Sécurité

Des familles déplacées reviennent dans une ville frontalière du Liban

Par Nohad Topalian à Beyrouth

Un convoi de 270 familles libanaises et syriennes se déplace sur une route de terre vers la ville de Tufail, à la frontière entre la Syrie et le Liban. [Photo fournie par Alaa Othman]

Un convoi de 270 familles libanaises et syriennes se déplace sur une route de terre vers la ville de Tufail, à la frontière entre la Syrie et le Liban. [Photo fournie par Alaa Othman]

Après près de quatre ans de déplacement, les habitants de la ville frontalière de Tufail, dans la vallée de la Bekaa, sont récemment revenus chez eux dans un grand convoi de camions et de voitures escorté par les forces libanaises.

Le 30 novembre, environ 270 familles sont revenues dans leur ville, qui accueille des familles libanaises et syriennes.

La plupart des habitants de Tufail, sur la chaîne montagneuse à l'est du Liban, dans une région enclavée en territoire syrien, ont été obligés de fuir lorsque la ville a été attaquée il y a quelques années.

Beaucoup d'entre eux ont vécu dans des camps de réfugiés à Arsal, Baalbek et Riyaq, a rapporté le journal libanais Naharnet.

Des habitants de Tufail se rassemblent le 30 novembre pour accueillir 200 familles libanaises et 60 familles syriennes qui avaient fui la ville il y a quatre ans et qui sont de retour dans la région. [Photo fournie par Alaa Othman]

Des habitants de Tufail se rassemblent le 30 novembre pour accueillir 200 familles libanaises et 60 familles syriennes qui avaient fui la ville il y a quatre ans et qui sont de retour dans la région. [Photo fournie par Alaa Othman]

Leur retour se fait après que l'armée libanaise a libéré la zone autour d'Arsal, Ras Baalbek et al-Qaa des mains de groupes armés en août, et alors que des réfugiés syriens commencent à revenir chez eux dans les zones sûres en Syrie.

« Nous sommes enfin de retour en sécurité dans notre ville », a déclaré Abou Musab Abdelrazzaq al-Sayyed, un Syrien rentré la semaine dernière avec sa femme et leurs cinq enfants.

« Cela fait plaisir d'être de retour, même si c'est dans une maison détruite », a-t-il expliqué à Al-Mashareq, alors qu'on le félicitait pour son retour. « Je ne l'échangerais pas contre un palais. »

« Quel merveilleux moment pour revenir sur mes terres et dans mes vergers pour m'en occuper à nouveau », a-t-il déclaré. « Je vais replanter des arbres fruitiers pour qu'ils puissent redevenir ma source principale de revenus. »

Un retour après un déplacement forcé

Le Dar al-Fatwa a facilité le retour à Tufail, et la Direction générale de la sûreté générale s'est occupée des papiers des personnes revenant au poste de contrôle d'Ham al-Dayaa, à environ quinze kilomètres de la ville, a rapporté la National News Agency.

Ces revenants ont emprunté des routes de montagne, roulant en terrain accidenté, accompagnées par des unités de l'armée libanaise, tandis qu'un bulldozer déblayait des talus de sable bloquant leur convoi.

Une réception a été organisée pour fêter le retour de ces personnes par les 13 familles libanaises et les 14 familles syriennes qui étaient restées sur place malgré les risques de sécurité liés aux batailles dans la ville proche d'al-Qalamoun, a indiqué l'agence.

Tufail est désormais « sécurisée et stable grâce à l'armée libanaise, qui a libéré ses environs des terroristes », a fait savoir l'imam de la ville, Cheikh Ahmed Agha.

La ville hébergeait 4 000 Syriens et Libanais, qui y vivaient comme « une seule famille », mais ils ont été contraints par la guerre de s'en aller, a-t-il rappelé à Al-Mashareq.

« Notre principal objectif est de vivre dans nos maisons et de gagner notre vie grâce à nos terres agricoles, que nous avons été obligés de négliger », a-t-il déclaré.

Faciliter le retour des réfugiés

« Notre joie de revenir dans notre ville après plus de trois ans et demi est indescriptible », a expliqué le maire de Tufail, Ali al-Shoum, à Al-Mashareq.

« Nous sommes revenus sur nos terres malgré le fait que la plupart de nos maisons ont été détruites », a-t-il poursuivi.

Tufail est entouré de villes syriennes au nord, à l'est et au sud. Côté libanais, elle est proche d'Ham, Maarboun et Britel à son ouest.

La seule route sans bitume qui mène à Tufail a été réhabilitée il y a environ un mois lors d'une action coordonnée entre le ministère de l'Intérieur et le ministère des Municipalités et des Travaux publics, a fait savoir al-Shoum.

Mais la recouvrir d'asphalte pourrait être difficile avant l'arrivée du printemps, a-t-il ajouté.

« La position de l'armée libanaise la plus proche se situe à environ deux kilomètres, dans la région de Qabeh al-Khatm », a expliqué al-Shoum, exprimant son espoir qu'une position militaire sera créée dans la ville.

Mahmoud Shukr, directeur du Centre de la Bekaa de documentation et d'information, a déclaré à Al-Mashareq que le retour des familles libanaises et syriennes à Tufail « donne l'impulsion pour le retour de réfugiés syriens dans leurs villages » le long de la frontière.

Les opérations militaires ont pris fin dans les villages le long de la chaîne de montagnes dans l'est du Liban et dans la région syrienne d'al-Qalamoun, jusqu'à Damas, a-t-il noté.

Depuis le début de l'année 2017, plusieurs milliers de réfugiés syriens sont rentrés en Syrie depuis le Liban, a fait savoir à Al-Mashareq Lisa Abou Khaled, assistante-responsable de l'information publique au HCR.

L'agence cherche des solutions pour garantir leur retour en sécurité, a-t-elle déclaré, notant que d'autres personnes se réinstallent dans un troisième pays, comme en témoigne le départ de 22 réfugiés syriens du Liban vers la France le 23 novembre.

« Certaines reviennent de leur plein gré en Syrie, et des organisations internationales œuvrent pour leur assurer un retour sûr et digne », a-t-elle rapporté.

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