Santé

Le Liban lance une campagne de vaccination contre la rougeole

Nohad Topalian à Beyrouth

Le Liban a lancé une vaste campagne de vaccination contre la rougeole, en réponse à une épidémie qui s'est déclarée dans plusieurs parties du pays. [Photo fournie par l'UNICEF]

Le Liban a lancé une vaste campagne de vaccination contre la rougeole, en réponse à une épidémie qui s'est déclarée dans plusieurs parties du pays. [Photo fournie par l'UNICEF]

Le ministère libanais de la Santé publique conduit une campagne de vaccination contre la rougeole en réponse à la récente épidémie de cette maladie chez les enfants non vaccinés.

Cette campagne est destinée à des enfants âgés de deux mois à quinze ans, a fait savoir le ministère dans un communiqué daté du 4 avril.

La nouvelle de cette épidémie a amené de nombreux parents dans des cliniques pour y faire vacciner leurs enfants ; c'est notamment le cas de Fatima al-Qassim, dont la fille de quinze mois, Maysoun, a reçu son vaccin, à la clinique Mazraat Yachouh.

« J'ai entendu parler de l'épidémie de rougeole par ma voisine, alors j'ai amené [ma fille] à la clinique pour qu'elle soit vaccinée avec ses trois frères », a raconté al-Qassim à Al-Mashareq.

Un enfant est vacciné contre la rougeole par un professionnel de santé. Le Liban a connu une forte augmentation des cas de rougeole au cours des trois premiers mois de 2018. [Photo fournie par l'UNICEF]

Un enfant est vacciné contre la rougeole par un professionnel de santé. Le Liban a connu une forte augmentation des cas de rougeole au cours des trois premiers mois de 2018. [Photo fournie par l'UNICEF]

Début avril, l'UNICEF a signalé une forte augmentation des cas de rougeole au Liban, 184 cas ayant été enregistrés au cours des trois premiers mois de 2018.

L'UNICEF est l'un des partenaires soutenant la campagne du ministère, qui inclut également la vaccination contre la polio, « afin de limiter le risque de propagation de la polio depuis la Syrie ».

« Si nous ne réagissons pas maintenant, des épidémies plus sérieuses vont frapper », a prévenu Tanya Chapuisat, représentante de l'UNICEF au Liban.

Pour ce faire, l'agence a publié un appel au financement de 5 millions de dollars pour l'aider à reconstituer les stocks de vaccin et à atteindre les enfants vulnérables des zones isolées.

Les enfants doivent être vaccinés

Les enfants doivent être vaccinés, et les parents sont chargés de s'assurer que leurs enfants reçoivent les immunisations appropriées, a déclaré le ministère.

Pour être sûr que cela se fasse, le ministère a mené des campagnes de vaccination dans des régions comme Zahlé et Shatila, et « met à disposition les vaccins gratuitement dans tous les centres de soins primaires et les cliniques du territoire libanais ».

Les 184 cas reconnus de rougeole au Liban au cours des trois premiers mois de l'année ont tous été diagnostiqués dans des hôpitaux ou des cliniques, a rapporté à Al-Mashareq la spécialiste en santé et nutrition de l'UNICEF Rouham Yamout.

Cela veut dire qu'il existe d'autres cas, car ce chiffre « ne représente pas le nombre total de cas, seulement les plus sérieux », a-t-elle ajouté.

Au 31 mars, a-t-elle poursuivi, la plupart des cas ont été enregistrés dans le camp de réfugiés de Shatila à Beyrouth, et dans le district d'al-Faour, dans la vallée de la Bekaa. Le district d'al-Jnah, à Beyrouth, a également connu une épidémie pendant la première semaine d'avril.

La plupart des cas de rougeole concernaient « des enfants libanais, dont dix pour cent sont âgés de moins d'un an », a-t-elle précisé, notant que la majeure partie n'avait pas été vaccinée auparavant.

« La rougeole est une maladie grave et mortelle, qui peut se propager très rapidement parmi les enfants les plus vulnérables et non vaccinés », a-t-elle déclaré, ajoutant que cette maladie peut entraîner des complications chez les enfants, en particulier chez les plus jeunes.

Campagnes de vaccination

C'est la raison pour laquelle le ministère, avec l'aide de l'UNICEF, de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de Médecins sans frontières (MSF), a mené des campagnes de vaccination dans le camp de Shatila et le district d'al-Faour, qui ont concerné vingt-cinq mille enfants.

Ces campagnes ont visé les enfants quelle que soit leur nationalité, a indiqué Yamout.

En coopération avec l'UNICEF et l'OMS, le ministère développe et met en œuvre un plan en trois programmes pour répondre à l'épidémie.

L'un de ces programmes vaccinera tous les enfants de moins de quinze ans qui ont quitté le programme de vaccination traditionnel, se concentrant sur ceux qui vivent dans des zones où l'on a constaté une flambée de la maladie, a expliqué Yamout.

Les enfants de moins de cinq ans n'ayant pas reçu de vaccin contre la polio seront eux aussi immunisés dans le cadre de ce programme, pour renforcer l'immunité collective contre cette maladie et éliminer le risque de la voir revenir au Liban, a-t-elle indiqué.

Un deuxième programme prévoit des rappels de vaccin dans les zones déjà couvertes par le programme intensif de vaccination.

Un troisième programme, enfin, offre un soutien continu pour la vaccination des enfants venant de Syrie, et pour les enfants arrivant dans des centres de réception du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

Le financement pour ces campagnes a été « intégré dans le budget annuel de l'UNICEF, et une grande partie a été assurée par plusieurs pays et organisations donateurs comme l'UE », a ajouté Yamout.

Les trois docteurs de la clinique Mazraat Yachouh-Metn « vaccinent entre trente et quarante enfants par jour, trois jours par semaine, sous la direction du ministère de la Santé », a rapporté l'infirmière en chef Claudine Yaqoub à Al-Mashareq.

La vaccination est la seule méthode efficace pour prévenir l'apparition de la rougeole, a-t-elle souligné.

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