Sécurité

L'ingérence iranienne au Yémen est « un maillon » de la chaîne d'intervention régionale

Waleed Abou al-Khair au Caire

Les forces yéménites et des troupes des Émirats arabes unis ont mené une patrouille conjointe dans la zone de combat contre les Houthis au Yémen. [Photo fournie par les Forces armées des Émirats arabes unis]

Les forces yéménites et des troupes des Émirats arabes unis ont mené une patrouille conjointe dans la zone de combat contre les Houthis au Yémen. [Photo fournie par les Forces armées des Émirats arabes unis]

L'ingérence iranienne dans les affaires yéménites n'est qu'un maillon d'une chaîne d'intervention régionale qui sape la stabilité et resserre l'emprise du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI), ont déclaré des politologues.

Au Yémen et dans d'autres pays, l'Iran cherche à consolider et à renforcer ses milices affiliées, comme les Houthis (Ansarallah) et le Hezbollah libanais.

Le gouvernement yéménite et la coalition arabe ont émis « de nombreuses réserves » quant à l'intervention de l'Iran au Yémen et au soutien militaire et logistique qu'il apporte aux Houthis, a indiqué l'analyste des médias yéménite Moutahar Mohammed al-Raydah.

Liens de longue date avec l'Iran

Le soutien iranien aux Houthis n'est pas un secret, a-t-il déclaré, dans la mesure où des officiers du CGRI ont été arrêtés au Yémen alors qu'ils menaient des missions secrètes pour l'Iran, et où des armes destinées aux Houthis ont été saisies dans la mer Rouge.

Les forces yéménites se rassemblent dans la région de Hays dans la province d'al-Hodeida après qu'elle ait été libérée des Houthis. [Photo fournie par les Forces armées des Émirats arabes unis]

Les forces yéménites se rassemblent dans la région de Hays dans la province d'al-Hodeida après qu'elle ait été libérée des Houthis. [Photo fournie par les Forces armées des Émirats arabes unis]

« Cela a été rendu public dans les médias, ainsi que par des organisations internationales qui en ont été témoins », a-t-il rapporté.

Le soutien iranien aux Houthis n'est pas nouveau, a-t-il ajouté, soulignant que les cadres militaires et politiques de la milice mènent des « missions d'étude en Iran » pour bénéficier d'un entraînement du CGRI depuis 2004.

Après que les Houthis se sont emparés de Sanaa lors du coup d'État de septembre 2014, « la présence iranienne au Yémen est devenue officielle », a déclaré al-Raydah.

Des vols quotidiens entre Téhéran et l'aéroport de Sanaa ont permis de faire entrer des armes et des experts iraniens au Yémen, et des commandants houthis ont été transportés vers Téhéran et au Liban pour recevoir une formation de la part du CGRI et du Hezbollah, a-t-il poursuivi.

« À ce jour, les experts iraniens continuent de diriger les combats sur le terrain, l'organisation logistique et l'entraînement », ainsi que les processus de prise de décisions politiques des Houthis, a-t-il déclaré, ajoutant qu'il a été démontré que les missiles tirés sur l'Arabie saoudite avaient été fabriqués en Iran.

Exportation de la révolution islamique

« Les pays arabes ont été contrariés par l'ingérence iranienne dans leurs affaires depuis le déclenchement de la révolution islamique en Iran », a expliqué le journaliste et politologue Tony Abi Najm à Al-Mashareq.

En essence, cela est dû au fait que la révolution islamique « est basée sur le principe d'exportation de la révolution vers des pays arabes pour les déstabiliser », a-t-il précisé.

« Ce qui se passe au Yémen depuis des années s'inscrit dans ce contexte, le CGRI et le Hezbollah aident les Houthis à monter un coup d'État général pour placer le Yémen dans l'orbite de l'Iran et lui faire intégrer la république islamique », a-t-il ajouté.

« Les Libanais ont été les premiers à en payer le prix quelques années après la création de la république islamique, car le Liban était un terrain fertile au lendemain de la guerre civile », a poursuivi Najm.

« Le CGRI a établi le Hezbollah au Liban, et travaille depuis pour déstabiliser l'État libanais afin d'en prendre le contrôle », a-t-il déclaré.

Le Hezbollah « est devenu une branche du CGRI dans la région et combat pour lui en Syrie et en Irak, mène des entraînements au Yémen, incite [au conflit] au Bahreïn et forme des cellules [de militants] dans plusieurs pays », a affirmé Najm.

Le CGRI s'est vanté de « contrôler désormais quatre capitales arabes », a-t-il déclaré, ajoutant que si « le projet iranien continue de prendre de l'ampleur, il [finira par] menacer la sécurité de tous les pays arabes ».

Soutien de la coalition arabe au Yémen

« La coalition arabe, en particulier les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite, apporte un soutien direct à l'armée yéménite légitime en améliorant ses capacités de combat », a déclaré à Al-Mashareq le colonel émirien Rashid Mohammed al-Marri.

Cela est destiné « à préparer l'armée à affronter les obstacles qui s'opposent à la restauration du gouvernement légitime et du calme au Yémen », a-t-il expliqué.

Ce soutien est nécessaire pour contrer l'expansion des Houthis et limiter la prolifération d'al-Qaïda, a-t-il ajouté.

« Le soutien des Émirats arabes unis ne se limite pas à l'aspect militaire, mais concerne également l'aide humanitaire, en nourriture et en fournitures médicales aux Yéménites, pour les aider à rester déterminés dans cette guerre », a déclaré al-Marri.

Contenir les Houthis « aura un impact positif sur toute la région », a-t-il affirmé.

Briser un maillon de la chaîne

« Les Houthis exécutent les ordres directs du CGRI, dans un plan complet qui englobe tout le Moyen-Orient », a rapporté al-Marri.

« Ainsi, l'élimination d'un maillon briserait toute la chaîne et remettrait la situation à plat », a-t-il poursuivi.

Le Yémen est d'une importance stratégique aux niveaux régional et international, a-t-il fait remarquer, en raison de son emplacement près d'un couloir commercial international « qui est indispensable et ne peut être laissé sous la menace de l'Iran ».

Le soutien des Émirats arabes unis aux forces yéménites « a contribué au rétablissement du calme, même dans une mesure relative, dans les provinces de Saadah, al-Hodeida et Shabwa », a-t-il rapporté.

Des opérations conjointes sont en cours à Saadah, prélude à l'éradication des Houthis à Sanaa et dans les provinces du nord, a-t-il indiqué, et contre al-Qaïda à Wadi Yashbum dans la province de Shabwa, et Wadi al-Masini dans la province de l'Hadramaout.

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