Terrorisme

Un jeu de guerre présentant le Hezbollah en Syrie provoque la fureur des critiques

Tamer Abou Zeid à Beyrouth

Un Libanais joue au jeu vidéo du Hezbollah « Défense sacrée », qui simule la guerre en Syrie, dans un quartier du sud de Beyrouth, le 27 février. Les critiques ont fermement condamné ce jeu. [Jospeh Eid/AFP]

Un Libanais joue au jeu vidéo du Hezbollah « Défense sacrée », qui simule la guerre en Syrie, dans un quartier du sud de Beyrouth, le 27 février. Les critiques ont fermement condamné ce jeu. [Jospeh Eid/AFP]

Un nouveau jeu vidéo développé par le Hezbollah libanais, qui simule la guerre en Syrie, a suscité la fureur des critiques, qui affirment qu'il incite les jeunes à la violence et endoctrine les enfants dans la culture du meurtre de cette milice soutenue par l'Iran.

Le service des médias électroniques du Hezbollah a présenté ce nouveau jeu de guerre lors d'une cérémonie et d'une conférence de presse organisées le 28 février à Beyrouth.

Ce jeu s'ouvre sur le protagoniste, un membre du Hezbollah baptisé « Ahmad », qui pénètre dans le mausolée de Sayyida Zaynab près de Damas, soumis à des bombardements. Ahmad y apparaît en uniforme militaire, dans une pièce ornée d'un portrait du leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, accroché au mur.

Il choisit une arme avant de rejoindre les combattants du Hezbollah au front, tirant sur ses ennemis avec son fusil. Les combats l'emmènent dans la région d'al-Qusayr en Syrie, proche de la frontière avec le Liban, puis dans la ville libanaise de Ras Baalbek.

Dans la vie réelle, le Hezbollah a déployé des combattants en Syrie en 2013, en soutien aux forces du régime syrien, une intervention largement condamnée car elle viole la politique de dissociation du conflit syrien du Liban et la Résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies.

Un jeu dangereux

Ce jeu dangereux vise à construire une société militarisée selon l'idéologie du Hezbollah, a indiqué à Al-Mashareq le journaliste et politologue Tony Abi Najm.

La milice cherche à présenter aux enfants les concepts militaires dès leur jeune âge, a-t-il expliqué, et à leur apprendre à combattre quand on leur demande de le faire, sans respect pour l'État libanais et sans considération de leur nationalité.

« Ce jeu vidéo s'inscrit dans une opération sociétale intégrale du Hezbollah, qui commence dans les écoles al-Mahdi », a-t-il expliqué, faisant référence aux écoles administrées par le Hezbollah dans le sud du Liban.

Le Hezbollah cherche à utiliser l'influence des jeux vidéos, la télévision et d'autres médias sociaux pour servir son idéologie et la Wilayat al-Faqih (Guidance du Juriste), a-t-il expliqué.

« Dans cette même veine, ce jeu vidéo s'inscrit dans la politique générale [du Hezbollah] visant à conditionner [un membre] idéologiquement de sa naissance jusqu'à sa mort », a-t-il ajouté.

Violation des résolutions

« La diffusion par le Hezbollah d'un jeu vidéo décrivant ses batailles militaires à la frontière libano-syrienne et en territoire syrien constitue une violation flagrante des résolutions internationales », a expliqué le rédacteur en chef de Radio Free Lebanon, Antoine Mourad.

La Résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies demande en effet au gouvernement libanais « d'étendre son autorité sur tout son territoire », afin qu'il n'existe d'autre autorité que celle du gouvernement libanais, a-t-il expliqué à Al-Mashareq.

Les actions du Hezbollah se font en violation de cette résolution, a ajouté Mourad.

« La Résolution 1701 apporte son soutien à l'Accord de Taïf concernant la souveraineté pleine et entière de l'État libanais sur son territoire et la nécessité d'éliminer toute autorité et les armes [clandestines] sur le territoire de l'État libanais », a-t-il précisé.

« Aujourd'hui, le Hezbollah exerce son autorité en parrallèle de celle de l'État libanais, et possède des armes en violation de la constitution, de l'Accord de Taïf et des lois en vigueur », a-t-il ajouté.

Cette résolution stipule également que le Liban doit « sécuriser ses frontières et les autres points d'entrée, pour empêcher l'entrée au Liban sans son autorisation d'armes ou de matériels liés », a -t-il indiqué, soulignant que le Hezbollah viole également cette disposition.

Voler l'innocence des enfants

Mourad a exprimé sa surprise de voir le Hezbollah faire étalage de son engagement en Syrie, soulignant que « la [politique] de dissociation du gouvernement libanais est une décision prise au nom du gouvernement libanais », et n'est pas uniquement une recommandation.

Lors de sa réunion du 5 décembre, le gouvernement libanais avait annoncé la reconduite de sa politique de dissociation.

« Le gouvernement libanais, dans l'ensemble de ses composantes politiques, a décidé de s'engager dans la dissociation de tout conflit, litige ou guerre... qui pourrait porter atteinte aux relations économiques et politiques que le Liban entretient avec les pays arabes », avait déclaré à l'époque le Premier ministre Saad al-Hariri.

Selon Mourad, « le Hezbollah viole le principe de la dissociation en faisant la promotion de son engagement en Syrie sous divers prétextes, et en promouvant ses armes et ses guerres en-dehors du territoire libanais ».

Avec ce jeu vidéo qui incite à la violence et élève les enfants dans la culture du meurtre, le Hezbollah va à l'encontre de la tendance générale à la détente en Syrie et de la recherche des moyens pacifiques de mettre un terme à ce conflit, a poursuivi Mourad.

Ce jeu est dangereux non seulement de par son approche, mais aussi dans son principe, a-t-il souligné, car le Hezbollah fait de son combat en Syrie « un jeu qu'il place entre les mains des enfants ».

« Ce jeu instillera la haine chez les enfants dès leur plus jeune âge, les habituera à la vue du sang, et les dépouillera de leur innocence », a-t-il conclu.

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3 COMMENTAIRE (S)

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C'est un jeu. Vous prenez le chemin de la résistance. J'adore Son Eminence al-Sayyid Hassan Nasrallah et la jeunesse du Hezbollah. J'espère être l'un des jeunes du Hezbollah. J'envoie mes salutations au chef du Hezbollah, Son Eminence al-Sayyid Hassan Nasrallah, que Dieu le préserve!

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Les jeux sont amusants.

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C'est un beau jeu.

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