d'Al-Hodeidah.

Ces deux universités sont contrôlées par les Houthis.

Destruction des institutions de l'État

« Le projet des Houthis repose sur la destruction de l'État et de ses institutions », a expliqué à Al-Mashareq Adel al-Shujaa, membre du comité général du CGP.

Après avoir assassiné Saleh, les Houthis sont devenus les seuls preneurs de décision et l'autorité la plus puissante dans les zones sous leur contrôle, a-t-il rapporté.

Forts de cela, ils se sont ensuite tournés vers les questions d'administration, a-t-il poursuivi, pour « éliminer les institutions étatiques et faire en sorte que les institutions de la fonction publique soient tributaires des [Houthis], et pas de l'État ».

La nomination de fidèles des Houthis est vitale pour l'idée de propriété, a indiqué l'avocat et militant des droits de l'homme Abdoul Rahman Barman, car cela donne aux personnes nommées « la liberté totale de faire ce qu'elles veulent avec [les agences] et leurs ressources ».

Cette politique, et la désignation d'éléments fidèles aux Houthis à des postes de fonctionnaires est le mode opératoire du groupe, a expliqué Barman à Al-Mashareq, notant que l'un des objectifs des Houthis est de contrôler les agences de la fonction publique.

« Après le coup d'État, les [Houthis] s'en sont pris aux cadres de l'État, emprisonnant de nombreux responsables gouvernementaux, confisquant leurs propriétés, les terrorisant et les jetant à la rue », a rapporté Barman.

Ils ont été remplacés par des membres de la milice houthie, a-t-il ajouté.

Ces nominations nuisent aux performances des institutions gouvernementales et sont l'une des raisons de leur échec, a-t-il poursuivi, car ces institutions ne fournissent plus de services aux Yéménites.

« La fonction publique devient une blague »

« Les Houthis transforment la fonction publique en blague », a déclaré l'expert en développement Mohammed al-Hoshbi à Al-Mashareq.

En 2018, tous les candidats acceptés à des postes de l'Institut supérieur de la magistrature étaient des loyalistes houthis, a-t-il fait savoir, soulignant que les employés favorables aux Houthis dans les autres services de l'État, comme les hôpitaux, ont reçu un traitement préférentiel.

« Les salaires de tous les [fonctionnaires] ne sont plus versés depuis plus d'un an et demi, et les Houthis ont embauché comme bénévoles des milliers de leurs éléments », a-t-il indiqué.

Ces « bénévoles » ont reçu des salaires « sous prétexte de remplir le vide causé par l'incapacité d'un grand nombre d'employés à aller au travail », a-t-il précisé.

« Ils veulent maintenant renvoyer les employés originaux et confirmer officiellement le statut de leurs éléments comme employés permanents par ordonnance juridique », a-t-il ajouté.

Les Houthis essaient également de forcer des milliers de fonctionnaires à prendre leur retraite, a-t-il déclaré, bien que beaucoup d'entre eux n'en aient pas encore atteint l'âge ou n'aient pas effectué les 35 ans de travail requis.

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