Éducation

Selon l'UNICEF, l'éducation de 4,5 millions d'enfants yéménites est en danger

Par Abou Bakr al-Yamani à Sanaa

Des élèves yéménites assistent à une classe au premier jour de la nouvelle année scolaire à Sanaa, le 15 octobre. Près de 75 % des enseignants yéménites n'ont pas touché leur salaire depuis un an, selon l'UNICEF. [Mohammed Huwais/AFP]

Des élèves yéménites assistent à une classe au premier jour de la nouvelle année scolaire à Sanaa, le 15 octobre. Près de 75 % des enseignants yéménites n'ont pas touché leur salaire depuis un an, selon l'UNICEF. [Mohammed Huwais/AFP]

Des millions d'enfants yéménites seront peut-être dans l'impossibilité de fréquenter l'école cette année, alors que les violences font rage et que la crise concernant les salaires des enseignants reste sans solution, selon le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF).

« Plus de deux ans et demi de conflit sans cesse renouvelé au Yémen ont une fois encore placé l'éducation de 4,5 millions d'enfants sur la corde raide, s'ajoutant à la longue liste de conditions difficiles que les enfants ont endurées », a déclaré mercredi 18 octobre Geert Cappelaere, directeur régional de l'UNICEF pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.

On estime à deux millions le nombre d'enfants yéménites déscolarisés, à 1 600 le nombre d'écoles en partie ou totalement détruites, et à 170 le nombre d'écoles utilisées à des fins militaires ou comme abris pour des familles déplacées, a-t-il précisé.

Plus de 166 000 enseignants n'ont pas touché leur salaire depuis presque un an, soit près de 75 % des enseignants du Yémen, a-t-il précisé, ajoutant que les violences avaient contraint une école sur dix dans le pays à fermer.

« Le début de l'année scolaire, qui a d'habitude lieu en septembre, a été reporté plusieurs fois, et les manuels scolaires et autres fournitures font cruellement défaut », a expliqué Cappelaere.

Les écoles de Sanaa, la capitale, et des provinces du nord contrôlées par les Houthis (Ansarallah) ont été contraintes de reporter le début de l'année scolaire de deux semaines, après que les Houthis n'ont pas versé leurs salaires aux enseignants.

Dans les régions du Yémen tenues par le gouvernement, la plupart des écoles ont toutefois ouvert à la date prévue, le 1er octobre.

Les enseignants ne peuvent pas payer leur transport

Aesh Abou Luhum, secrétaire général de la branche de Sanaa du Syndicat des professions de l'éducation, a expliqué que son syndicat « a en partie suspendu son mouvement de grève jusqu'à fin octobre pour donner aux autorités de Sanaa une chance de payer les salaires ».

Mais si ceux-ci ne sont pas versés, le syndicat renouvellera son appel à la grève, ce qui pourrait entraîner à nouveau des fermetures d'écoles, a-t-il expliqué à Al-Mashareq.

« À Sanaa, l'année scolaire a commencé le 15 octobre, mais la première semaine le taux de fréquentation des écoles n'était que de 40 % », a expliqué Mohammed al-Fadhli, directeur général du bureau de l'éducation du district administratif de Sanaa.

Les professeurs ne peuvent nourrir leur famille ni acheter leurs billets pour les transports publics pour se rendre dans leurs établissements, a-t-il expliqué à Al-Mashareq.

« Ils en ont assez des promesses, et le non-paiement de leur salaire pourrait une nouvelle fois entraîner la fermeture des écoles », a-t-il ajouté.

Abdoullah Mohammed, directeur adjoint d'une école secondaire de Sanaa, a expliqué à Al-Mashareq que les enseignants ne venaient à l'école que pour se tenir informés de la crise des salaires.

« Les élèves qui viennent assister aux cours ne reçoivent aucune nouvelle leçon, car les enseignants se contentent de reprendre les programmes de l'an dernier », a-t-il ajouté, précisant qu'ils attendent que leurs salaires soient payés pour recommencer à enseigner.

« La crise des salaires a poussé les enseignants à prendre des mesures extrêmes juste pour survivre », a déclaré l'UNICEF mercredi.

Hassan Ghaleb, professeur depuis 20 ans et unique pourvoyeur d'un salaire pour sa famille de quatre personnes, a été expulsé de sa maison avec ses enfants.

Il a dû vendre ce qu'il lui restait de meubles pour pouvoir manger et faire soigner sa sœur malade.

« Comment puis-je me rendre à l'école si je n'ai pas de quoi payer le transport ? Comment puis-je enseigner si je suis moi-même dans le besoin », s'est-il interrogé ?

« Plus de 166 000 enseignants dans tout le Yémen se posent la même question tous les jours », a conclu le rapport.

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1 COMMENTAIRE (S)

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Il est temps que les jeunes diplômés se rendent dans les écoles.

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