Terrorisme

Les habitants d'Aden condamnent les attaques et les pratiques de l'EIIS

Par Abou Bakr al-Yamani à Sanaa

Des pompiers yéménites éteignent les flammes d'une explosion le 14 novembre près d'un poste de sécurité et revendiquée par « l'Etat islamique en Irak et en Syrie » dans la ville portuaire d'Aden, dans le sud du pays. [Nabil Hassan/AFP]

Des pompiers yéménites éteignent les flammes d'une explosion le 14 novembre près d'un poste de sécurité et revendiquée par « l'Etat islamique en Irak et en Syrie » dans la ville portuaire d'Aden, dans le sud du pays. [Nabil Hassan/AFP]

Les habitants de la capitale temporaire du Yémen, Aden, racontent vivre un cauchemar après que « l'Etat islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) a mené une série d'attaques brutales ayant coûté la vie de nombreuses personnes.

« Les gens associent l'EIIS à la mort, la destruction et aux cadavres éparpillés », a déclaré à Al-Mashareq Alia Mohammed, habitante d'Aden.

Le frère de Mohammed a été tué dans un attentat suicide de l'EIIS contre de nouvelles recrues de la police devant al maison du major général Abdoullah al-Subaihi, dans le quartier de Khormaksar à Aden le 23 mai 2016.

« Le chagrin de ma mère après la perte de son fils a mené à sa propre mort sept mois plus tard », a rapporté Mohammed.

L'EIIS est devenu un « cauchemar éveillé » pour les habitants à cause de leurs opérations terroristes et suicidaires, a-t-elle indiqué.

L'EIIS a revendiqué un attentat à la voiture piégée qui a fait dix morts selon des sources de sécurité yéménites, dont des civils, à un poste de sécurité d'Aden le 14 novembre.

« Huit membres des forces de sécurité et deux civils ont trouvé la mort dans l'explosion d'une voiture piégée dans le district central d'Abdoul Aziz », a rapporté le chef de la sécurité d'Aden, le général de brigade Shalal Shaya.

Le 6 novembre, les forces yéménites ont mis fin à une prise d'otages où 29 policiers et six civils sont décédés.

Un attentat revendiqué par l'EIIS avait commencé la veille lorsque deux kamikazes se sont fait exploser aux entrées de l'unité d'enquête criminelle à Khormaksar, et du quartier général de la sécurité de la ville.

Ils ont mis le feu à l'unité d'enquête et ont pris des otages après avoir exécuté deux policières, a rapporté l'AFP.

« Scènes de carnage, de meurtre et de destruction »

L'assassinat de policières par des éléments de l'EIIS lors de cette attaque « nous a horrifiées, nous qui sommes employées du gouvernement à Aden », a fait savoir Najwa Salem, fonctionnaire.

Elle a appelé la communauté internationale à aider le Yémen à éradiquer l'EIIS « car ce groupe est une menace pour tous ».

Salem a ajouté qu'elle associe l'EIIS à des « scènes de carnage, de meurtre et de destruction ».

« Ce qui est tragique, c'est qu'ils disent faire tout cela au nom de l'islam, qui n'a rien à voir avec eux. »

« L'EIIS est l'une des raisons de la destruction au Yémen et c'est à cause de lui que le pays vit dans des ténèbres effrayantes », a affirmé Qassim al-Mahbashi, vice-doyen du collège des sciences humaines de l'université d'Aden.

« Je rejette le terrorisme sous toutes ses formes et l'EIIS est coupable du pire », a-t-il déclaré à Al-Mashareq.

L'EIIS exploite le conflit au Yémen pour semer le chaos dans le pays et laver le cerveau des jeunes pour qu'ils accomplissent ses objectifs destructeurs, a-t-il indiqué.

Les ecclésiastiques encouragent la pensée modérée

Cheikh Mohammed al-Wali, directeur général du Bureau des dotations et de l'orientation religieuses à Aden, a expliqué à Al-Mashareq que les ecclésiastiques et les murshids (conseillers religieux) risquent leurs vies pour lutter contre la pensée extrémiste.

Cheikh Yassin al-Adani, l'imam de la mosquée Zayed, dans le quartier d'Abdel Aziz à Aden, a été assassiné le 10 octobre par des hommes armés avec un engin explosif « parce qu'il dirigeait une campagne de sensibilisation [contre les extrémistes] dans les prisons », a rapporté al-Wali.

« Notre travail est d'affronter le terrorisme et ceux qui embrassent l'idéologie extrémiste », a-t-il ajouté.

« Nous condamnons non seulement par des mots, mais aussi par nos actes, en nous rendant dans les mosquées et les prisons pour sensibiliser aux dangers du terrorisme chez ceux qui ont été radicalisés et capturés par les forces de sécurité », a poursuivi al-Wali.

Des campagnes fréquentes sont mises en œuvre par des prêcheurs et des conseillers religieux du Bureau des dotations et de l'orientation, a-t-il précisé.

« Nous disposons de 30 conseillers qui sensibilisent sur les dangers du terrorisme », a-t-il fait savoir, notant qu'ils ont mis en place une campagne antiterrorisme qui accomplit en moyenne trois sessions hebdomadaires par mosquée

« Notre priorité est de combattre le terrorisme et l'extrémisme et d'éclairer la société sur ses dangers envers les individus et la société, en menant des visites de terrain dans des mosquées d'Aden », a-t-il expliqué.

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