Économie

Les fonds saoudiens arrivent alors que le riyal yéménite est au plus bas

Par Nabil Abdoullah al-Tamimi à Aden

Des clients d'une banque attendent pour retirer de la monnaie yéménite à la Banque centrale du Yémen à Sanaa le 25 août 2016. [Mohammed Huwais/AFP]

Des clients d'une banque attendent pour retirer de la monnaie yéménite à la Banque centrale du Yémen à Sanaa le 25 août 2016. [Mohammed Huwais/AFP]

L'Arabie saoudite a annoncé mercredi 17 janvier qu'elle transférerait deux milliards de dollars américains à la Banque centrale du Yémen, suite aux appels désespérés de sauvetage financier lancés par le gouvernement yéménite, a rapporté l'AFP.

Ce sauvetage a pour but de limiter la chute du riyal yéménite, qui a plongé pendant la longue guerre entre le gouvernement légitime du président Abdrabbo Mansour Hadi et les Houthis (Ansarallah).

« Pour répondre à la détérioration de la situation économique à laquelle est confronté le peuple yéménite suite aux actions des milices houthies appuyées par l'Iran, le roi Salmane ben Abdelaziz a ordonné le transfert de deux milliards de dollars à la Banque centrale du Yémen », a fait savoir le ministère de l'Intérieur saoudien.

Dans une lettre publiée sur internet, le Premier ministre yéménite, Ahmed ben Dagher, avait exhorté les soutiens du gouvernement à transférer des liquidités vers la banque centrale pour « sauver les Yéménites de la famine ».

Hadi a demandé l'aide du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane face « aux difficultés économiques auxquelles est confronté le Yémen » lors d'une conversation mardi, ont rapporté les médias yéménites.

La valeur du riyal est au plus bas

Des économistes ont prévenu Al-Mashareq que le déclin de la valeur du riyal à son niveau le plus bas face au dollar américain risquait d'exacerber la crise humanitaire que connaît le pays.

Le riyal yéménite s'échange actuellement à 503 contre le dollar américain, contre 215 avant le début de la guerre, ont-ils fait savoir.

Le Yémen importe plus de 90 % de ses besoins en nourriture, et la plupart des Yéménites ont besoin d'aide humanitaire à cause de la guerre en cours.

La chute du riyal est « un désastre majeur », a expliqué à Al-Mashareq le président du Centre d'études et des médias économiques, Moustafa Nasr.

« Elle se reflétera directement dans le prix des biens et des services », a-t-il affirmé, notant que, selon les agences de l'ONU, plus de 22 millions de Yéménites ont besoin d'aide, et sept autres millions sont au bord de la famine.

Nasr a décrit la baisse de valeur de la monnaie yéménite comme « tout aussi grave que le désastre de la guerre elle-même ».

« Cette chute de valeur aura un impact sur de vastes segments de la population, et elle risquera d'ajouter des millions d'autres personnes au nombre de celles qui sont déjà menacées par la famine », a-t-il mis en garde.

Les plus durement touchés par la baisse incluront les fonctionnaires, qui n'ont pas touché leur salaire depuis un an, et des milliers d'employés du secteur privé qui ont été renvoyés depuis le début de la guerre, a-t-il poursuivi.

Les Houthis attaquent des banques de Sanaa

Le prix des produits alimentaires de base a fortement augmenté, poussant de nombreux commerçants à arrêter la vente jusqu'à ce que les prix se stabilisent.

Les propriétaires de certains bureaux de change de Sanaa ont indiqué à Al-Mashareq qu'ils estimaient que les Houthis étaient responsables de l'augmentation des prix, déclarant qu'elle fait suite à de récents pillages.

La semaine dernière, les Houthis ont attaqué plusieurs banques locales, des bureaux de change et des entreprises de transfert monétaire, et ont confisqué de grandes quantités d'argent liquide dans plusieurs devises, a rapporté le journal Asharq al-Aswsat jeudi 11 janvier.

« Les bureaux de change ont fermé leurs portes depuis que les Houthis ont pris d'assaut Al-Kuraimi [Banque islamique de microfinance] à Sanaa la semaine dernière », a fait savoir Yahya Mohammed, gérant d'un bureau de change de Sanaa.

Mohammed a précisé à Al-Mashareq qu'il ne souhaitait pas mentionner le nom de son entreprise par peur de représailles.

« Ils ont pillé l'argent de cette [banque] et ont endommagé ses serveurs et ses ordinateurs », a-t-il rapporté. « Les bureaux de change encore ouverts ne font que des transferts d'argent. »

Dans le même temps, l'Association des agents de change yéménites a tenu les gangs houthis pour responsables de l'effondrement de la valeur du riyal face aux monnaies étrangères en raison de leurs attaques contre plusieurs bureaux de change, a rapporté l'agence de presse Khabar.

« Les hauts dirigeants des gangs houthis font chanter et menacent les agents de change », a fait savoir le membre d'une association samedi. « Lorsqu'un agent de change refuse d'obéir à leurs ordres, ils prennent d'assaut son bureau et volent son argent sans aucune justification juridique. »

Le Trésor américain a imposé le 20 novembre des sanctions à un réseau de particuliers et d'entreprises accusés de contrefaire de l'argent pour aider le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) iranien.

Le réseau en question visait à se soustraire aux restrictions européennes à l'exportation tout en achetant du matériel utilisé pour imprimer une fausse devise yéménite d'une valeur de millions de dollars américains.

Cela a profité à la branche des opérations extérieures du CGRI, qui a fait l'objet de sanctions américaines depuis 2007, a déclaré le Trésor américain.

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