Médias

L'Iran fait ses débuts dans l'audiovisuel syrien

Par Waleed Abou al-Khair au Caire

Une délégation iranienne conduite par le président de la Société de radiodiffusion de la République islamique d'Iran Abdoulali Ali Asgari signe un accord de coopération médiatique avec ses homologues syriens lors d'une visite en octobre à Damas. [Photo publiée sur les réseaux sociaux]

Une délégation iranienne conduite par le président de la Société de radiodiffusion de la République islamique d'Iran Abdoulali Ali Asgari signe un accord de coopération médiatique avec ses homologues syriens lors d'une visite en octobre à Damas. [Photo publiée sur les réseaux sociaux]

La récente incursion iranienne dans le secteur de la production télévisée en Syrie pourrait avoir à long terme des conséquences catastrophiques, a mis en garde un spécialiste des médias s'adressant à Al-Mashareq.

En élargissant son influence dans les médias audiovisuels, l'Iran sera en mesure de donner sa vision des faits sur les questions politiques et religieuses, étendant son emprise sur de larges segments de la population syrienne, a-t-il averti.

Le mois dernier, une délégation iranienne conduite par le président de la société de télédiffusion de la République islamique d'Iran (IRIB), Abdoulali Ali Asgari, s'est rendue à Damas.

Lors d'une rencontre avec le ministre syrien de l'Information Mohammad Ramez Tourjman le 13 octobre, les deux parties ont parlé de la nécessité de renforcer leur coopération dans le secteur des médias, ont fait savoir les médias d'État syriens.

Un accent particulier a été mis sur la fourniture par l'Iran d'un soutien technique et à la production dramatique pour la télévision, ont poursuivi les médias d'État.

Quelques jours plus tard, le 15 octobre, les deux parties ont discuté de la mise en place de mécanismes de coopération dans les médias.

Parmi ceux-ci, « des cours de formation pour les cadres, des visites mutuelles régulières et la production de matériels médiatiques conjoints destinés à promouvoir la culture commune entre les deux pays », ont indiqué les médias officiels.

Dans un communiqué de presse publié à l'issue de cette réunion, Tourjman a affirmé l'importance d'élargir les relations dans les médias entre la Syrie et l'Iran et de « consolider les relations culturelles pour contribuer à fortifier les futures générations dans la région ».

Pour sa part, le Premier ministre syrien Imad Khamis a discuté des moyens de « développer des relations bilatérales pour être en phase avec le niveau des liens politiques et économiques stratégiques qui lient les deux pays », selon les médias d'État.

« Nous sommes prêts à coopérer dans les domaines techniques, technologiques, de la formation, et des domaines des technologies de l'internet et de l'information, entre autres, pour le bénéfice de nos deux pays », a déclaré Asgari à l'issue de cette réunion.

Il a souligné les « résultats très fructueux de ces rencontres » et indiqué qu'il y avait eu une « coopération constructive avec les institutions des médias syriens ».

Autre chose qu'une simple affaire de divertissement

« Certains pourraient voir cela comme une affaire courante ou de simple divertissement, alors qu'en réalité la situation est très sérieuse et demande un examen approfondi », a expliqué Mazen Zaki, directeur du nouveau département média du Centre d'études et de recherches sur le terrain Ibn al-Waleed.

Cette incursion ciblée de l'Iran dans le secteur de la production télévisuelle implique la propagation des vues de son Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI), qui contrôle toutes les institutions iraniennes, a-t-il expliqué à Al-Mashareq.

Cela reviendra à du lavage de cerveau, a-t-il dit, et visera à éduquer toute une génération dans la loyauté envers le CGRI en imposant sa propre manière de voir les choses au peuple syrien.

« Le CGRI a fait une incursion similaire au Liban après l'émergence du Hezbollah », a-t-il ajouté, en utilisant les médias du parti pour imposer sa propre version de l'histoire et promouvoir ses institutions politiques, économiques et militaires.

La chaîne de télévision satellitaire du Hezbollah, Al-Manar TV, qui diffuse depuis Beyrouth, a été lancée en 1991 avec l'aide de financements iraniens.

Les États-Unis l'ont désigné comme « une entité terroriste mondiale spécifiquement désignée » en 2004.

Aux côtés des autres médias radio et de la presse écrite du Hezbollah, Al-Manar TV a favorisé la croissance de toute une génération fidèle au CGRI et au Hezbollah, représentant du CGRI au Liban et dans la région, a poursuivi Zaki.

« Le CGRI sait très bien que la campagne militaire en Syrie se terminera tôt ou tard, et qu'il a donc besoin d'outils non militaires pour resserrer son emprise sur la société syrienne », a-t-il ajouté.

Le parrainage de programmes télévisés syriens de fiction sera un outil efficace à cette fin, a ajouté Zaki, parce que les Syriens adorent cela.

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