Sécurité

Le Liban renforce ses mesures de sécurité aux frontières

Par Nohad Topalian à Beyrouth

Des véhicules de l'armée libanaise le long d'une route proche de la frontière orientale du pays avec la Syrie. [Photo fournie par la Direction pour la guidance de l'armée libanaise]

Des véhicules de l'armée libanaise le long d'une route proche de la frontière orientale du pays avec la Syrie. [Photo fournie par la Direction pour la guidance de l'armée libanaise]

L'armée libanaise a renforcé ses mesures de sécurité le long de la frontière pour prévenir toute infiltration d'extrémistes qui tenteraient de fuir les zones de conflit en Syrie, ont indiqué des sources proches de la sécurité.

Ce besoin d'une sécurité renforcée est illustré par une récente opération lancée à Tripoli, au cours de laquelle les forces libanaises ont abattu un membre de « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) revenu en secret dans le pays.

Dans la nuit du 4 février, des unités de l'armée ont, sur la base de renseignements, lancé une opération contre une maison située dans le district de Bab al-Tabbaneh.

Les forces de sécurité ont affronté un élément de l'EIIS, du nom de Hajer al-Abdoullah, également connu sous le pseudonyme de Hajer al-Dandashi, lors d'échanges de coups de feu qui ont conduit à sa mort, à l'arrestation de son frère Bilal, et à la saisie d'armes, de matériel militaire et d'argent liquide.

Des unités de l'armée libanaise se déploient le long de la frontière terrestre avec la Syrie, dans les régions de Ras Baalbek, d'al-Qaa et d'Arsal. [Photo fournie par la Direction pour la guidance de l'armée libanaise]

Des unités de l'armée libanaise se déploient le long de la frontière terrestre avec la Syrie, dans les régions de Ras Baalbek, d'al-Qaa et d'Arsal. [Photo fournie par la Direction pour la guidance de l'armée libanaise]

Un soldat libanais a été tué lors de cette opération.

Al-Dandashi était rentré au Liban quinze jours plus tôt et demeurait dans le quartier de Bab al-Tabbaneh à Tripoli, a précisé le quotidien Al-Joumhouria dans son édition du 6 février.

Né à Akkar, al-Dandashi, 19 ans, avait prêté allégeance à l'EIIS en Irak et acquis une formation au combat dans les rangs du groupe ces dernières années.

Déploiement des forces terrestres à la frontière

Les forces terrestres « sont déployées à la frontière orientale du Liban, et sur une large portion de la frontière nord, de manière à empêcher toute infiltration par des éléments terroristes fuyant la Syrie », a expliqué le général de brigade Khalil al-Helou, stratège en matière de sécurité

« En dépit de réelles préoccupations concernant une infiltration par des terroristes, la situation sécuritaire à la frontière est sous contrôle depuis l'opération Fajr al-Jurud (Aube d'al-Jurud) », a-t-il tenu à préciser à Al-Mashareq.

L'opération Fajr al-Jurud, menée en août et septembre derniers par l'armée dans les zones désertiques de Ras Baalbek, al-Qaa et Arsal, avait permis l'expulsion de « tous les éléments terroristes » vers certaines régions de Syrie, a-t-il indiqué.

« Depuis, les forces terrestres de l'armée se sont très largement déployées à la frontière orientale du Liban avec la Syrie, jusqu'à notre frontière nord, y compris la zone de Wadi Khaled », a-t-il poursuivi.

« Les régiments de l'armée sont appuyés par d'autres unités qui aident à maintenir un contrôle serré de la frontière », a-t-il ajouté.

Coopération sécuritaire renforcée

L'armée a pris « toutes les mesures urgentes et efficaces sur les frontières est et nord du Liban avec la Syrie pour lutter contre le terrorisme », a indiqué le général de brigade George Nader, ancien commandant militaire du régiment aéroporté.

Le commandement militaire protège la frontière terrestre avec la Syrie par le biais de quatre régiments terrestres, de la 6e brigade, et des 2e et 6e régiments d'intervention, a-t-il précisé à Al-Mashareq.

« Ce sont au total 10 000 hommes qui sont déployés sur ces frontière pour prévenir toute nouvelle infiltration de terroristes au Liban, et toutes ces unités sont équipées de tous les types de matériel de surveillance diurne et nocturne », a ajouté Nader.

Outre cette vigilance armée, a-t-il indiqué, il existe une coordination et une coopération intégrées entre les diverses agences de sécurité, pour maintenir la sécurité et bloquer tout mouvement de terroristes.

« Il existe un très haut niveau de coopération entre les habitants et les agences de sécurité pour tout ce qui concerne les affaires de terrorisme », a-t-il poursuivi.

Contrôle des passages frontaliers

Deux mesures de sécurité essentielles ont été prises à la frontière terrestre avec la Syrie, a commenté pour Al-Mashareq le journaliste Michel Nasr, spécialiste des questions de sécurité.

« La première concerne le déploiement d'unités militaires sur toute la frontière terrestre, qui sont dotées d'un équipement spécial fourni par le Royaume-Uni et l'Allemagne, en plus d'un nouveau programme de l'armée américaine en soutien à l'armée », a-t-il précisé.

Les États-Unis fournissent un soutien logiciel aux forces libanaises déployées sur la frontière dans le cadre de ce programme de lutte contre le terrorisme, a-t-il poursuivi.

La seconde mesure implique un suivi diligent par la Direction des renseignements militaires, la Direction générale de la sûreté générale, la Branche des renseignements des forces de la sûreté intérieure, et la Direction de la sûreté d'État, a poursuivi Nasr.

Selon lui, la frontière orientale, qui s'étend d'al-Qaa jusqu'à Ras Baalbek et Arsal, est « totalement sécurisée contre toute infiltration par des terroristes ».

Tout comme l'est l'axe allant de Shabaa au Liban à Beit Jinn en Syrie, a-t-il ajouté, ainsi que l'axe occidental Bekaa/Rashaya, « par suite de la fermeture des routes d'infiltration clandestine dans les régions d'al-Suwayri, al-Mansoura et Majdal Anjar ».

« Il est difficile de totalement contrôler [le passage frontalier] al-Masnaa en raison de sa topographie et du climat qui y règne, et en raison de la présence de vallées et du brouillard, qui rendent possibles des opérations de contrebande ou des infiltrations », a-t-il précisé.

« Il existe des points faibles dans la région de Wadi Khaled, qui ont favorisé l'infiltration de Hajer al-Dandashi », a-t-il poursuivi.

Toutefois, a-t-il conclu, « les agences de sécurité connaissent maintenant parfaitement les routes clandestines utilisées par les terroristes pour entrer au Liban depuis Idlib et d'autres [régions de Syrie], ainsi que les noms des passeurs ».

Aimez-vous cet article?

0 COMMENTAIRE (S)

Politique Commentaire * INDIQUE CHAMP NÉCESSAIRE 1500 / 1500